Engageons-nous pour une "Suisse sûre, indépendante, juste et libre"!
Mesdames et Messieurs,
Chère famille UDC,
Je suis heureux de pouvoir vous parler aujourd’hui à Langenthal. Cette localité est d’une importance particulière pour notre armée de milice. C’est ici qu’a eu lieu en 1822 la première fête fédérale des officiers. Cette manifestation est considérée aujourd’hui comme une des principales impulsions déclenchant une prise de conscience nationale dans cette Suisse qui, en 1815, a réussi non sans peine à se former par un traité d’alliance fédérale des 22 cantons.
Notre armée de milice a toujours été un élément essentiel de la communauté de valeurs suisse. Des personnes de toutes les régions culturelles du pays se retrouvent au sein de l’armée dans la volonté commune de protéger le pays. Cette volonté s’est pour la première fois exprimée avec force ici à Langenthal en 1822 lorsque des officiers de milice de toute la Suisse se sont réunis pour la première fête fédérale des officiers.
Et comme ces officiers il y a 194 ans, vous aussi, Mesdames et Messieurs, vous êtes animés de la ferme volonté de vous engager pour notre pays et pour ses valeurs. Je vous en remercie chaleureusement.
Lors de la dernière assemblée des délégués de l’UDC, le 23 janvier à Will dans le canton de St-Gall, j’ai dit que la situation internationale était plus imprévisible et plus trouble que jamais et que ce développement inquiétant ne se produisait pas dans des pays lointains, mais juste devant notre porte. Exactement deux mois plus tard, les horribles attentats de Bruxelles ont confirmé mes craintes.
Mesdames et Messieurs, nous vivons à une époque qui nous lance des défis que nous ne saurions sous-estimer, des défis qui touchent à la sécurité de notre pays et de sa population.
Trop longtemps la sécurité a joué un rôle mineur en politique. Après la chute du mur de Berlin on croyait à l’ouverture d’une ère de paix et de stabilité. Nous savons aujourd’hui que ces espoirs étaient vains. Le monde n’est ni plus paisible, ni plus stable. C’est le contraire qui est vrai. Mais comme souvent dans l’histoire on ne réalise la valeur de la sécurité que lorsque la menace est aiguë.
Le thème de la sécurité est sorti de l’ombre et il marquera sans doute le débat politique en Suisse dans les années à venir. Il s’agit de savoir ce que nous devons faire pour protéger la sécurité de la Suisse, de définir les instruments nécessaires à cet effet, la manière de les utiliser et bien sûr aussi de les financer.
Le DDPS est responsable en priorité de la sécurité du pays. Il n’est pas le seul département à s’occuper de la sécurité, mais il joue un rôle directeur dans ce domaine. Les cantons et les communes ont aussi d’importantes tâches de sécurité à accomplir. Mais au niveau de la Confédération, c’est le DDPS qui, avec l’armée, met à disposition le principal moyen pour protéger la sécurité de notre pays.
Pour permettre à notre armée de remplir sa mission de principal instrument de sécurité de la Suisse, nous devons lui donner les moyens de réagir de manière adéquate aux éventuels dangers. Nous avons donc besoin d’une armée dont les membres sont bien formés, d’une armée équipée de suffisamment de matériel pour répondre aux exigences de sa tâche. Mais nous avons aussi besoin d’une armée qui peut être engagée rapidement et de manière souple, d’une armée fortement ancrée dans les régions. Voilà les objectifs du développement de l’armée, le projet DEVA.
La phase parlementaire du projet a été achevée en mars. Sous réserve du délai référendaire, je prévois que la majeure partie du DEVA sera réalisée dans cinq ans.
Oui, Mesdames et Messieurs, l’armée sera réduite, mais, contrairement à aujourd’hui, ses membres et formations pourront à l’avenir compter sur un équipement complet et moderne.
Il est incontestable que la formation doit être améliorée. Les futurs cadres suivront une école de recrue complète et chaque galon devra être complètement payé.
La réintroduction d’un système de mobilisation augmentera notablement la disponibilité de l’armée. En l’espace de dix jours, nous pouvons mobiliser, équiper complètement et engager 35 000 membres de l’armée.
On peut aujourd’hui comparer l’armée à une équipe de hockey qui dispose certes de trois blocs complets, mais dont une partie seulement des joueurs sont équipés de patins, cannes, casques et gants. En outre, les lames de quelques patins ne sont pas aiguisées, quelques gants ont des trous et quelques casques manquent de mentonnière. A chaque changement de ligne, le matériel doit d’abord être remis d’un joueur à l’autre.
Avec le projet DEVA nous n’avons certes plus que deux blocs, mais ceux-ci sont complètement prêts à être engagés. Chaque joueur est bien équipé et peut se lancer sans délai. Cette équipe nous permet de gagner, la précédente sans doute non.
L’armée doit pouvoir être rapidement mobilisée et engagée dans des situations qui échappent au contrôle de la police et qui exigent des moyens supplémentaires (ou plus robustes). Elle en sera capable grâce au projet DEVA.
Le service de renseignement est un autre instrument important – et même de plus en plus important face à une situation trouble qui change constamment.
Je considère le service de renseignement comme un instrument central de notre sécurité. Il forme nos yeux et nos oreilles. Nous en avons d’autant plus besoin que les turbulences du monde qui nous entoure augmentent. Pour savoir ce que nous devons faire et à quoi nous devons nous préparer, nous devons d’abord savoir ce qui se passe et ce qui va arriver. Voilà la tâche centrale du service de renseignement: fournir les bases des décisions.
