éditorial

Et que fait la Suisse?

La France a bloqué ces derniers jours des trains en provenance d’Italie pour stopper l’afflux de réfugiés économiques originaires d’Afrique du Nord. La frontière avec l’Italie est à nouveau…

Martin Baltisser
Martin Baltisser
(AG)

La France a bloqué ces derniers jours des trains en provenance d’Italie pour stopper l’afflux de réfugiés économiques originaires d’Afrique du Nord. La frontière avec l’Italie est à nouveau systématiquement contrôlée. Selon des informations parues dans la presse, l’Italie a commencé à accorder un séjour provisoire aux immigrants provenant de Tunisie, si bien que ces personnes peuvent désormais voyager librement en Europe. Et que fait la Suisse? Pour le moment, les autorités restent les bras croisés. Il ne se passe certes pas un jour sans que la ministre de la justice n’annonce qu’elle va intervenir rigoureusement partout où cela sera nécessaire. Mais dans la réalité rien ne se passe. Les trains en provenance d’Italie peuvent toujours franchir la frontière suisse sans contrôle. Et pas plus que la précédente, la nouvelle direction du DFJP n’est pressée d’accélérer la procédure d’asile et de résoudre les innombrables problèmes qui affectent ce domaine.

Une commission du Conseil des Etats a écrit en novembre 2010 le dernier chapitre de la triste histoire qu’est devenue la révision de la législation sur l’asile. Au lieu d’examiner rapidement ce projet en tenant notamment compte des propositions de l’UDC pour raccourcir les procédures, la commission a renvoyé la balle au DFJP qui, lui, reporte depuis des années la solution de problèmes urgents comme par exemple celui des objecteurs de conscience d’Erythrée. Et voici que les responsables annoncent à nouveau dans la presse dominicale un durcissement de l’attitude de la Suisse. Le Conseil fédéral, nous promet-on, fera prochainement des propositions au Parlement. Le temps des effets d’annonce est terminé pour la conseillère fédérale Sommaruga. Nous voulons enfin voir des actes.

Les autres agissent, la Suisse regarde
Les informations que les citoyennes et les citoyens reçoivent concernant le problème de plus en plus grave des émigrants économiques affluant d’Afrique du Nord sont aussi vagues que les idées de la conseillère fédérale Sommaruga en politique d’asile. On constate cependant que les pays voisins de la Suisse réagissent et intensifient leurs contrôles aux frontières. Ils ont de bonnes raisons à cela. Le nombre de passages frontaliers augmente rapidement. Il faut se rappeler que la Suisse ne contrôle plus systématiquement ses frontières depuis son adhésion à l’accord de Schengen, si bien que n’importe qui peut monter dans un train à Milan et entrer en Suisse sans être inquiété le moins du monde. Il y a là de quoi se poser des questions, mais jusqu’ici personne n’a su y répondre. Le fait que la situation en Afrique du Nord se répercute pour la première fois dans la statistique sur l’asile publiée avec retard pour le mois de mars n’est guère rassurant non plus.
Durant la session spéciale qui vient de se terminer, l’UDC a donc encore posé des questions au Conseil fédéral sur cette problématique. Le texte de l’interpellation se trouve ici (en allemand).

Réagir immédiatement
Le comportement de la France et de l’Italie confirme une fois de plus que l’accord de Schengen/Dublin ne fonctionne que quand tout va bien, mais qu’il ne résiste à aucune crise. Si la Suisse ne réagit pas immédiatement et indépendamment face à une situation qui empire rapidement, elle sera forcément submergée de nouveaux requérants d’asile. Les premières victimes en seront comme de coutume les cantons et les communes qui doivent sortir les marrons du feu pour une Confédération incompétente. Car cette dernière ne s’est pas donné les moyens d’accueillir de manière centrale un nombre important de requérants et de traiter rapidement leurs demandes et elle n’a pas non plus su lancer à temps une réforme pour accélérer la procédure d’asile. Les conséquences de la politique du laisser-faire pratiquée ces dernières années dans le domaine de l’asile se manifestent une fois de plus dans toute leur gravité.

Martin Baltisser
Martin Baltisser
(AG)
 
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