Exposé

Swisscom: le risque du point de vue du chef d’entreprise

La cession de la participation fédérale dans Swisscom envisagée par le Conseil fédéral suscite plusieurs questions. Il est notamment important de considérer cette décision sous différents angles. En c

Jean-François Rime
Jean-François Rime
conseiller national Bulle (FR)

La cession de la participation fédérale dans Swisscom envisagée par le Conseil fédéral suscite plusieurs questions. Il est notamment important de considérer cette décision sous différents angles. En ce qui me concerne, je ferai une approche du point de vue du chef d’entreprise.

Le marché des télécommunications évolue très rapidement. Le danger de faire de faux investissements – par exemple, avec l’achat de licences UMTS – et le changement extrêmement rapide de la technologie – par exemple, la propagation de la téléphonie par Internet – recèlent des risques supplémentaires. La Confédération est mal placée pour supporter ces risques. Elle ne dispose ni des compétences de gestionnaire, ni de la souplesse nécessaire pour agir efficacement dans ce domaine.

Le rôle premier de l’Etat consiste à mettre en place les conditions-cadres nécessaires au bon fonctionnement de la concurrence. L’Etat doit se mêler le moins possible de l’économie privée. La concurrence profite toujours aux consommateurs sous la forme d’une offre plus large de prestations et de prix plus bas.

Les conflits d’intérêts de la Confédération
La participation à des entreprises plonge forcément la Confédération dans des conflits d’intérêt. C’est notamment vrai dans le cas de Swisscom puisque la Confédération est simultanément législateur, autorité de surveillance, actionnaire majoritaire et même client. Les divergences entre les intérêts de la Confédération en tant que propriétaire et ceux de la direction de l’entreprise empêchent Swisscom de réagir de manière souple sur un marché des télécommunications très dynamique qui lui lance des défis sans cesse nouveau. Ces conflits d’intérêts ne sont certainement pas utiles à l’entreprise – ils peuvent même lui nuire gravement.

Risque financier
Par ailleurs, la participation dans Swisscom représente un risque financier élevé pour la Confédération. Des besoins d’investissements énormes dans la réseau et les incertitudes que comporte le marché des télécommunications dans certains domaines – UMTS, Triple Play, téléphonie Internet, etc. – font que l’entreprise ne continuera certainement pas à réaliser des bénéfices aussi élevés que jusqu’ici.

La cession de la participation majoritaire de la Confédération donne à Swisscom la marge de manœuvre et la liberté nécessaires pour se développer dans les secteurs qui lui paraissent importants et pour se faire une place sur les marchés les plus prometteurs.

Risque de responsabilité
A côté des risques financiers, Swisscom représente également un risque de responsabilité pour la Confédération. Ce risque peut se concrétiser très rapidement avec des engagements à l’étranger et poser de gros problèmes. Même une petite participation comme celle dans Swissair (6%) a coûté des milliards à l’Etat. Cette responsabilité concernait également des compagnies étrangères auxquelles participait Swissair comme Sabena et Air Littoral.

On peut partir du principe qu’une participation de la Confédération – quelle que soit son volume – engage forcément la responsabilité de l’Etat. Dans le cas de Swisscom, ce dernier est même actionnaire majoritaire avec plus de 60% des parts. Un éventuel échec de la stratégie d’entreprise aurait donc des conséquences extrêmement graves pour la Confédération.

Conclusion
Pour relever les défis d’un marché en constante évolution comme celui des télécommunications, une entreprise doit pouvoir agir en toute liberté et avec souplesse. Les divergences entre les intérêts de la Confédération et ceux de Swisscom constituent un gros obstacle de ce point de vue. De plus, la Confédération court des risques élevés au niveau financier et de la responsabilité du propriétaire.

La cession de la part majoritaire de la Confédération donne à Swisscom la chance de pouvoir agir dans la concurrence internationale selon les principes de la gestion d’entreprise et sans aucune contrainte politique. Du point de vue du chef d’entreprise, la cession de la participation fédérale est donc un acte judicieux grâce auquel Swisscom restera une entreprise forte et performante qui peut jouer un rôle de premier plan sur le marché dynamique des télécommunications.

Jean-François Rime
Jean-François Rime
conseiller national Bulle (FR)
 
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