La crise économique se prolonge dans de nombreux pays européens. Un rétablissement n’est pas en vue, bien au contraire. Quelques jours après Pâques, les médias ont annoncé que le taux de chômage…
La crise économique se prolonge dans de nombreux pays européens. Un rétablissement n’est pas en vue, bien au contraire. Quelques jours après Pâques, les médias ont annoncé que le taux de chômage avait atteint 12% dans les 17 pays de la zone euro. La situation est encore plus tragique chez les jeunes: près d’un quart des moins de 25 ans sont au chômage. Déjà parle-t-on çà et là d’une « génération perdue » composée de jeunes gens frustrés, car sans aucun avenir professionnel. En comparaison, les conditions régnant en Suisse sont presque paradisiaques: le taux de chômage global est de 3,4%, voire de 3,6% chez les moins de 25 ans.
Cette situation exceptionnelle de l’économie et de l’emploi est due essentiellement à la formation et aux capacités des Suissesses et des Suisses. Ce capital humain est incontestablement la principale ressource de notre pays. Grâce au système de formation dual, qui combine l’enseignement théorique général à l’école avec la formation pratique dans l’entreprise, nous disposons d’un modèle de formation performant qui a fait la preuve de son efficacité.
Mais nous aurions grand tort de nous reposer sur nos lauriers. De lourdes menaces pèsent sur notre système de formation et, partant, sur l’avenir de notre jeunesse. L’économie et, plus particulièrement, les maîtres d’apprentissage et responsables d’apprentis se plaignent de plus en plus souvent de ce que le « bagage » des jeunes sortant de l’école obligatoire est certes plus lourd qu’autrefois, mais qu’il est rempli de détails inutiles, alors que les aptitudes essentielles à la vie professionnelle font défaut. En clair, les connaissances de base, les aptitudes indispensables et la volonté à l’effort des adolescents quittant l’école obligatoire sont en baisse constante. Le fondement nécessaire au succès de la formation professionnelle s’effrite. Pour avoir du succès et pour pouvoir créer des emplois, l’économie a absolument besoin de jeunes Suissesses et Suisses bien formés. Faute de les trouver dans le pays, elle est obligée de les chercher à l’étranger, donc de faire venir de la main-d’œuvre étrangère pendant que de nombreux jeunes Suisses risquent de tomber au chômage et à la charge des institutions sociales. Nous autres, chefs d’entreprise suisses, nous voulons éviter un tel développement, mais il faut que l’école obligatoire enseigne aux jeunes les aptitudes et connaissances dont ils ont besoin pour suivre avec succès une formation professionnelle.
L’UDC prend très au sérieux les déficiences du système scolaire suisse. Elle a donc chargé sa commission de la formation d’analyser, de concert avec des entreprises et leurs responsables des apprentis, cette problématique et d’en déduire des solutions utiles. Nous vous présentons aujourd’hui sous le titre « Monde professionnel et école obligatoire » un document qui a été rédigé en collaboration avec des enseignants, des maîtres d’apprentissage et des entreprises. Cette réflexion a été soumise au sein de l’UDC à nos directeurs cantonaux de l’instruction publique, à des chefs de PME et autres spécialistes cantonaux de la formation, puis elle a été développée et précisée à la lumière de ces avis. Nous organiserons de surcroît un congrès spécial le 15 juin 2013 pour permettre aux membres du parti et à d’autres personnes intéressées d’en discuter en détail.
Avant de passer la parole aux autres intervenants, je tiens à retenir que l’UDC a parfaitement identifié les problèmes centraux de la formation des enseignants (de l’école obligatoire) et du rôle qui est actuellement dévolu aux maîtres d’école. Ces problèmes sont dus pour l’essentiel aux agissements des théoriciens et bureaucrates de l’instruction publique. L’UDC a publié à ce sujet en janvier 2012 déjà un document de fond sur « l’apprentissage d’enseignant » qui a suscité un large écho positif, notamment dans les milieux de l’enseignement. Nous demandons notamment un nouveau positionnement de la profession d’enseignant en donnant à ce dernier plus de responsabilité et une plus grande marge créative pour atteindre les objectifs visés. En d’autres termes, il s’agit de revaloriser le métier d’enseignant. Il faut rétablir les maîtres de classe expérimentés qui ont la capacité de conduire les élèves et d’en assumer la responsabilité. Les maîtres secondaires doivent de surcroît acquérir des expériences dans le monde professionnel hors de l’instruction publique afin qu’ils sachent ce qui attend les jeunes. Aujourd’hui, la responsabilité des élèves est dispersée entre une foule d’enseignants spécialisés et autres spécialistes en pédagogie sociale et curative, une situation d’irresponsabilité parfaitement organisée où plus personne n’assume la moindre responsabilité. Produisant de surcroît des concepts et moyens d’enseignement complètement à côté de la réalité, cette politique scolaire mine et, finalement, détruit notre système de formation.
Un dernier mot à l’adresse des élus politiques et notamment de ceux parmi eux qui se considèrent comme des spécialistes de l’instruction publique et dont la recette est toujours la même: injecter plus d’argent dans l’instruction publique, de l’argent qui coule à flot, mais qui sert principalement à donner une mauvaise formation aux enseignants, à mettre en place des concepts scolaires inefficaces, à produire des moyens d’enseignement inutilisables, à payer des théoriciens de la formation aux idées irréalistes et à employer une armée de spécialistes en pédagogie sociale et curative. Bref, cette « recette » n’est d’aucune utilité pour l’instruction publique, mais elle accélère au contraire son déclin.
L’UDC veut stopper ce développement néfaste en attaquant le mal à la racine.
Nous le devons à nos enfants et à nos entreprises d’apprentissage.