L’agitation provoquée par l’éventualité d’une initiative UDC sur l’asile était grande – et c’était très bien ainsi. La conseillère fédérale chargée du dossier, les autres partis politiques ainsi qu’une partie des médias ont entre-temps épuisé leurs munitions anti-UDC. La fumée de la poudre s’est dissipée et la réalité des faits a contraint les spécialistes en indignation bruyante à admettre – bien qu’encore de manière hésitante – que l’accord de Dublin n’est plus qu’une farce.
Dès le début, l’UDC a démasqué l’accord de Dublin comme une construction théorique réalisée dans quelque tour d’ivoire politique. Aussi, l’a-t-elle combattu lors du vote référendaire. Depuis l’entrée en vigueur du traité, le Conseil fédéral tente de nous faire croire que cet accord fonctionne parfaitement et que la Suisse est du côté des gagnants. Mais le langage des chiffres est tout autre depuis longtemps déjà.
Les chiffres comparatifs des pays voisins montrent clairement que la Suisse subit une affluence de requérants d’asile largement supérieure à la moyenne.
La statistique de l’asile 2013 de l’Office fédéral de la migration donne le tableau suivant:
- Suisse: 8 millions d’habitants, 21 465 demandes d’asile.
- Allemagne: 82 millions d’habitants, 109 580 demandes d’asile. Si la Suisse recevait le même nombre de requérants proportionnellement à sa population, elle n’en compterait que 10 700 environ.
- France: 65,5 millions d’habitants, 65 894 demandes d’asile. Si la Suisse recevait le même nombre de requérants proportionnellement à sa population, elle n’en compterait que 8050 environ.
- Autriche: 8,5 millions d’habitants, 17 503 demandes d’asile. Si la Suisse recevait le même nombre de requérants proportionnellement à sa population, elle n’en compterait que 16 500 environ.
- Italie: 61 millions d’habitants, 27 932 demandes d’asile. Si la Suisse recevait le même nombre de requérants proportionnellement à sa population, elle n’en compterait que 3650 environ.
Les conclusions à tirer de ces chiffres sont claires:
- en comparaison européenne, la Suisse fait partie des pays qui reçoivent le plus de demandes d’asile proportionnellement à leur population (selon le HCR-ONU, la Suisse occupe dans ce classement le 4e rang derrière Malte, la Suède et le Luxembourg). Les pays voisins de la Suisse subissent un afflux de requérants d’asile nettement plus faible. L’idée d’une Suisse non solidaire colportée ces derniers mois par quelques politiques et médias est totalement fausse. C’est le contraire qui est vrai.
- le traité de Dublin est grossièrement violé, notamment par l’Italie. Contrairement aux termes de cet accord, notre voisin du sud n’enregistre volontairement pas la majorité des requérants d’asile arrivant sur son territoire et les envoie tout simplement vers le nord du pays. Entre-temps, même la ministre suisse de la justice a cessé d’enjoliver la situation en prétendant que le traité fonctionne parfaitement. Mais sa proposition d’aider l’Italie dans l’enregistrement des requérants d’asile est proprement absurde compte tenu du chômage important que connait l’Italie et des gros effectifs policiers que ce pays affecte au contrôles financiers (par exemple, pour vérifier l’exactitude de la facture des clients sortant du coiffeur).
- l’UE et la Suisse tolèrent depuis des années sans réagir cette violation du traité et la Suisse en supporte, proportionnellement à sa population, les principales conséquences.
- bref: la promesse faite durant la campagne de votation par le Conseil fédéral et la majorité du Parlement, qui annonçaient que la Suisse, grâce à l’accord de Dublin, n’entrerait pas en matière sur les demandes de requérants provenant de pays sûrs, n’est toujours pas tenue.
Cela fait longtemps que l’UDC a présenté les exigences suivantes:
- la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga doit enfin assumer ses obligations et exiger de l’UE qu’elle veille au respect du traité de Dublin et à une répartition équitable des requérants d’asile;
- le pouvoir d’attraction que la Suisse exerce sur les requérants d’asile doit être réduit et les requérants, dont la demande a été refusée, doivent être systématiquement renvoyés. Les lois existantes doivent être strictement respectées.
- les réfugiés de guerre doivent rester dans les centres d’accueil que l’ONU a installés dans des pays voisins sûrs. La Suisse soutient d’ailleurs financièrement ces efforts. A côté d’un montant largement supérieur à un milliard de francs que lui coûte le secteur de l’asile, la Confédération affecte chaque année quelque trois milliards de francs à l’aide à l’étranger. Ces fonds doivent être consacrés dans une plus forte mesure à l’aide humanitaire dans les camps de réfugiés.
- compte tenu de la hausse constante du nombre de requérants d’asile et des problèmes que posent ces personnes, il est hors de question que la Suisse accueille en plus un contingent supplémentaire de 5000 réfugiés comme cela a été annoncé dans les médias. Un passage au système de contingentement serait envisageable et judicieux à partir du moment où la Suisse aura repris le contrôle de la situation dans le domaine de l’asile et que les requérants auront été répartis équitablement en fonction de la population et de la surface des pays.
La Suisse officielle soutient aujourd’hui un système fatal et même mortel qui fait espérer aux réfugiés s’embarquant en Méditerranée sur les bateaux à peine capables de prendre la mère des bandes de passeurs d’être sauvés par la marine italienne. Cet espoir provoque une augmentation constante du flot de réfugiés et du nombre de noyés. L’été dernier déjà, l’UDC a critiqué ce système d’incitation mortel. Des vies humaines pourraient être sauvées si la conseillère fédérale responsable consentait enfin à voir la réalité en face. Il faut que FRONTEX cesse de diriger les bateaux des passeurs vers la côte italienne, mais les ramène systématiquement à un endroit sûr de la côte nord-africaine d’où ils peuvent être conduits dans un camp de réfugiés sûr de l’ONU. Voilà qui correspondrait effectivement au mandat de FRONTEX. L’incitation à tenter une traversée mortelle de la mer disparaîtrait immédiatement et des milliers de vies humaines pourraient être sauvées.
Voilà ce qui aurait dû être le thème de la conférence des ministres d’hier et voilà la politique qui aurait dû être imposée par un accord international.