Le Tessin est une région exceptionnelle à plus d’un titre – mais notamment pour la simple et bonne raison qu’elle est suisse. Je pense à son histoire, à ce mouvement de libération qui s’est battu…
Le Tessin est une région exceptionnelle à plus d’un titre – mais notamment pour la simple et bonne raison qu’elle est suisse. Je pense à son histoire, à ce mouvement de libération qui s’est battu durant tout le 19e siècle contre les patriciens et les cléricaux. A ce kulturkampf, cette lutte culturelle, qui a aussi été menée par la force des armes. A cette naissance d’un Etat fédéral moderne qui fut sans doute plus douloureuse encore au Tessin qu’en Suisse romande et alémanique.
Mais je pense avant tout aux résultats de cette lutte: à notre régime qui accorde à chaque individu la plus grande liberté possible et ne lui impose que les obligations strictement nécessaires. A notre démocratie directe qui permet aux citoyennes et aux citoyens d’influencer directement la politique. A ce terreau fertile qui en a résulté et qui a permis l’émergence d’une prospérité unique au monde. Le Tessin a su saisir cette chance. Cette progression d’un canton de montagne pauvre vers une place économique et financière florissante et mondialement connue est sans exemple. Le Tessin peut sans doute être considéré comme un modèle de développement économique. Jusqu’à la Première Guerre mondiale l’agriculture locale parvenait à peine à nourrir la population alors que tout le monde travaillait dur. Nombre de Tessinois ont dû quitter leur canton et chercher fortune ailleurs. La culture en terrasses dans les vallées les plus reculées du canton témoigne aujourd’hui encore de cette lutte quotidienne pour la survie et de l’extraordinaire volonté à l’effort de générations de Tessinois. Aujourd’hui, tout cela a changé. L’économie tessinoise apporte de la prospérité non seulement aux Tessinoises et aux Tessinois, mais elle entretient aussi des milliers d’immigrants du monde entier qui veulent en profiter sans travailler. Vous vous souvenez certainement du livre « Les frères noirs », un classique de la littérature scolaire, qui décrit le sort du petit Gorgio de Sonogno dans le Val Verzasca. Ce petit garçon a dû gagner sa vie comme commis de ramoneur, un travail dur et dangereux. Aujourd’hui, le Tessin compte d’autres frères noirs. Mais ils ne proviennent pas du Val Verzasca et ils n’ont pas besoin de gagner leur vie. L’assistance publique s’en charge.
Vous le voyez bien: en un espace de temps relativement court, en quelques générations seulement, la pauvreté est devenue prospérité, voire richesse. Nous ne connaissons l’époque difficile d’autrefois que par la tradition orale, par les livres d’histoire ou par des comptes rendus d’époque comme, justement, la vie des « frères noirs ». Et nous en oublions aussi comment s’est fait le miracle économique de la Suisse et, surtout, nous oublions que nous pouvons facilement retomber dans l’indigence d’autrefois. La richesse peut redevenir pauvreté et misère si nous oublions nos forces et nos vertus.
Résumons donc une fois de plus ce qui a fait le développement économique et la prospérité de la Suisse. Et voyons aussi ce que la gauche, ses alliés sans opinion personnelle et les rêveurs sociaux en ont fait.
1. La neutralité
Jamais dans le passé la Suisse n’a voulu jouer à la grande puissance. Elle a toujours su rester à l’écart des crises et guerres étrangères, si bien qu’elle a été préservée contre les pires catastrophes de l’histoire. Sa position clairement neutre, ses bons offices et son CICR lui ont valu le respect de tous.
Les internationalistes de tous les partis n’ont que mépris pour notre indépendance et notre neutralité; ils osent même qualifier cette attitude d’immorale. Ils préféreraient pendre la Suisse aux jupons des grandes puissances pour la conduire sur les champs de bataille du monde entier. Est-il moral d’exposer la vie de nos soldats dans des conflits qui ne nous regardent pas? L’UDC s’engage sans compromis pour une Suisse neutre.
2. La sécurité du droit et la propriété privée
Nos lois devaient à l’origine servir à protéger les citoyens contre l’arbitraire de l’Etat et à leur donner des directives peu nombreuses mais claires pour l’industrie et le commerce. Il était évident aussi qu’une économie ne peut prospérer que si elle bénéficie d’investissements. Ce fut le cas en Suisse. L’économie de ce petit pays s’est acquis une réputation mondiale. En période d’insécurité, des fortunes considérables sont transférées en Suisse.
