Toutes les digues se sont rompues dans les années nonante: les dettes, les recettes et les dépenses – surtout dans le domaine social – ont explosé; les impôts, taxes et redevances ont augmenté sans ce
Toutes les digues se sont rompues dans les années nonante: les dettes, les recettes et les dépenses – surtout dans le domaine social – ont explosé; les impôts, taxes et redevances ont augmenté sans cesse; les coûts de l’AI ont triplé. De plus, il y a eu la nouvelle Constitution fédérale, le traitement masochiste de l’attitude de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale, la malheureuse demande d’admission du Conseil fédéral à l’UE, la révision de la loi sur l’assurance-maladie suivie par une explosion des primes, la ruineuse décision de construire une NLFA qui coûte déjà 24 milliards de francs. Et, pour couronner le tout, une restriction de la liberté d’opinion par l’article pénal contre le racisme et par l’institution d’une commission étatique contre le racisme.
La norme pénale contre le racisme que le peuple a acceptée de justesse en 2004 sert d’instrument à la gauche pour étouffer dans l’œuf les débats sur la politique d’immigration, les abus dans le droit d’asile et les abus sociaux, la criminalité des étrangers, l’islamisme et l’aide au développement. La gauche vit manifestement fort bien avec cette menace constante sur la libre expression des opinions et s’accommode parfaitement d’un climat d’oppression politique. Faut-il rappeler qu’il s’agit là des mêmes milieux prétendument progressistes qui, il y a quelques années, hurlaient à gorge déployée contre l’Etat fouineur et le fichage policier?
Les thèmes favoris de la gauche subventionnés par l’Etat
Les gauchistes de mai 68 contrôlent depuis les années nonante la vérité officielle, politique, sociale et historique. On s’en rend compte en compulsant les projets de recherche du Fonds national qui, grâce à des subventions par millions, traitent les thèmes favoris de la gauche comme la migration, l’intégration, la xénophobie, le racisme, l’UDC et l’Afrique du Sud. Mais on cherche en vain un projet de recherche sur les pèlerinages des socialistes suisses dans l’ancien bloc de l’est, sur les ententes entre les gauchistes suisses et la Stasi, sur les rapports entre les élus socialistes de gauche avec l’OLP et leur chef-terroriste corrompu, Yasser Arafat, ou encore sur les câlineries entre nos soixante-huitards et les régimes meurtriers du Vietnam, de Corée du Nord ou de Chine.
Les résultats des travaux de la commission Bergier donnent aussi une indication on ne peut plus claire sur les penchants politiques de ses membres. Cette commission prétendument indépendante comprenait 11 membres et a fait paraître 25 volumes. Un seul membre de la commission a participé au côté de deux autres auteurs à la rédaction d’un seul volume.
Il n’existe pas une ligne publiée par les dix autres membres de la commission. Dans le rapport final de 616 pages, la commission Bergier se couvre d’éloges et se félicite de son engagement sans faille. Le problème, c’est que parmi les 25 auteurs de ce rapport final on ne trouve pas non plus un seul membre de la commission d’experts. « L’engagement sans faille » consistait pour l’essentiel à toucher des honoraires (Jean-François Bergier Fr. 516’968.–, Jacques Picard Fr. 592’312.–, Georg Kreis Fr. 323’233.–, Jakob Tanner Fr. 311’531.–, etc.). Non, les historiens sont parfois des profiteurs sans gêne, mais ce ne sont certainement pas des juges du monde et les résultats de leurs recherches ne doivent pas devenir matière à jugement pour les tribunaux. Ce constat vaut aussi bien pour les historiens actifs que pour les historiens inactifs de la commission Bergier.
