La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) a présenté mercredi son bilan concernant l’harmonisation de l’école obligatoire.
La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) a présenté mercredi son bilan concernant l’harmonisation de l’école obligatoire. Sa principale conclusion: jamais l’école obligatoire n’a été autant harmonisée. On peut dès lors se demander pourquoi on continue néanmoins d’uniformiser l’instruction publique du premier degré. Car la CDIP et la Confédération poursuivent leurs efforts de centralisation. Le concordat HarmoS et le plan d’étude 21 dépassent déjà largement le mandat découlant de l’article constitutionnel sur la formation. Ce constat vaut à plus forte raison pour les tentatives de niveler définitivement le système scolaire suisse. Il faut mettre fin à cet égalitarisme aveugle et rétablir le fédéralisme et la diversité dans l’instruction publique. Et commencer par réduire de 20% le budget de la CDIP.
Comme on pouvait s’y attendre, la CDIP a présenté un bilan positif lors de sa conférence de presse sur l’harmonisation de l’école obligatoire. Jamais encore l’école obligatoire n’a été autant harmonisée en Suisse, constatent les directeurs cantonaux de l’instruction publique. Les exigences de l’article constitutionnel sur la formation ont donc été satisfaites. La mobilité des familles est garantie. Cette uniformisation de l’école obligatoire dépasse même en partie le cadre de cette disposition constitutionnelle (par exemple en ce qui concerne l’intégration de l’école enfantine dans la période de scolarité obligatoire). On ne peut pas non plus justifier le concordat HarmoS et le plan d’étude 21 par le nouvel article constitutionnel. Les objectifs des dirigeants de la CDIP sont clairs: ils cherchent à pousser l’harmonisation jusqu’à ce que le système scolaire suisse soit complètement nivelé et que toutes les différences cantonales soient effacées. La logique exigerait alors que la CDIP soit elle aussi supprimée progressivement puisque le mandat constitutionnel d’harmoniser l’école obligatoire a été rempli et qu’il n’y a plus rien à harmoniser.
Intervention anticonstitutionnelle de la Confédération
Qui plus est, la Confédération se mêle, elle aussi, à encourager cette politique centralisatrice. Une intervention anticonstitutionnelle de la Confédération menace dans le domaine de l’enseignement des langues. Il est surprenant à ce propos que la Suisse romande, qui, en tant que minorité, profite du fédéralisme, s’engage de la manière la plus véhémente pour une solution imposée par la Confédération. L’unité nationale dans ce domaine existait bien avant l’introduction de l’enseignement précoce de langues étrangères qui est de plus en plus critiqué par la science pédagogique. Le débat sur la première langue étrangère enseignée à l’école, dont l’importance a été totalement exagérée, débouche donc sur une mesure purement centralisatrice qui n’a que peu de rapport avec la pédagogie et la cohésion culturelle. Il est intéressant de constater à ce propos que tous les cantons atteignent le même niveau en français à la fin de la scolarité obligatoire, indépendamment de l’année scolaire où a commencé l’enseignement de cette langue. Les progrès faits par les élèves dépendent donc beaucoup plus de la qualité de l’enseignement que du début de celui-ci. Cela fait longtemps également que le dogme "plus l’enseignement des langues est précoce, meilleur il est" est contredit par la science.
Centralisation via des tests?
Pour couronner le tout, le CDIP introduit ces prochaines années une vérification et une évaluation centrales des compétences de base dans les cantons. Dans l’intérêt de l’ouverture d’un débat objectif, il faudrait cependant laisser jouer la concurrence des systèmes au moins jusqu’au moment de ces tests afin que l’on puisse enfin constater dans la pratique si, par exemple, le système à deux langues étrangères à l’école obligatoire l’emporte sur le système à une seule langue étrangère. L’égalitarisme aveugle pratiqué par la CDIP empêche cette discussion objective et le risque est grand qu’un mauvais système soit imposé aux cantons. Il faut absolument protéger les énormes avantages de la diversité des solutions et du fédéralisme. Le domaine de l’instruction publique a besoin de plus de concurrence et de subsidiarité.