L’école – un chantier permanent

Edition spéciale Edition spéciale de février 2013

Andrea Hiestand, institutrice (4e année), née en 1982, domiciliée à Winterthur

Les opinions sont aussi diverses que les acteurs politiques. Rares sont les thèmes qui font l’unanimité. Sur un point cependant, il y a entente: la formation est à la base du succès suisse…

Les opinions sont aussi diverses que les acteurs politiques. Rares sont les thèmes qui font l’unanimité. Sur un point cependant, il y a entente: la formation est à la base du succès suisse. Notre pays ne possédant pas de matières premières, il doit maintenir son école à un très haut niveau en comparaison internationale pour rester durablement compétitif. Mais la manière d’atteindre cet objectif divise une fois de plus les esprits.

Conséquence des résultats relativement mauvais de la Suisse dans la première étude PISA, une véritable folie réformiste a saisi notre pays il y a quelques années. Sous le prétexte que la Finlande – vainqueur dans ce concours PISA – fait tout différemment, notre système scolaire éprouvé a été littéralement chamboulé. Des millions ont été investis pour nous rapprocher du "modèle finlandais".

Trois fois deux égale quatre
L’analyse des résultats de ces investissements se solde par un résultat navrant: aujourd’hui, plus de 50% des élèves font l’objet de mesures de soutien spéciales à l’école. Ce qui n’empêche pas que les maîtres d’apprentissage constatent chez leurs apprentis des lacunes dans les connaissances de base comme l’écriture et le calcul. Le niveau général de la formation scolaire ne s’est pas accru en Suisse. Ce bilan devrait être un signal d’alarme!

Les bases font défaut
Les plans d’étude sont de plus en plus surchargés. D’abord l’allemand précoce, ensuite l’anglais précoce. Les enfants du niveau primaire sont censés parler 2 à 3 langues, mais ont souvent de la peine à s’exprimer dans leur langue maternelle. Et puis il y a les exigences des médias: les enfants doivent apprendre à taper avec dix doigts pour pouvoir naviguer sur internet et y faire des recherches. En revanche, ils ont beaucoup de mal à comprendre les textes de problèmes mathématiques. Les élèves reçoivent des leçons sur les religions et les cultures du monde, mais les règles de comportement les plus élémentaires issues de notre culture leur sont fréquemment inconnues. Quant aux connaissances de la culture chrétienne et occidentale, c’est presque le néant.

Un moins qui serait un plus
Ces plans d’étude bourrés de disciplines et de compétences font très bien dans le tableau – quels parents ne souhaitent pas que leurs enfants sachent parler des langues étrangères et naviguer sur internet? – mais la réalité est malheureusement différente. Je me demande si un peu moins ne serait pas un plus. Compte tenu du grand nombre de matières à enseigner, il ne reste plus assez de temps pour les connaissances et aptitudes de base. Or, faute de base on ne peut rien construire. Celui qui maîtrise mal sa langue maternelle aura aussi de la peine à apprendre une langue étrangère. Celui qui échoue devant des problèmes mathématiques simples pourra difficilement comprendre des phénomènes scientifiques complexes. L’objectif initial des réformes, à savoir former le mieux possible les enfants, a été complètement raté.

L’enseignant au centre
Lorsque nous nous souvenons de notre propre scolarité et de ce que nous avons appris ou au contraire de ce que nous n’avons pas appris, nous constatons très vite que la personnalité de l’enseignant jouait un rôle central. Le système n’apprend rien aux enfants. C’est l’enseignant qui communique les matières. J’avais un maître d’école dont les seuls moyens d’enseignement étaient la craie, le tableau noir et les cahiers des élèves. Son enseignement était exclusivement frontal – un péché mortel selon la pédagogie moderne. Chose étonnante: c’est chez lui que j’ai appris le plus, parce qu’il savait comme aucun autre expliquer clairement les problèmes. La qualité de l’enseignement est déterminée par les humains – les élèves et surtout les enseignants.

Andrea Hiestand, institutrice (4e année), née en 1982, domiciliée à Winterthur

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