Loi sur l’électricité : plus les éoliennes avanceront, plus l’horizon reculera

La loi sur l’électricité sur laquelle nous votons le 9 juin permet au Conseil fédéral de raccourcir les procédures et de limiter les droits populaires locaux aussi longtemps que les objectifs d’approvisionnement ne seront pas atteints. Or, ils ne seront jamais atteints !

Jean-Luc Addor
Jean-Luc Addor
conseiller national Savièse (VS)

Parmi les mythes de la Grèce antique, le sort réservé à Sisyphe est particulièrement cruel. Il consiste à pousser un rocher en direction du sommet au prix d’un effort considérable et alors que le sommet approche, le rochet chute et Sisyphe se voit contraint de recommencer, indéfiniment. La mésaventure du grec Sisyphe avec son rocher pourrait bien devenir celle des Suisses avec les éoliennes.

Pour garantir l’approvisionnement en électricité de la Suisse, la loi sur l’électricité s’appuie sur des énergies intermittentes (solaires et éoliennes), c’est-à-dire des énergies dont la production dépend de conditions métrologiques imprévisibles. Les panneaux solaires ne fonctionnent qu’en cas d’ensoleillement, les éoliennes qu’en cas de vent suffisant, ce qui représente un risque stratégique considérable. D’ailleurs, le mois d’avril 2024 que nous venons de vivre, exécrable du point de vue de l’ensoleillement et gourmand en chauffage, coûtera des dizaines de millions aux consommateurs, car les rendements planifiés par les groupes énergétiques étaient bien en dessous des prévisions.

Plus d’éoliennes ne signifient pas plus d’énergie

La mésaventure subie en avril dernier en Suisse rappelle celle subie en Allemagne en 2021. Alors que ce pays augmente chaque année la quantité d’éoliennes sur son territoire. Pourtant, en 2021, il a subi une perte de production d’environ 15% de son énergie éolienne par rapport à 2020. Pourquoi ? A cause d’un manque de vent : plus d’éoliennes + moins de vent = moins d’énergie.

A son article 13, le décret sur lequel nous votons le 9 juin dit explicitement qu’aussi longtemps que les objectifs de la loi ne seront pas atteints, le Conseil fédéral pourra accélérer et abréger les procédures. Mais, comme nous votons de le voir, les objectifs ne seront atteints qu’au prix d’une quantité démesurée d’éoliennes. 2’000 suffiront-elles ? Les partisans de la loi articulent le chiffre de 800. En réalité, 2’000 ne suffiront même pas si les conditions météorologiques ne suffisent pas. Alors, le Conseil fédéral pourra invoquer l’article 13 et demander que 500 nouvelles éoliennes soient construites, qui elles-mêmes ne seront pas plus utiles que les 2’000 premières si le vent vient à manquer. Et cela, bien souvent à proximité des zones habitées (car notre Pays est petit), donc au prix de paysages défigurés et de nuisances considérables pour le voisinage.

A l’image de Sisyphe qui est condamné à rouler son rocher à l’infini, la Suisse sera condamnée à devoir construire toujours plus d’éoliennes dont le rendement n’augmentera pas significativement quand le vent manquera. En revanche, c’est la nature et les paysages qui seront de plus en plus sacrifiés en Suisse.

L’approvisionnement en électricité n’augmentera pas grâce à la loi sur l’électricité. Le 9 juin, ne partageons pas le destin de Sisyphe et votons NON à la loi sur l’électricité.

Jean-Luc Addor
Jean-Luc Addor
conseiller national Savièse (VS)
 
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