L’initiative AVS des syndicats est séduisante au premier regard, mais c’est en vérité une grande arnaque : l’argent nécessaire pour la financer n’est pas disponible. Pour y parvenir, c’est la population qui devrait payer, en particulier les travailleurs et les jeunes familles.
Qui peut s’opposer à une augmentation de salaire de quelque 8.3%, en dehors de ceux qui doivent la payer ? L’Union Syndicale Suisse suit désormais ce schéma des modèles étrangers dans sa demande populaire pour une 13e rente mensuelle AVS, à la différence près qu’il n’y a ici aucune marge de négociation. On promet de l’argent sans en avoir.
En effet, les initiants ne disent pas un mot sur la manière dont les 5 milliards de francs annuels, nécessaires à sa réalisation, seront financés. Cette somme correspond assez exactement à ce que nous dépensons pour notre sécurité nationale et plus que pour la formation. Si l’on dépense, comme dans certains pays de l’UE, des moyens que l’on n’a pas, c’est finalement le peuple qui paie. Le revenu et la fortune de ce dernier sont détruits par des taux d’inflation élevés.
Voulons-nous de telles conditions en Suisse aussi ? Même si cette 13e rente sonne bien, même si la promesse est alléchante, même si l’on accepterait volontiers ce « cadeau » en tant que retraité, son financement n’est absolument pas assuré. Nous venons d’assainir l’AVS à court terme avec deux projets, la réforme AVS 21 couplé à la réforme fiscale et le financement de l’AVS (RFFA). Il n’est donc pas question de creuser maintenant un nouveau trou financier.
Non au principe de l’arrosoir
En cas d’acceptation de la 13e rente AVS, les personnes qui en profiteraient le plus seraient celles qui touchent déjà la rente maximale et qui sont souvent très aisées, selon le principe de l’arrosoir. En revanche, une rente AVS très basse ne suffit souvent pas à assurer les besoins vitaux, ce même si une 13e venait s’y ajouter. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons le système éprouvé des prestations complémentaires.
Le ministre allemand de l’économie Ludwig Erhard, qui connut jadis un grand succès, avait raison lorsqu’il déclarait : « Toute prestation de l’État repose sur un renoncement du peuple ». Le peuple suisse, les travailleurs et les jeunes familles devraient être délestés de 5 milliards de francs par an pour financer une génération de retraités aisés. Est-ce là la nouvelle solidarité intergénérationnelle ? Même si, personnellement, j’en tirerais profit, je vous le dis : Non merci !