« Je suis encore en phase d’apprentissage »
Depuis le 19 mai 2013, Yvan Perrin est conseiller d’Etat. Il revient pour Franc-parler sur ses six mois d’activité au gouvernement du canton de Neuchâtel. De son propre aveu, il se dit être «en phase d’apprentissage» et avoir encore beaucoup à apprendre. L’homme est modeste et se dit heureux de ses nouvelles responsabilités même si l’emploi du temps ne laisse guère de place aux états d’âme.
Franc-parler: Monsieur Perrin, quel est votre état d’esprit après six mois de travail en tant que conseiller d’Etat ?
Yvan Perrin: Je suis encore en phase d’apprentissage, il est un peu tôt pour dire que je me sens à l’aise, tout est nouveau et demande beaucoup de temps car il faut m’expliquer la nature des problèmes sur lesquels je dois me prononcer. Heureusement, mon département compte les forêts et l’agriculture. En tant que fils de bûcheron et ancien ouvrier agricole à mes heures perdues, je crois pouvoir dire que je saisis à peu près les enjeux. Pour le reste, c’est «regarde, écoute et tais-toi !»
Avez-vous le sentiment de pouvoir influencer concrètement le travail politique au sein du Conseil d’Etat ?
Il est difficile de mesurer l’influence d’une personne au sein d’un collège mais je fais de mon mieux pour défendre la ligne politique de notre parti. Le résultat final est l’addition de plusieurs avis qui est ensuite porté par l’ensemble du gouvernement. Fort heureusement, l’ambiance est bonne autour de la table et chacun peut s’exprimer librement et être entendu.
Le Canton de Neuchâtel doit faire face à une situation financière difficile. Comment remédier à cette situa-tion selon vous ?
Il convient de reprendre chaque poste et d’en vérifier la pertinence, ceci sans tabou. Je ne suis pas de ceux qui consi-dèrent qu’il y a trop de fonctionnaires mais par contre, on peut s’interroger sur l’utilité de certaines prestations. A ce propos, je me félicite du travail entrepris par la majorité de gauche du Conseil d’Etat qui fait preuve d’un remarquable courage politique. Le budget constitue un test important pour le gouvernement nouvelle formule et nous pouvons nous attendre à de grandes réticences. Il me semble néanmoins que nous avons réparti judicieusement les mécontentements.
Le groupe UDC au Grand Conseil doit s’habituer à être représenté au Conseil d’Etat, ce qui ne va pas forcément de soi après des années d’opposition. Comment se passent vos relations avec les parlementaires UDC?
Elles sont pour l’heure excellentes. Il faut simplement garder à l’esprit que nous tirons tous à la même corde mais dans des fonctions différentes. Nous n’avons pas encore connu de différend majeur car le groupe a soutenu pour l’essentiel la politique voulue jusqu’ici par le gouvernement mais à l’avenir les députés ne doivent pas hésiter à attaquer la ligne que je défends au nom du gouvernement dès lors qu’elle ne correspond pas à ce que souhaite l’UDC.
A vous entendre, vous ne semblez avoir aucun regret d’avoir céder votre place au Conseil national pour prendre vos responsabilités à Neuchâtel. Est-ce bien le cas où avez-vous une certaine nostalgie du Palais fédéral ?
Il y a naturellement une certaine nostalgie à quitter un endroit que vous avez fréquenté durant dix ans dans une fonction qui vous a apporté beaucoup de plaisir et de satisfaction. Je laisse aussi des amis à Berne que je ne vois plus guère qu’à la télé. Il y a notamment eu un grand moment d’émotion lorsque j’ai suivi le débat consacré au Gripen sur Internet. Comme membre de la sous-commission, j’aurais bien sûr aimé prendre part à la discussion. Ceci dit, je dois avouer que l’emploi du temps ne laisse guère de place aux états d’âme.