Le vote référendaire, qui aura lieu l’an prochain sur l’accord de Schengen, revêt une signification particulière. Pour le Conseil…
Le vote référendaire, qui aura lieu l’an prochain sur l’accord de Schengen, revêt une signification particulière. Pour le Conseil fédéral, il s’agit manifestement d’atteindre deux objectifs en particulier.
Plusieurs signes avant-coureurs nous indiquent depuis quelque temps déjà que l’administration fédérale se prépare à manipuler – c’est bien le mot qu’il faut utiliser – l’opinion publique en vue de cette votation. Lors de sa conférence de presse des cent premiers jours, le 24 avril 2003, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a dit textuellement ceci: « En intensifiant nos relations bilatérales avec l’Union européenne et avec tous les Etats membres actuels et futurs, nous préparons le terrain à l’adhésion à l’UE. » L’ambassadeur Ambühl a confirmé cette position en des termes plus diplomatiques lors de son exposé du 15 janvier 2004 à Klosters: « …la voie bilatérale est la priorité à court et à moyen terme de la politique européenne du Conseil fédéral. Et à long terme, il s’agira de décider de l’ouverture de négociations d’adhésion. » Rappelons aussi que le conseiller fédéral Joseph Deiss a joyeusement annoncé que l’adhésion à l’UE n’était plus simplement un objectif, mais bien au projet du gouvernement.
Compte tenu de ses objectifs manifestes, la majorité du Conseil fédéral est hypocrite quand elle tente de faire croire au peuple que l’accord de Schengen apporte davantage de sécurité à la Suisse. Schengen est en réalité un étape importante vers l’adhésion de la Suisse à l’UE. Voilà la véritable intention du Conseil fédéral.
Dans la droite ligne de ce procédé, le communiqué de presse qui accompagne le message sur les accords bilatéraux II contient quelques affirmations et interprétations pour le moins hasardeuses. Un tableau publié sur Internet indique que les accords bilatéraux II sont neutres sur le plane des coûts. Le truc consiste à affirmer que les dépenses supplémentaires découlant de ces accords seraient compensées par des économies dans le domaine de l’asile. Le Conseil fédéral part de l’hypothèse optimiste que 20% des requérants d’asile arrivant en Suisse pourront être renvoyés dans un pays membre de l’UE sans que la Suisse ne doive reprendre des requérants provenant d’autres pays. Lors de la conférence de presse, le chef de département concerné a expressément refusé de soutenir cette hypothèse. Il ne serait pas inintéressant de savoir ce qu’en pense l’UE…
Le Conseil fédéral s’efforce aussi de minimiser les effets négatifs de cet accord sur la tradition suisse en matière d’armes. A en croire le communiqué de presse, une personne qui hérite une arme devra se procurer une attestation d’acquisition et son arme sera par ailleurs enregistrée on ne sait par quelle autorité et de manière prétendument gratuite.
Enfin, quand on ose affirmer sans gène aucune que la suppression des contrôles frontaliers augmente notre sécurité alors que les gardes-frontière arrêtent chaque année des dizaines de milliers de personnes en situation illégale, on a certainement perdu toute faculté de réflexion logique. Que dirions-nous si les responsables d’un match de football laissaient d’abord entrer tous les gens dans le stade pour tenter ensuite de contrôler les personnes qui n’avaient pas le droit d’entrer? De ce point de vue, la campagne d’economiesuisse est plus honnête: elle part du principe qu’il y aura plus de criminels en Suisse et qu’il faudra donc davantage d’agents de police. Mais pourquoi engager des policiers supplémentaires alors qu’il suffirait de maintenir les contrôles aux frontières?
Compte tenu de l’importance de cette votation populaire, l’UDC invite le Conseil fédéral à ne pas toucher aux droits démocratiques du peuple par quelle que mesure que ce soit. Le gouvernement doit donc agir comme suit dans cette campagne:
Nous constatons que les informations publiées jusqu’ici et les préparatifs auxquels à procédé l’administration fédérale sont du poison pour notre démocratie. L’administration fédérale n’a pas le droit de manipuler l’opinion publique par des mesures de propagande de la pire espèce. Elle est au service de tous les citoyens. Nous invitons donc le Conseil fédéral à veiller à ce que l’information précédant le vote sur Schengen soit ouverte et transparente et aussi qu’elle respecte les adversaires du projet. En fait, le Conseil fédéral n’a qu’un moyen de lever la méfiance et le malaise qui règnent actuellement: soumettre l’accord de Schengen au référendum obligatoire.
Nous espérons que le Conseil fédéral saura garder dans cette campagne de votation la réserve que lui impose le système politique suisse. C’est aux partis et milieux intéressés qu’il appartient de mener le combat politique.