La rééducation socialiste pratiquée par la Commission contre le racisme
Mise en place sans l’accord du peuple et du Parlement, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) se comporte comme une autorité de censure et de rééducation et abuse systématiquement de sa position en se mêlant de campagnes de votations et électorales. Quelques jours avant les élections fédérales de 1999 elle a injurié l’actuel conseiller fédéral Christoph Blocher dans un communiqué de presse en lui reprochant d’avoir été « complice des milieux attisant l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie ». Une atteinte évidente à l’honneur. Lors des élections de 2003, le président de la Commission contre le racisme a affirmé que « l’UDC se mouvait dans la zone grise entre racisme et xénophobie ». Cette commission n’a cessé de s’immiscer par ses propres mots d’ordre et prises positions dans des campagnes de votation – par exemple, l’initiative UDC sur l’asile, la naturalisation facilitée ou encore les lois sur l’asile et les étrangers – et elle s’est permis de critiquer diverses décisions de naturalisation prises par le souverain. La Commission contre le racisme s’efforce régulièrement d’étouffer, de discréditer ou de criminaliser des opinions qui lui déplaisent. Cette propagande politique unilatérale n’a rien d’étonnant quand on connaît la composition de cet organe où des activistes de gauche, fonctionnaires de la migration, représentants des Eglises, coopérateurs et syndicalistes se donnent la main. Sur les 19 membres de la commission, seuls 3 peuvent être (à peu près) attribués au camp bourgeois (y compris le radical de gauche Georg Kreis qui développe aujourd’hui activement des scénarios de non-élection du conseiller fédéral Christoph Blocher). Cette situation est une violation évidente de l’article 9 de l’ordonnance sur la composition des commissions extraparlementaires. Et que fait le département fédéral auquel la commission est subordonnée? Rien! Or, selon la décision du Conseil fédéral du 23 août 1995, le DFI est censé surveiller la publication de tous les communiqués, rapports, recommandations et propositions de la Commission contre le racisme.
En 2002, la Commission contre le racisme a été de surcroît flanquée d’un « Service de lutte contre le racisme » dont l’utilité n’a jamais pu être expliquée. Mais cette institution plus que superflue développe elle aussi des activités indépendantes et sert de fournisseur attitré de l’administration en lui livrant des expertises, des avis de droits et d’autres rapports. Des organisations comme Minorités en Suisse et la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme touchent elles aussi de solides subsides fédéraux pour produire régulièrement d’onéreuses publications.
Laissez-les donc nier!
Une procédure est en cours en Suisse contre un professeur turc qui, dans un exposé, a nié le génocide perpétré contre les Arméniens. A mon avis, la liberté d’opinion doit même supporter des négations. Des années durant, la gauche a systématiquement nié les abus dans l’assurance-invalidité, dans l’assistance publique, dans l’asile alors qu’elle savait parfaitement qu’elle avait tort et malgré des faits incontestables. Faut-il faire le procès aux négationnistes des abus sociaux? Non. Concernant le droit d’asile, le souverain vient de juger et passer une douche froide aux adversaires des lois sur l’asile et sur les étrangers. Mais la gauche peut et doit même continuer de nier.
On peut nous répondre qu’une personne qui nie un génocide confirmé par l’histoire doit être déférée devant un tribunal. Mais que ferons-nous de tous ces braves concitoyens qui défendent avec acharnement le contrôle légal des opinions tout en prêchant la rédemption du monde par le socialisme? Ils savent pourtant très bien que le socialisme réel a apporté aux peuples la servitude, la misère, les camps de travail, le goulag, la torture, la déportation, la famine. Cela a-t-il dérangé le moins du monde les anciens admirateurs d’assassins collectifs comme Lénine au Mao? Non. Aujourd’hui ces ignorants de l’holocauste rouge sont confortablement assis au Conseil fédéral en ce qui concerne Moritz Leuenberger, dans un fauteuil directorial de la télévision d’Etat en ce qui concerne Ueli Haldimann, dans le fauteuil d’humoriste en chef de la TV en ce qui concerne Viktor Giacobbo, dans les instituts culturels, sur les chaires des universités et même dans les commissions d’historiens payées par l’Etat. Cette situation est certes curieuse, mais elle vaut mieux que des interdictions professionnelles, des boycotts, des procès et des mises en prison. Car les fils de papas bourgeois et ancien fans de Marx ont eu la chance de vieillir et de devenir plus sages. Et Viktor Giacobbo fait aujourd’hui un clown de cirque assez acceptable.
