La capacité de l’armée suisse de défendre effectivement le pays en cas d’attaque suscite des discussions de plus en plus critiques depuis quelques années. Une proportion croissante de la population a
La capacité de l’armée suisse de défendre effectivement le pays en cas d’attaque suscite des discussions de plus en plus critiques depuis quelques années. Une proportion croissante de la population a du mal à croire que notre armée est réellement préparée aux menaces actuelles, surtout depuis la réforme Armée XXI. Les nombreux problèmes d’organisation, dont certains ne sont toujours pas réglés à ce jour, ont également contribué à ce climat d’incertitude. Un exemple pour illustrer ce propos: la formation déficiente à cause d’un effectif insuffisant d’instructeurs.
S’engageant clairement pour une armée forte et crédible, pour la neutralité armée et pour le système de milice, l’UDC a déjà demandé à plusieurs reprises que les « travaux sous garantie » de la réforme Armée XXI soient enfin effectués et que l’armée soit réellement adaptée aux menaces actuelles. Il était évident aussi à nos yeux que la correction des défauts d’Armée XXI ne devait pas conduire à une nouvelle réforme en profondeur. On ne peut constamment réformer une entreprise sans risquer d’en compromettre le bon fonctionnement.
Or, c’est précisément ce que fait le Conseil fédéral avec son « étape de développement 08/11 ». Une fois de plus, les structures, le profil d’exigences et les concepts d’engagement de l’armée sont massivement modifiés. Ainsi, il est prévu de réduire de 50% – c’est énorme! – la capacité de défense de l’armée. Parallèlement, cette nouvelle réforme procède à une répartition des rôles entre unités de sécurité et unités de défense. Or, Armée XXI reposait sur le principe selon lequel des forces de défense bien instruites peuvent parfaitement assumer aussi des tâches de sécurité.
Il s’avère de plus en plus que ladite « montée en puissance » est le principal point faible de l’étape de développement 08/11
Tout en réduisant la capacité de défense de l’armée, cette réforme prévoit une « montée en puissance » en cas de besoin afin que l’armée puisse tout de même assumer son mandat constitutionnel de défense du pays et de la population. Or, cette conception n’est pas convaincante à plusieurs points de vue. L’acquisition du matériel nécessaire à cette montée en puissance coûterait quelque 40 milliards de francs et prendrait cinq à dix ans. Réparti sur une période de cinq ans, ce montant exigerait des crédits annuels d’environ douze milliards de francs. Il est absolument irréaliste d’imaginer un seul instant qu’un montant aussi énorme puisse faire l’objet d’un consensus et obtenir une majorité au Parlement.
De surcroît, le Conseil fédéral et le Parlement devraient déclencher la montée en puissance cinq à dix ans avant la matérialisation d’une menace. Le moment choisi pour ce déclenchement serait à lui seul une énorme affaire politique. La probabilité que cette décision soit prise au bon moment est donc très petite. Par ailleurs, dans une situation internationale forcément tendue, la Suisse aurait beaucoup de peine à réaliser une acquisition aussi importante d’armements dans les délais utiles. Enfin, la Suisse deviendrait vulnérable et s’exposerait aux pressions internationales.
Mais ce n’est pas tout. Une montée en puissance n’exige pas seulement des acquisitions de matériel et de gros moyens financiers, mais aussi une formation adéquate. Or, l’étape de développement 08/11 ramène la capacité de défense au niveau d’une compétence de défense. Il se pose donc la question de l’instruction militaire. Une armée de milice ne peut pas être augmentée ou réduite à brève échéance selon le bon vouloir de ses chefs. Bref, cette conception de la montée en puissance est une illusion, un tigre de papier. Cela ne fonctionnera évidemment jamais dans la pratique.
Même si les moyens affectés à la future armée sont réduits de dix pour-cent (par rapport au modèle Armée XXI initial), ce n’est pas une raison suffisante pour diminuer de moitié les forces de défense. Il s’agirait bien plus de concentrer les moyens restants sur cette tâche prioritaire. Le fait que, simultanément, l’autorité politique demande une révision de la loi sur l’armée pour renforcer la formation et les engagements militaires à l’étranger confirme bien le zèle réformateur excessif et surtout mal contrôlé des principaux responsables de notre armée.
Ce zèle réformateur irréfléchi éloigne de plus en plus l’armée de la population. Le peuple suisse veut, conformément à sa Constitution, une armée capable de défendre notre pays neutre et de protéger sa population. Or, la direction de l’armée s’acharne sur les engagements à l’étranger et ne voit point de salut en dehors de la coopération avec des armées étrangères et des pactes militaires. Cette politique compromet le soutien populaire de l’armée et rendra de plus en plus difficile l’obtention de majorités parlementaires en faveur des besoins de l’armée. Résultat: le fondement politique de l’armée s’effrite si bien que les futurs programmes d’acquisition d’armes et crédits d’investissement auront de plus en plus de mal à trouver des majorités au Parlement, voire au sein du peuple en cas de scrutin populaire. Pour couronner le tout, il n’est pas sérieux de lancer des changements aussi importants par le biais d’une simple révision d’ordonnance et sans discussion détaillée préalable.
L’UDC rejette l’étape de développement 08/11 et présente les exigences suivantes: