Schengen, de la belle utopie à la triste réalité

"La criminalité ne connaît pas de frontières et les zones urbaines, telles que Lausanne, sont particulièrement touchées par les diverses formes de criminalité transfrontalière telles que le trafic…

Yvan Perrin
Yvan Perrin
conseiller national La Côte-aux-Fées (NE)

« La criminalité ne connaît pas de frontières et les zones urbaines, telles que Lausanne, sont particulièrement touchées par les diverses formes de criminalité transfrontalière telles que le trafic organisé de drogues ou les cambriolages par bandes. La participation de la Suisse aux accords de Schengen et Dublin permettra de combattre de façon plus efficace, rapide et durable la criminalité moderne ».

Dans un communiqué du 18 mai 2005, c’est par ces mots que la municipalité de Lausanne appelait la population locale à soutenir les accords de Schengen-Dublin lors de la campagne menée suite au référendum lancé par notre parti. Très inspiré, l’exécutif ajoutait : « Si elle restait à l’écart, la Suisse pourrait devenir le maillon faible de la sécurité européenne ». Aujourd’hui, cinq ans plus tard, on ne peut que saluer la clairvoyance des auteurs de ce grand moment de littérature.

Il est difficile de dire si nous serions réellement devenus le maillon faible de la sécurité européenne en refusant d’adhérer à ce grand libre service de la criminalité mais il faut bien constater qu’avec notre entrée dans l’espace Schengen le 12 décembre 2008, la Suisse est devenue le maillon faible de la sécurité en Suisse.

Un espace de liberté et de sécurité nous était promis par le Conseil fédéral, Micheline Calmy-Rey en tête. Voici ce qu’elle déclarait le samedi 19 mars 2005 lors de l’assemblé des délégués du Parti socialiste à La Chaux-de-Fonds : »On ne lutte pas contre la pornographie à caractère pédophile, la traite des femmes, les bandes de passeurs et la criminalité transfrontalière en général avec des instruments du XIXème siècle. Schengen nous apportera plus de sécurité ». Bien vu!

Des frontières extérieures sûres, une liberté de mouvement totale à l’intérieur. Voici le principe ô combien naïf qui a présidé à la mise en place de ce qui s’annonce comme un désastre sécuritaire sans précédent. L’idée est séduisante sur le papier, le problème, c’est que ça ne sert à rien d’avoir un solide grillage autour du poulailler si le renard est déjà dedans. C’est bien ce qui arrive aujourd’hui et les poules, c’est nous.

Schengen a livré notre population à une criminalité qui a très bien compris tout le profit qu’elle peut tirer de l’absence de frontières. Chaque jour nous apporte désormais son lot de faits divers dont les acteurs sont la plupart du temps des délinquants venus d’ailleurs. Ce n’est pas un hasard si c’est dans les zones frontalières que la situation est la plus préoccupante. La frontière ayant été abolie pour les délinquants mais conservée pour la police, à quoi bon se gêner ? N’en déplaise aux plus fervents partisans de Schengen, les chiffres nous donnent clairement raison, nous qui avons dénoncé dès le début le caractère utopique de l’entreprise. Nous avons donc sans surprise pris connaissance du rapport annuel 2009 de la criminalité établi par l’Office fédéral de la statistique. Selon cet organisme, le canton de Genève détient la palme de l’insécurité avec 110,2 infractions pour 1000 habitants. Le chiffre monte même à 190,7 pour la seule ville de Genève. Cruelle réalité comparée à Fribourg, canton qui n’a pas de frontières extérieures et qui est donc nettement moins touché par les conséquences de Schengen, 53,6, soit la moitié moins sans parler d’Appenzell Rhodes-Intérieurs et ses 26,9.

La faillite de Schengen est telle que Monica Bonfanti, Cheffe de la police genevoise s’est autorisée à admettre publiquement sur les ondes d’une radio locale que notre entrée dans cet espace constituait un outil de moins dans la répression de la délinquance. Ces propos ont naturellement déclenché la fureur des partisans de Schengen qui refusent de voir la réalité en face et s’insurgent donc logiquement contre le fait que la hiérarchie évoque les causes réelles de l’insécurité croissante.

Hélas pour eux, la base policière confirme ces propos. Voici ce qu’écrit le président de l’Union du Personnel du Corps de Police du canton de Genève sur son blog: « À travers sa réponse courageuse, en confirmant que Schengen n’arrange clairement pas les choses, Madame la Cheffe de la Police a mis à jour ce que nombreux pensent tout bas à la police et sur certains bancs du Parlement ».

A l’époque, on présentait la police comme acquise à Schengen et à son fameux SIS. Manifestement, à Genève, elle a changé d’avis. Il est vrai que les policiers sont aux premières loges non seulement pour constater le désastre mais aussi pour en faire les frais puisqu’il leur appartient de limiter les dégâts causés par la coupable candeur des acteurs politiques.

Dimanche 18 avril encore, ce sont des Français qui sont venus emprunter des grosses cylindrées dans un garage bernois. Pris en chasse par la police, ceux-ci ont tenté de prendre la fuite. Au cours d’une tentative visant à passer en force à un barrage, l’un des voleurs a été tué d’un coup de feu tiré par un agent. Pas toujours prompte à s’occuper des délinquants, la justice a par contre fait preuve d’une célérité remarquable pour entendre et inculper le policier qui est maintenant sous le coup d’une enquête pour homicide. Cela va sans doute motiver les forces de l’ordre qui doivent assurer le service après-vente de ce triste concept.

Schengen est un désastre, c’est maintenant un fait établi mais il convient d’être honnêtes, nous avons notre part de responsabilités. Non contents d’abolir les frontières et d’inviter ainsi les délinquants à venir pratiquer chez nous, nous avons veillé à ce qu’ils n’encourent que des désagréments modestes en cas d’arrestation en affaiblissant notre code pénal avec les jours-amendes. Butin potentiel élevé, risques d’arrestation faibles, peines ridicules, notre pays présente désormais toutes les caractéristiques propres à intéresser les malfrats d’Europe et d’ailleurs. Les statistiques le confirment déjà, à l’heure actuelle, 14,2% des prévenus enregistrés sont des étrangers sans permis de séjour de longue durée, en clair des touristes criminels. Au vu de la facilité avec laquelle notre pays accueille les délinquants, nous ne sommes qu’au début.

Le constat est sans appel mais malheureusement, il n’y a rien à attendre de la part du Conseil fédéral qui s’est engagé sans compter en faveur de Schengen et ne peut donc admettre qu’il s’est trompé. On se réjouit d’ailleurs de voir comment nos Sages vont s’y prendre pour faire passer cette débâcle pour un succès.

Avec Schengen désormais, les délinquants venus d’ailleurs sont ici chez eux. Nous nous sommes privés du moyen de les tenir à distance et ce n’est pas le système d’information Schengen qui changera quelque chose. L’outil est peut-être bon mais il n’est pas utilisé puisqu’il n’y a plus personne pour faire les contrôles. Pour rétablir la sécurité dans nos rues, le seul remède viendra de notre parti, c’est notre initiative pour l’expulsion des étrangers criminels. Puisque les criminels entrent sans problème, veillons au moins à ce qu’ils ne fassent pas long chez nous.

Yvan Perrin
Yvan Perrin
conseiller national La Côte-aux-Fées (NE)
 
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