Les socialistes de tous les partis minent la propriété privée et compromettent la sécurité du droit. Un nombre croissant de prescriptions restreint la libre disponibilité de la propriété privée. Ces restrictions portent généralement de jolis noms. La propriété privée doit être socialement compatible, nous enseignent des juristes gauchistes. Un non-sens dangereux. Quand quelque chose m’appartient je dois pouvoir en disposer. Sinon la propriété ne vaut pas le papier sur lequel elle est stipulée. Pourquoi devrais-je travailler, innover, prendre des risques si ensuite l’autorité me commande ce que je dois faire avec le fruit de mon travail ou ma fortune? Défendant la sécurité du droit et la propriété privée, l’UDC se bat contre le flot sans cesse croissant de lois et contre la manie régulatrice.
3. La protection de la sphère privée
Chacun doit avoir droit à une vie privée qui ne regarde personne. Ni l’Etat, d’ailleurs. C’est bien pour cette raison que les droits de la liberté ont été inscrits dans la Constitution fédérale. Par exemple, j’ai le droit de croire et de dire ce que je veux. Cela fait partie de la qualité de la vie. Le droit de placer mon argent où je veux en fait également partie. Le secret protégeant les clients des banques me met à l’abri.
La sphère privée est une horreur pour les égalitaristes et les gardiens politiquement corrects de la morale publique. Nous ne sommes déjà plus libres de dire ce que nous pensons. Dans la plus ancienne démocratie du monde, des citoyens sont convoqués par des tribunaux parce qu’ils refusent la pensée unique. Et l’on voit des Suisses honnêtes et travailleurs menacés de mesures pénales parce qu’ils ont parlé clair, les uns sur un ton ironique dans un journal de carnaval, les autres, sérieusement, dans un exposé politique comme ce fut le cas du conseiller fédéral Christoph Blocher. Cela n’est pas acceptable. L’UDC s’oppose à ce terrorisme intellectuel et exige que les libertés citoyennes soient totalement respectées. Cette exigence s’applique aussi quand notre régime libéral est menacé de l’extérieur, par d’autres Etats ou par des organisations supranationales. Contrairement à la Suisse, l’UE n’a pas une longue tradition libérale. Ce mode de planification centraliste veut tout dominer. La concurrence n’y est qu’un exercice alibi. C’est bien la raison pour laquelle l’UE veut détruire la place financière attractive que possède la Suisse. L’UE ne cherche pas à devenir meilleure et plus compétitive; non, elle veut nous forcer à détériorer nos conditions-cadres. Si le secret protégeant les clients des banques était abandonné, des places financières florissantes comme celle du Tessin seraient menacées dans leur existence.
4. Fédéralisme et proximité du citoyen
Notre administration s’est initialement limitée à assumer les tâches-clefs de l’Etat. Elle veillait à la sécurité, à l’instruction publique et à la mise en place d’une bonne infrastructure de transport. Tout le reste était laissé à l’initiative et à l’imagination privées. Et elle faisait merveille, cette imagination! Les petites entreprises extrêmement novatrices, les grands groupes industriels performants dans le monde entier et les nombreux Suisses porteurs de prix Nobel en témoignent.
Le fédéralisme et la proximité du citoyen ont été oubliés dans l’euphorie UE de ces dernières années. La Confédération a accaparé des compétences au détriment des cantons. Les administrations ont été gonflées. Le peuple en a ressenti les conséquences sous la forme d’une augmentation constante des impôts et redevances et d’une multiplication des prescriptions. L’UDC défend un fédéralisme authentique. Les cantons comme le Tessin ont pu rester uniques et néanmoins parfaitement suisses parce que jamais dans le passé la Confédération n’a tenté de niveler leurs différences. Et aussi parce qu’en Suisse on estime que la concurrence doit également jouer entre les systèmes. Le principe est toujours le même: la concurrence fait bouger les choses. Et le mouvement maintient en forme et rend svelte. Si nous avons encore des Etats relativement sveltes c’est pace qu’ils sont en concurrence avec les autres systèmes. Nous le vivons tous les jours en Suisse. Plusieurs cantons ont donné l’exemple et baissé leurs impôts. Les autres s’efforcent de suivre le mouvement. Le même constat vaut pour les communes. La concurrence est saine. Elle encourage la discipline budgétaire et empêche les impôts de trop augmenter. Tout le monde en profite. L’UDC s’engage donc pour le fédéralisme et la concurrence également entre les cantons.
5. Indépendance et démocratie directe
Ces deux traditions sont non seulement parmi les plus précieuses de notre pays, mais elles expriment aussi une saine méfiance à l’égard des autorités et des pouvoirs centralisateurs. Jamais nous autres Suisses n’avons pu accepter que l’on décide sans nous demander notre avis. Nous avons toujours fait valoir notre droit de faire revenir les politiques sur le sol de la réalité. Jamais nous n’avons pu croire qu’une minorité de gens savent ce qui est bon pour nous. Voilà pourquoi en Suisse le peuple est le pouvoir suprême dans l’Etat et qu’il a toujours le dernier mot. Cette répartition du pouvoir s’est avérée bénéfique. Nous voyons aujourd’hui à l’exemple de l’UE ce qui se passe quand une caste politique hautaine et éloignée du peuple veut réaliser des projets prétentieux et que le peuple est juste bon pour payer l’addition.
