L’état de l’armée est préoccupant à plus d’un titre après la mise en application de la réforme Armée XXI. De larges parties de la population n’ont pas compris l’utilité de ce changement. Et de plus en
L’état de l’armée est préoccupant à plus d’un titre après la mise en application de la réforme Armée XXI. De larges parties de la population n’ont pas compris l’utilité de ce changement. Et de plus en plus de gens ne croient plus que l’armée est réellement préparée à répondre à la menace actuelle. De plus, Armée XXI présente toujours de graves lacunes au niveau de l’organisation alors que cette réforme a déjà un an. Autant de facteurs qui affectent la confiance de la population dans l’armée.
Inquiète devant ce développement, l’UDC a présenté il y a un peu plus d’une année un document de fond intitulé « Pour une armée de milice adaptée à la menace ». Ce document a été débattu à l’assemblée des délégués du 16 octobre à Schaffhouse et six principes de fond concernant l’armée ont été adoptés à cette occasion. L’UDC s’y engage clairement pour une armée forte et crédible, pour la neutralité armée, pour le système de milice qui a fait ses preuves et pour la responsabilité des cadres de milice dans l’instruction militaire. Dans ce contexte, nous avons aussi demandé la suppression des statuts de soldat en service long et de soldat contractuel ainsi que l’adaptation de l’armée à la menace réelle et l’organisation d’exercices sur la base de scénarios réalistes. Nous nous sommes clairement opposés à la tendance qui consiste à rechercher avant tout la coopération internationale. Nous avons formulé des objectifs afin que l’armée devienne, pas à pas, un instrument de sécurité efficace.
Nous ne voulons évidemment pas d’une nouvelle réforme complète pour corriger les erreurs d’Armée XXI. L’armée ne survivrait pas à une troisième refonte en l’espace d’une décennie.
Aujourd’hui, nous devons malheureusement constater que le Conseil fédéral et la direction de l’armée ont choisi une autre voie. Manifestement, la prochaine réforme de l’armée se prépare déjà sans que le parlement et le peuple n’aient été consultés. Preuve en sont les décisions du Conseil fédéral du 11 mai 2005 concernant « le développement futur de l’armée », c’est-à-dire pour les années 2008 à 2011. Il est de plus en plus évident que la réforme Armée XXI approuvée par le peuple ne sera pas appliquée par étapes et optimisée comme le Conseil fédéral l’avait promis avant la votation. Avec le projet Armée 08/11, l’activisme réformateur des responsables militaires se poursuit.
Le document de fond que l’UDC a publié en octobre 2004 est donc plus actuel que jamais. Vous avez pu constater la semaine dernière que de plus en plus de milieux proches de l’armée confirment la justesse des positions de l’UDC. Les points de vue et les principes de l’UDC concernant l’armée formulés dans ce document sont toujours valables. En révisant ce document, nous avons voulu réagir, d’une part, aux lacunes persistantes d’Armée XXI et, d’autre part, aux nouvelles réformes envisagées. Et cela avant que ces modifications entrent dans les faits.
Le concept Armée 08/11 constitue en fait une division de l’armée en une armée d’intervention et une armée de surveillance. Le nouveau mot d’ordre est la « montée en puissance ». En réalité, il s’agit d’un programme de démantèlement puisque l’armée de défense sera ramenée à 18 500 hommes environ, effectif qui ne permettra pas à l’armée suisse de défendre le pays de manière indépendante. A l’origine de cette réforme, il y a donc de toute évidence la volonté de forcer le principe « La sécurité par la coopération », voire celui de « La sécurité par l’adhésion à une alliance militaire ». Or, notre pays doit être à même de défendre lui-même sa neutralité. Le droit international public nous y engage. La neutralité est un état permanent. Maxime suprême de notre politique de sécurité et extérieure, la neutralité est surtout importante à une époque marquée par la guerre asymétrique.
On a souvent l’impression que les dirigeants de l’armée ont eux-mêmes de plus en plus de mal à croire à la capacité de défense de notre pays. Cette attitude est désastreuse pour le crédit de l’armée dans la population. Faute d’être convaincu de la capacité de l’armée de garantir sa sécurité, le peuple retirera son soutien à cette institution.
Le projet Armée 08/11 vise aussi, semble-t-il, à renforcer les engagements de l’armée dans les opérations de maintien de la paix. Nous ne pouvons en aucun cas apporter notre soutien à cette évolution. Nous avons donc complété notre document de fond sur ce point.
Par la même occasion, nous avons pris position concernant les problèmes de délimitation qui se posent actuellement à l’armée suisse entre tâches militaires et policières pour le maintien de la sécurité intérieure. Ce domaine doit être clarifié en ce sens que des mandats clairs et nets doivent découler des notions de « situation normale » et « situation extraordinaire ». C’est indispensable pour définir les tâches de l’armée et l’instruction de ses membres. Il s’agit donc de déterminer d’entente avec les cantons quelles prestations l’armée doit produire dans chaque situation et quelles prestations doivent être assurées par les cantons.