Nous nous sommes réunis aujourd’hui à cet endroit pour fêter le 20e anniversaire du non à l’EEE. A cette époque, j’étais encore une enfant et je ne comprenais bien sûr pas l’importance de cette…
Lara Filippini, députée, Bironico (TI)
Nous nous sommes réunis aujourd’hui à cet endroit pour fêter le 20e anniversaire du non à l’EEE. A cette époque, j’étais encore une enfant et je ne comprenais bien sûr pas l’importance de cette votation. Mais aujourd’hui, il ne se passe guère un jour où je ne remercie pas ces 50,3% de citoyennes et de citoyens qui, en 1992, ont déposé un non dans l’urne.
L’acceptation de l’EEE aurait ouvert toutes grandes les portes à l’adhésion à l’UE et nous aurions pu oublier l’histoire et le passé de notre pays. Mais pourquoi y renoncer? Pour confier notre sort à une classe politique européenne qui aurait décidé de notre avenir comme si nous étions des marionnettes?
Tout ce que les autres partis, socialistes en tête, veulent nous faire accepter n’est qu’illusion. Pire, on veut nous faire avaler une pilule amère sans nécessité aucune.
Encore heureux que nous vivions dans un pays libre, indépendant et neutre où nous pouvons participer aux décisions politiques par le référendum et l’initiative populaire.
Pour moi, la démocratie directe est l’artère vitale de la Suisse et j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi la gauche ainsi que le PDC veulent nous pousser dans un carcan où nous n’aurions presque plus aucun droit de participation, où nous ne pourrions plus décider démocratiquement de ce qui nous convient et de ce qui ne nous convient pas, donc où nous serions privés de notre voix.
La gauche ne cesse de nous harceler – non pas parce qu’elle tient particulièrement à l’Europe, mais pour pouvoir continuer de distribuer de l’argent à tour de bras et pour maintenir en vie le chaos énorme qu’elle a provoqué. Elle se moque complètement des effets négatifs perceptibles partout de la libre circulation des personnes et ne veut pas savoir que l’accord de Schengen a augmenté l’insécurité en Suisse alors qu’elle nous avait promis le contraire.
Nous autres Tessinois, nous sommes confrontés à une foule de problèmes directement liés à la libre circulation des personnes. Les jeunes habitants de notre canton en sont les premières victimes, car les effets négatifs de la libre circulation se répercutent directement sur le marché du travail.
Même le journal « New York Times » s’est intéressé à la campagne de l’UDC tessinoise qui, sous le titre de « Quand le chat dort, les souris dansent » dénonçait les dysfonctionnements affectant le canton du Tessin alors que personne ne se préoccupe des inquiétudes et des soucis de la population.
En novembre 2010, lorsque nous avons lancé la campagne, le Tessin comptait 48 500 frontaliers. Aujourd’hui, fin début décembre 2012, ils sont déjà 55 789. Faudra-t-il attendre 60 000 pour que les autorités concernées réagissent enfin? Alors qu’au début les frontaliers travaillaient surtout dans les secteurs où il existait réellement une pénurie de main-d’œuvre, on les trouve aujourd’hui dans toutes les branches et leur présence nombreuse provoque une baisse constante des salaires.
Compte tenu de la force du franc suisse et du moindre coût de la vie en Italie, les Italiens peuvent sans problème accepter des salaires plus bas, alors que cela n’est guère possible pour les jeunes Tessinoises et Tessinois qui habitent et consomment en Suisse.
C’est dire que les perspectives sont sombres. Le gouvernement cantonal vient certes de se réveiller, mais uniquement pour annoncer que les salaires tessinois continueraient de baisser, car le dialogue n’est pas possible avec l’Italie qui ne se sent pas concerné par ce problème. Il faut bien dire que notre voisine du sud a la déplaisante habitude de se tenir en réserve à chaque fois que ses propres intérêts ne sont pas en cause.
A côté de l’augmentation constante du chômage, due au fait que la priorité nationale a été supprimée et que les arts et métiers locaux souffrent de la concurrence italienne bon marché, le Tessin doit affronter une hausse massive de la criminalité. La statistique est claire à ce sujet. Et si l’ambassadeur UE veut nous faire peur et annonce la fin de la voie bilatérale, je me dis « qu’ils y aillent! ». Oui, je suis prête à lui donner raison. La voie bilatérale, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, est fausse. Il faut effectivement se remettre autour de la table, débattre point par point et, si nécessaire, renégocier. Il est grand temps que la Suisse cesse de donner pour ne jamais rien recevoir en contrepartie.
Nous devons conserver notre pays et son économie pour les jeunes, mais aussi pour les femmes et les hommes de 40 ou 50 ans qui veulent se réinsérer dans le monde du travail. Nous devons prendre soins des atouts de notre pays et nous montrer respectueux et reconnaissants à l’égard des générations anciennes auxquelles nous devons ce fondement qui nous permet aujourd’hui de vivre mieux que nos voisins.
Je souhaite pour notre avenir à tous une Suisse qui reste libre, indépendante et neutre et dans laquelle le peuple a toujours le dernier mot. Je veux une Suisse dans laquelle les jeunes ont une chance réelle d’obtenir une place d’apprentissage et ne doivent pas émigrer pour trouver du travail. Je veux une Suisse dans laquelle nous puissions nous sentir en sécurité, où la criminalité est combattue par des contrôles rigoureux aux frontières, dans laquelle la police est soutenue dans son effort de nous protéger et où une armée performante est prête à défendre le pays et son peuple en cas de besoin.
Je veux une Suisse et un Conseil fédéral qui se battent contre les immixtions de l’extérieur dans nos affaires intérieures, un gouvernement qui ne s’excuse pas à l’étranger parce que son peuple a décidé de prendre son avenir en main. Je serais heureux si Ueli Maurer n’était pas le seul conseiller fédéral à se comporter de la sorte, mais que ses collègues ministres en fassent autant.
J’aime la Suisse et tous mes efforts en tant que citoyenne et députée visent la protection et la prospérité de ma patrie, de mes concitoyens, les jeunes notamment, pour leur offrir une bonne chance d’avenir. Voilà pourquoi je me battrai toujours contre l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne.