Vendeurs de rêves ou génies révélés sur le tard ?
Le 9 juin, le peuple se prononcera sur deux initiatives en matière de santé. La première est l’initiative dite des Primes déposé par le parti socialiste.
La seconde l’initiative dite des Coûts déposé par le PDC. S’il y a bien un sujet qui préoccupe à juste titre les Suisses, c’est la fuite en avant constante des primes d’assurances maladies et l’incapacité du monde politique à apporter des solutions pratiques propre à assurer un fonctionnement à la fois qualitatif et quantitatif à notre système de santé. Alors, les initiants sont-ils des vendeurs de rêves ou des génies révélés sur le tard ?
L’initiative des primes propose un report de charge sur la confédération (2/3) et sur les cantons (1/3) de la partie dépassant le 10 % du revenu disponible des assurés. Elle ne règle donc aucun dysfonctionnement inhérent au système de santé. D’après le Conseil fédéral et le conseil national, ce sont environ 12 milliards qui manqueront pour le financement de sa mise en œuvre. La piste d’un financement par la TVA aboutirait à un taux de 10 % à 12 % affectant la totalité de la population dans ses achats quotidiens. Le fédéralisme serait également mis à mal puisque les cantons devraient tous passer à la caisse sans avoir leur mot à dire.
Les coûts de la santé ne seraent pas maitrisés et auraient tendances à croitre de plus en plus vite, l’incitatif à consommer des prestations serait plus important puisque les coûts générés se retrouveraient dans la baguette de pain et autres biens de consommations essentiels mais ne seraient plus perçus comme provenant de prestations médicales. On se trouve donc devant une initiative de type « bonneteau » qui ne pourra aboutir qu’à l’appauvrissement des ménages sur le long terme.
L’initiative sur les coûts vise à diminuer les coûts en liant le système de santé à la conjoncture économique et à l’évolution des salaires. Le frein aux coûts agira finalement comme un frein au traitement. Le message du conseil fédéral est très clair et met en garde contre un inévitable rationnement des soins médicaux imposé par l’Etat lorsque les coûts doivent être plafonnés.
Ce seront des bureaucrates qui décideront des traitements plutôt que des médecins et leurs patients. C’est à la fois absurde et inacceptable un traitement sur trois remboursé par l’assurance de base ne le serait plus aujourd’hui si l’initiative avait été mis en œuvre dès l’an 2000. Méfions-nous donc des vendeurs de rêves qui se prennent pour des génies, rejetons leurs initiatives qui empirent une situation déjà mortifère.
La seule manière de procéder loin des vendeurs de rêves est d’exiger une transparence immédiate et totale des caisses maladies, d’obtenir les chiffres colossaux des rétrocessions des prestataires de la santé et d’en vérifier la bonne attribution aux primes. De s’assurer que les contrôles déficients aujourd’hui soient effectifs et accessibles aux parlementaires. De revoir le catalogue de prestations en s’assurant que les prestations remboursées le soient pour des raisons médicales et dans l’intérêt exclusif des patients.