On nous répondra que les négationnistes de génocides doivent être jugés parce qu’ils font un tort immense aux victimes et à leurs descendants. Je connais des professeurs de l’Université de Zurich, donc mes collègues, qui nient sérieusement que le 11 septembre 2001 un Boeing est tombé sur le Pentagone à Washington. Le fait que tous les cadavres des passagers ont été identifiés ne les gêne nullement. Ces allégations d’amateurs de théories conspiratives ne constituent-elles pas un affront à l’égard des victimes et de leurs proches? Sans aucun doute. Et néanmoins nous ne devons et nous ne pouvons pas traîner devant les tribunaux tous ces théoriciens de la conspiration – pas plus que les quelque 100 000 Turcs qui vivent en Suisse et qui nient dans leur grande majorité qu’un génocide ait été commis contre les Arméniens dans leur pays. On ne peut et on ne doit pas protéger l’humanité contre les injures. Dans notre régime libéral, le droit d’insulter quelqu’un passe avant le droit de se protéger contre des insultes. Si tout individu qui se prétend offensé ouvre une procédure judiciaire, c’est la fin de la libre expression des opinions et la fin de la culture de débat qui caractérise la démocratie. Ces lois d’opinion atteignent le sommet de l’absurde quand des groupements islamistes déposent plainte pour « discrimination » contre des critiques occidentaux dans le seul but d’empêcher tout débat sur leurs propres agissements.
Nous pouvons faire un pas de plus et nous poser la question suivante: l’article contre le racisme a-t-il jamais réussi à convaincre, voire à convertir un négationniste de l’holocauste brun? Malheureusement non. C’est même le contraire qui est vrai. Toute action judiciaire fait de ces cinglés des martyrs qui peuvent se donner de l’importance par des affirmations absurdes. Il ne serait pas difficile de convaincre, moyennant les résultats de la recherche scientifique, l’immense majorité de la population ouverte à la raison, mais les négationnistes pathologiques, eux, ne seront jamais convaincus – et encore moins si on les met en prison. Jamais encore dans l’histoire de l’humanité une démocratie n’a été perdue par excès de liberté d’opinion. Que les négationnistes dépérissent donc sous le soleil des arguments fondés et de la recherche scientifique libre.
Des historiens, juges du monde?
Sans liberté d’opinion, il n’y a pas de démocratie, pas de diversité des opinions. Aussi, chaque parti politique devrait-il être intéressé à la liberté d’opinion. Et, pourtant, nous avons accepté durant les années nonante de restreindre cette liberté d’opinion par une norme pénale punissant certaines opinions et par une commission contre le racisme. Avec pour résultat 250 dénonciations jusqu’ici et un climat d’intimidation politique. L’écrivain Gottfried Keller a fort bien dit dans sa nouvelle « Das verlorene Lachen » (Le rire perdu) ce que l’on peut penser de ce contrôle étatique des opinions, de la Commission contre le racisme et de professeurs comme Georg Kreis, son président: il faut cesser, a-t-il écrit, d’instituer sans cesse de nouvelles fonctions d’enseignants pour enseigner ce que personne ne peut enseigner et d’offrir ces fonctions à ceux qui les convoitent. La science historique est véritablement tombée bien bas si ses représentants trouvent de la satisfaction à ce que leurs jugements historiques aient des conséquences judiciaires et fassent emprisonner les défenseurs d’autres opinions. Et, comme l’écrivait fort justement Gottfried Keller, ce ne sont jamais ceux qui seraient les plus aptes qui accèdent à ces chaires pour juger les opinions des autres, mais ceux qui les convoitent le plus avidement. L’écriture de l’histoire est une approche de la vérité historique; une vérité historique imposée par la loi est une monstruosité dans toute société libérale. Elle a avant tout pour effet que chaque groupe d’intérêts cherche à faire protéger légalement la vérité historique qui lui est la plus proche. Celles et ceux qui ont un mode de réflexion discipliné, qui attachent de la valeur à la démocratie, à la libre expression des opinions et à la liberté scientifique ne peuvent arriver qu’à une seule conclusion: la norme pénale contre le racisme et la Commission fédérale contre le racisme doivent être supprimées le plus rapidement possible.