Le public a appris avec étonnement le 16 mai dernier après les entretiens de la Maison de Wattenwyl que tous les partis gouvernementaux insistaient apparemment sur une "application à la lettre" de l’initiative "contre l’immigration de masse" approuvée par le peuple et les cantons.
Le public a appris avec étonnement le 16 mai dernier après les entretiens de la Maison de Wattenwyl que tous les partis gouvernementaux insistaient apparemment sur une "application à la lettre" de l’initiative "contre l’immigration de masse" approuvée par le peuple et les cantons. On a guère lu de commentaire rappelant que les prises de position avant la votation avaient été très différentes et six semaines à peine après les entretiens de Wattenwyl plus personne, hormis l’UDC, est prêt à appliquer "à la lettre" l’initiative. Le curieux spectacle donné par les perdants de la votation populaire a connu une fin rapide.
Les masques tombent parfois très vite sur la scène politique. Dans un spectacle parfaitement préparé, les chefs des partis PS, PLR, PDC et PBD avaient affirmé uni sono après les entretiens de la Maison de Wattenwyl du 16 mai 2014 que le nouvel article constitutionnel sur la gestion de l’immigration devait être appliqué "à la lettre". On a d’ailleurs aussi pu le lire dans le communiqué publié par la Chancellerie fédérale à l’issue de cette rencontre des partis gouvernementaux avec le Conseil fédéral. En réalité, les perdants de la votation du 9 février s’étaient mis d’accord au préalable. Leur déclaration avait pour seul but de calmer le public alors que leur intention réelle était très différente: l’ouverture aussi rapide que possible de négociations avec l’UE et si possible un échec tout aussi rapide de ces négociations que personne ne songe à mener sérieusement. Cette manœuvre ouvrait ensuite la voie à un accord sur les relations institutionnelles avec l’UE qui permettrait d’invalider la décision du peuple du 9 février et de réintroduire la libre circulation des personnes.
Les craintes se confirment
Lorsque l’UDC a dévoilé ce stratagème des autres partis, on s’est moqué d’elle. Entre-temps, on a compris que ses craintes étaient justifiées. Le Conseil fédéral a présenté un modèle d’application qui ignore des points importants de l’initiative populaire. Sans limiter le regroupement familial et l’accès aux institutions sociales – comme cela est prévu dans l’initiative – il est impossible de freiner efficacement l’immigration. Avec son intention d’adopter cet automne déjà un mandat de négociation avec l’UE, donc avant que le projet d’application n’ait été mis en consultation, le Conseil fédéral confirme son intention de simplement aller chercher un "non" sec et sonnant à Bruxelles sans avoir mené sérieusement des négociations.
PBD, PDC, PLR: retour à la libre circulation des personnes
Les réactions des autres partis gouvernementaux aux propositions du Conseil fédéral montrent bien que ceux-ci n’ont jamais eu l’intention d’appliquer fidèlement l’initiative. Sans gêne aucune, ils dévoilent désormais leurs positions véritables. Le PDC applaudit le Conseil fédéral et l’invite à "ouvrir le plus vite possible" des négociations avec l’UE. Le PLR affirme se battre pour "la sauvegarde de la voie bilatérale" et soutient donc les négociations sur un "renouvellement de cette voie bilatérale", en clair un accord-cadre sur le rattachement institutionnel de la Suisse y compris la libre circulation des personnes. Quant au PBD, il veut le plus vite possible faire voter le peuple une deuxième fois sur la libre circulation des personnes. Les perdants du 9 février veulent donc éduquer le peuple pour qu’il prenne la "bonne décision" lors d’un second scrutin.
PS: plus de socialisme – plus d’immigration
Le PS finalement s’est complètement distancé de l’application du nouvel article constitutionnel en affirmant clairement qu’il n’a aucune intention de respecter le vote des Suisses. Il refuse catégoriquement une gestion de l’immigration moyennant des contingents et des plafonds comme l’exige l’initiative. Les socialistes préfèrent, comme cela a aussi été envisagé par leur conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, gaspiller des millions de francs d’argent des contribuables pour l’intégration des étrangers, des projets de formation et l’égalité des droits entre les hommes et les femmes afin, disent-ils, de garantir durablement la croissance et l’immigration en Suisse. En clair: plus de socialisme pour plus d’immigration. Le rideau est tombé. Les déclarations fortes lancées après les entretiens de Watteville du 16 mai sont oubliés six semaines plus tard.
L’UDC se bat pour le respect de la volonté du peuple
Il ne reste donc plus que l’UDC qui veut appliquer rigoureusement la décision populaire du 9 février. Elle a fait ce qu’elle avait à faire. Le 23 mai elle a présenté son projet d’application qui correspond à l’article constitutionnel approuvé. Elle ne s’écartera pas de cette voie et elle ne relâchera pas jusqu’à ce que la Suisse gère à nouveau indépendamment l’immigration sur son territoire. Exactement comme l’ont exigé les citoyennes et les citoyens.