C’était prévisible: en marge du programme de stabilisation de la monnaie européenne des voix se sont élevées pour faire pression sur la Suisse afin qu’elle augmente ses contributions financières…
C’était prévisible: en marge du programme de stabilisation de la monnaie européenne des voix se sont élevées pour faire pression sur la Suisse afin qu’elle augmente ses contributions financières. Aussi grossières que bruyantes, ces interventions témoignent surtout d’une ignorance crasse de la situation réelle – la Suisse apporte déjà une contribution financière notable à l’euro via le Fonds monétaire international (FMI). Mais il suffira quelques jours à l’UE pour se concerter et cibler ses revendications plus précisément. Le Conseil fédéral fait preuve – pour le moment en tout cas – de fermeté (il a agi de la même manière dans d’autres cas avant de s’écrouler). Mais en déclarant qu’il n’avait pas reçu de demande officielle jusqu’ici de la part de Bruxelles, le gouvernement suisse n’oppose pas un refus clair et net, mais signale plutôt qu’il est prêt à discuter. On ose espérer que pour une fois au moins il ne fasse pas passer les contribuables suisses à la caisse pour payer les erreurs de l’UE.
La participation de la Suisse au programme de stabilisation du FMI en faveur de la Grèce et de la zone euro est déjà suffisamment irritante. Bien sûr, il ne s’agit « que » de garanties accordées par la Banque nationale suisse, mais en fin de compte ces moyens financiers ne sont plus à disposition pour d’autres engagements et, en cas de perte, le contribuable suisse serait tout de même touché du fait que les dividendes versés par la BNS diminueraient. L’UDC avait à l’époque refusé l’adhésion au FMI dont l’utilité pour la Suisse est plus que douteuse. Le bien-fondé de ce scepticisme est confirmé aujourd’hui. Le Parlement serait bien inspiré d’examiner d’un œil critique d’éventuels nouveaux crédits accordés au FMI au lieu d’accepter sans discuter les propositions du Conseil fédéral.
Pour l’UDC, il est hors de question que la Suisse verse des contributions financières aux pays de la zone euro au-delà du cadre du FMI. Si la Suisse est en bonne position aujourd’hui face à la crise économique et financière, c’est parce qu’elle a plus au moins bien réussi à contrôler ses finances et qu’elle a mené une politique monétaire indépendante et efficace. La majorité des Etats de la zone euro n’ont pas fait leur travail et ont abandonné les grands principes qu’ils se sont donnés. On entend déjà des voix proposant une fuite en avant sous la forme d’une intégration encore plus forte des pays euro avec à la clé une centralisation de la politique économique et financière. Il n’est dès lors pas étonnant que la crise actuelle ait provoqué des tensions politiques internes dans la zone euro. Et comme de coutume en pareil cas, les politiques lancent des accusations contre l’étranger pour détourner l’attention de leurs propres défaillances. La Suisse a largement fait l’expérience de cet état d’esprit durant les années écoulées. Ce qui serait nouveau, en revanche, c’est que le Conseil fédéral ne se laisse pas intimider par ces gesticulations et qu’il reste ferme.