Le service de renseignement joue également un rôle central face à la menace actuellement la plus grande et la plus aiguë: le terrorisme international. Il constitue l’instrument qui doit nous fournir des informations. Le but est de savoir où, dans quelle mesure et par qui la Suisse est menacée par des actes terroristes. A notre époque marquée par des organisations terroristes comme l’Etat islamique et AlQaida ainsi que par les voyageurs djihadistes venant de toute l’Europe, ce rôle du service de renseignement est beaucoup plus important qu’il y a quelques années.
Le durcissement de la menace, notamment en provenance du terrorisme, a engagé un nouveau mode de penser en Suisse. On a compris que le service de renseignement était mal armé pour répondre à cette menace. Voilà pourquoi il est nécessaire de nous doter d’une nouvelle loi sur le service de renseignement. Cette loi accorde au service de renseignement des moyens qui lui était refusés jusqu’à présent. Aujourd’hui, le service de renseignement ne peut récolter des informations qu’aux sources publiquement accessibles. A l’avenir il pourra dans certaines conditions surveiller des conversations téléphoniques et le trafic postal, poser des appareils de localisation et de surveillance ou pénétrer dans des ordinateurs.
Ces mesures sont nécessaires pour protéger la Suisse contre des attentats terroristes. La simple surveillance d’espaces publics et la recherche sur internet ne seront plus suffisantes alors que des terroristes et criminels exploitent toutes les possibilités du cyberespace. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle loi sur le service de renseignement. Nos moyens actuels ne nous permettent guère d’agir dans le cyberespace. Je suis convaincu que nous pourrons faire comprendre cela à la population durant la campagne de votation qui nous attend. Ce d’autant plus que cette loi impose pour l’autorisation de telles interventions des procédures claires et strictes afin de protéger dûment la sphère privée des citoyens.
Pour conclure, je veux évoquer le thème qui, actuellement, nous fait sans doute le plus de soucis: la migration.
L’Europe est aujourd’hui confrontée aux plus grands mouvements migratoires depuis la Deuxième Guerre mondiale. Comparativement à d’autres pays européens, la situation était jusqu’ici relativement calme en Suisse bien que près de 40 000 demandes d’asile aient été déposées l’an passé chez nous. Mais le principal problème est que nous ne savons pas comment les choses vont évoluer. Il est quasiment certain que les mouvements reprendront à la fin de ces mois d’hiver relativement calmes. La question est de savoir dans quelle mesure et à quel rythme.
La Suisse n’est bien entendu pas restée inactive face à ce développement. Elle était d’ailleurs obligée d’agir. On a pris des mesures, on a écrit des documents, on a mené des discussions intenses à tous les niveaux entre la Confédération, les cantons et les communes.
Le Conseil fédéral a été fortement occupé ces dernières semaines et ces derniers mois par cette thématique, sachant bien que la situation s’aggraverait à nouveau avec la venue du printemps. Nous avons pris des mesures préventives en collaboration avec les départements et d’entente avec les cantons, toujours dans le but d’être prêts au cas où la situation s’aggraverait.
Le Conseil fédéral a pris plusieurs décisions à ce sujet le 11 avril dernier. Partant de scénarios prévoyant l’escalade de la situation, les planifications préventives dans les domaines de l’asile et de la protection des frontières ont été harmonisées. Le Conseil fédéral a pris des mesures et défini les moyens permettant de réagir à une détérioration de la situation. Il a défini la conduite et les compétences en cas de crise.
Il est évident que toutes ces mesures ont été prises en étroite collaboration et d’entente avec les cantons.
Au niveau fédéral, la direction des affaires dans le domaine de la migration appartient au DFJP. Le DDPS y joue également un rôle important, car il dispose des moyens nécessaires pour répondre à une détérioration de la situation. Ce constat vaut notamment pour la logistique où le DDPS soutient la recherche de logements pour les réfugiés. Les besoins de l’armée et de la protection de la population sont cependant toujours prioritaires par rapport à ceux de l’asile. En clair, cela signifie que la mise à disposition de locaux par le DDPS ne doit pas restreindre de manière intolérable la formation, le service et l’engagement militaires.
Le DDPS peut aussi soutenir le Corps des gardes-frontière. Pour garantir ce soutien, l’armée a restructuré les services militaires de manière à ce que 1300 membres de l’armée puissent à tout moment être mis à disposition du Corps des gardes-frontière et 700 autres pour diverses tâches de soutien.
Les professionnels de la sécurité militaire seraient donc les premiers à intervenir. Si leur nombre ne suffit pas, ils seraient renforcés par des militaires en service long et, en deuxième priorité, par des militaires effectuant un cours de répétition. De surcroît, un bataillon sera toujours prêt à intervenir en cas de besoin.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis de l’UDC,
J’ai dit au début mon intervention que nous vivions à une époque qui nous lance des défis qu’il faut bien se garder de sous-estimer. C’est précisément en ces temps que nous devons non seulement nous souvenir de nos valeurs suisses, mais que nous devons aussi être prêts à les défendre. Sans sécurité, il n’y a ni indépendance, ni justice, ni liberté pour la société, pour l’économie, pour nous tous. Donc, engageons-nous pour une "Suisse sûre, indépendante, juste et libre"!