L’initiative populaire « 1:12 – Pour des salaires justes » a été déposée par la Jeunesse Socialiste le 21 mars 2011, forte de 113‘005 signatures valables. Elle exige que – dans une même entreprise…
Géraldine Savary, conseillère aux Etats (PS), Lausanne (VD)
Contexte:
L’initiative populaire « 1:12 – Pour des salaires justes » a été déposée par la Jeunesse Socialiste le 21 mars 2011, forte de 113‘005 signatures valables. Elle exige que – dans une même entreprise – personne ne puisse gagner, en un mois, plus que quiconque en une année. Objectif : que ce principe d’un ratio maximal de 1 à 12 entre les salaires soit définitivement ancré dans la Constitution fédérale.
Ce dernier n’a toutefois rencontré qu’un maigre soutien au Conseil fédéral comme au Parlement. Dans son message du 11 janvier 2012, le gouvernement s’est ainsi exprimé en faveur d’un rejet de l’initiative sans lui opposer de contre-projet. Le Conseil national ainsi que le Conseil des États ont suivi en la refusant par 130 voix contre 56 (1 abstention), respectivement par 28 voix contre 10 (4 abstentions) le 22 mars 2013. Il revient donc désormais au peuple et aux cantons de se prononcer. Ce sera le 24 novembre 2013.
Appréciation:
Ces trente dernières années, l’écart salarial n’a cessé de se creuser dans notre pays. Tandis que les rémunérations de l’immense majorité des employé-e-s n’a que peu progressé. Les salaires des cadres supérieurs ont littéralement explosé. Notamment en raison du versement régulier de bonus qui ont permis aux managers de s’enrichir au détriment de tous les autres. Cette pratique a débouché sur la recherche compulsive du profit immédiat et la perte du sens des responsabilités. A part ces quelques privilégiés, personne n’y trouve son compte et c’est justement ce que l’initiative entend changer.
Même pendant la dernière crise économique et financière, les managers ont touché des salaires indécents et des bonus de la même espèce. A titre d’exemple l’UBS, malgré les quelque 2,5 milliards de pertes enregistrées en 2012, a versé le même montant en bonus durant la même période. En dépit de ce résultat catastrophique, sa seule direction s’est partagé plus de 70 millions de francs. C’est à la fin des années 90 que les rémunérations des cadres supérieurs ont irrésistiblement pris l’ascenseur. Pour aboutir, en 2011, à une somme de 4,77 millions de francs pour la moyenne du plus haut salaire versés par les grandes entreprises cotées en bourse. Un montant qu’une employée lambda met environ 66 ans à rassembler.
L’initiative « 1:12 » veut mettre un terme définitif à ces excès. Aujourd’hui, les profiteurs décident seuls de l’ampleur de leur rémunération avec pour seul souci de s’en mettre plein les poches. Tous les autres ne sont que spectateurs. L’initiative a pour objectif de leur permettre d’avoir leur mot à dire et de garantir que toute la collectivité profite des gains de productivité.
Evidemment, certains de ces managers ne résistent pas à jouer la carte du chantage aux délocalisations et aux suppressions d’emplois. Oser prétendre qu’il est impossible de trouver des cadres supérieurs aussi talentueux que motivé-e-s pour un salaire annuel de plus d’un demi-million de francs démontre toutefois qu’ils ont effectivement perdu tout contact avec la réalité.
L’initiative « 1:12 » est une composante essentielle de la campagne socialiste pour une meilleure répartition des richesses dans notre pays. Ensemble, nous sommes en mesure d’empêcher que les top-managers s’octroient la plus grande part du gâteau en ne laissant que les miettes à leurs subordonnées.