Les intellectuels de gauche et autres adorateurs de l’Etat méprisent le peuple. On s’en rend régulièrement compte. Songez simplement à l’initiative populaire sur l’internement. Le résultat de cette votation déplaît foncièrement aux politiques élitaires de la gauche qui affirment tout haut que le peuple est ignorant et incapable de décider en cette matière. Il faut bien comprendre ce que signifie cette attitude: s’il en va selon la gauche, le peuple doit obéissance à ses élus et il a juste le droit de dire oui à ce que lui proposent des fonctionnaires gradés.
Ce mépris de la gauche pour la démocratie et pour leur propre pays est aussi illustré par le litige fiscal qui oppose l’UE à la Suisse. La gauche fait hypocritement semblant d’être consternée par les menaces de Bruxelles. Or, les socialistes suisses font cause commune depuis longtemps avec leurs camarades européens. Je peux vous donner un exemple concret de la manière dont cela se passe. En octobre 2005, la conseillère nationale Susanne Leutenegger-Oberholzer, socialiste bâloise, a déclaré au journal « NZZ am Sonntag » que la pression internationale était l’unique moyen de raisonner la Suisse dans les questions fiscales. Elle a dit textuellement: « La pression sur la Suisse augmentera et j’y contribuerai. » Quelques semaines plus tard, en décembre 2005, un représentant du Parti socialiste suisse s’est rendu à Bruxelles en emportant avec lui un document de travail sur le thème de la concurrence fiscale internationale. Selon ce document, la concurrence fiscale est nuisible et doit donc être limitée sur le plan européen. Le représentant du PSS a remis ce document à Bruxelles à l’organisation faîtière des partis socialistes européens et il a plaidé pour que cette organisation mette la lutte contre la concurrence fiscale à son ordre du jour politique (« NZZ am Sonntag » du 18.2.07). Manifestement, les socialistes suisses ont eu du succès à Bruxelles. La suite de l’histoire avec les attaques et menaces de l’UE contre la Suisse est connue. Les socialistes de tous les pays partent en guerre contre la Suisse. La gauche suisse ne trouvant pas de majorité dans le pays pour imposer son idéologie fiscaliste, elle cherche des complices à l’étranger. Voilà comment la gauche tente de faire casser des lois qui ont été approuvées dans le cadre de votations démocratiques libres. Il s’agit là ni plus ni moins d’une attaque contre le cœur de la Suisse. Nous n’avons plus vu cela depuis la Deuxième Guerre mondiale.
La réaction que la Suisse doit avoir à l’extérieur est évidente: la souveraineté de notre pays n’est pas négociable. Il faudra répondre aux éventuelles sanctions par des mesures de rétorsion. La réaction à intérieur face à des attitudes méprisantes à l’égard du peuple et profondément antipatriotiques est également claire. Nous devons nous souvenir des valeurs fondamentales de la Suisse.
Nous devons redonner à la Suisse son caractère suisse. Pour que nous ayons une maison – notre Suisse!
Nos valeurs libérales ont fait d’une Suisse pauvre et dépourvue de ressources naturelles un pays prospère et performant. Elles sont les piliers de notre succès. Et elles sont à la base de la politique de l’UDC. Nous sommes le parti de la neutralité armée. Nous sommes le parti de la sécurité du droit. Nous sommes le parti des citoyens adultes, de la libre expression des opinions et de la sphère privée garantie. Nous sommes le parti d’un Etat fédéraliste, svelte et proche des citoyens ainsi que du système de milice. Nous sommes le parti de la souveraineté nationale qui ne se négocie pas et de la démocratie directe.
En tant que parti de la recette qui fait le succès suisse nous devons répondre à des exigences élevées. Car la recette du succès suisse suscite aujourd’hui de l’ironie et du mépris. L’indifférence et l’orgueil des années nonante ont laissé des traces dans les comptes publics et dans les statistiques criminelles. Et même ailleurs. Une immigration et des naturalisations massives ont terni à maints endroits le visage traditionnellement aimable de la Suisse pour le remplacer par la brutalité multiculturelle. L’illégalité et la barbarie frappent les villes et les villages suisses. Notre civilisation d’Europe de l’Ouest ne connaissait pas cela. L’UDC doit donc aussi être le parti de l’intransigeance à l’égard des criminels étrangers.
Pour cela, nous avons besoin de l’engagement de tous. Dans tout le peuple et dans tout le pays. Et chaque citoyen doit savoir qu’en votant pour l’UDC il vote pour une Suisse forte où il fait bon vivre. Un constat qui vaut aussi pour le Tessin: celles et ceux qui sont pour un Tessin où il fait bon vivre doivent voter UDC. Il n’y a pas d’autre choix.