Quand il se trouve à l’étranger, le voyageur suisse a parfois le sentiment que ses interlocuteurs indigènes croient vraiment que, dans notre pays, l’argent pousse sur les arbres et qu’il suffit de planter une sorte d’argentier dans son jardin pour devenir riche. Nous, qui vivons en Suisse, savons que si notre pays compte parmi les plus riches du monde, ce n’est pas toujours le cas des gens qui y vivent.
Le 3 mars prochain, les syndicats proposent aux Suisses de déshabiller Pierre pour habiller Paul. A l’image des préjugés que le voyageur suisse entend parfois à l’étranger, les syndicats semblent penser que des argentiers poussent dans les prairies de nos magnifiques vallées et dans les forêts de nos belles montagnes.
La 13e rente AVS dont il est question coûtera 5 milliards de francs. La question n’est pas de savoir si, comme le propose l’initiative, nous souhaitons augmenter le pouvoir d’achat des retraités, mais plutôt de trouver comment faire pour y arriver.
Supposons que les syndicats aient précisés dans le texte d’initiative que ce financement doit se faire uniquement par la réaffections de ressources actuelles de la Confédération (on baisse certains postes pour augmenter celui de l’AVS), l’UDC aurait probablement pu entrer en matière. A nos yeux, des dépenses liées à la garantie de nos souverainetés alimentaires, énergétiques ou militaires ne doivent pas être sacrifiées, des postes tels que le versement du milliard de cohésion à l’UE ou celui généré par l’immigration et l’asile peuvent être diminués afin de réaffecter les montants à l’AVS. Or, les syndicats n’ont évidemment pas prévu un tel mécanisme de réaffectation des ressources.
Il faudra baisser les salaires nets pour payer la 13e rente AVS
Le seul moyen de financer la 13e rente sera donc de rehausser la taxe la plus antisociale de Suisse : la TVA. Ou de prélever encore plus de charges sociales sur les salaires, donc de diminuer le salaire net perçu par les salariés à la fin de chaque. Dans les deux cas, on déshabille Pierre, l’employé, pour habiller Paul, le retraité. Or, Pierre peut-être à la fois l’actif aisé, propriétaire de son bien immobilier, qui gagne plus de 160’000 francs par an, mais il peut aussi être Pierre, employé au revenu modeste, parent divorcé et locataire d’un petit deux pièces et demie qui passe ses vacances uniquement dans les places de jeux et les piscines publiques de sa région avec son enfant.
Et Paul peut-être un retraité à la situation compliquée qui doit combiner chaque mois entre sa rente, ses prestations complémentaires, les actions dans les magasins et les bonnes affaires quand il y en a. Mais Paul peut aussi être un retraité qui passe 6 mois par année dans sa maison de la Côte d’Azur et les vacances de Noël dans son chalet à Crans-Montana ou Zermatt, dans lequel il se rend au volant de sa Porsche Cayenne.
Faut-il déshabiller Pierre, le parent divorcé dans son deux pièces et demi, de plus de 500 francs par an pour habiller Paul, le vacancier à la Porsche Cayenne, d’une 13e rente AVS ? Définitivement, le 3 mars, ne déshabillons pas Pierre pour habiller Paul et votons NON à la 13e rente AVS.
