L’UDC refuse un encouragement de la presse par l’Etat moyennant une participation aux frais de distribution. Ce mode de soutien n’est pas utile et ne répond pas aux besoins réels d’un paysage…
Réponse de l’Union démocratique du centre UDC
L’UDC refuse un encouragement de la presse par l’Etat moyennant une participation aux frais de distribution. Ce mode de soutien n’est pas utile et ne répond pas aux besoins réels d’un paysage médiatique changé. Le subventionnement de la presse n’est pas une tâche d’un Etat libéral et démocratique, pas plus qu’il ne peut être imposé à une poste en voie de libéralisation. Créant un rapport de dépendance entre l’Etat et les médias, cet encouragement public de la presse est en contradiction avec les mécanismes de la démocratie directe.
En analysant le paysage médiatique actuel, on constate une uniformisation interrégionale du contenu qui s’explique, d’une part, par la reprise de plus en plus fréquente des prestations d’agences de presse et de photo, d’autre part, par la politique d’information insistante et insidieuse des autorités fédérales. Ainsi, le mode d’encouragement actuel de la presse ne sert pas la multiplicité médiatique et, partant, la démocratie, mais sauve de la disparition de nombreuses feuilles aux faibles ressources rédactionnelles et au contenu quasiment uniforme.
On ne favorise pas un travail journalistique indépendant par une aide étatique. Au contraire, cette intervention de l’Etat est même contre-productive, car elle crée un rapport de dépendance entre l’Etat et les médias qui réduit l’autonomie des journalistes et conduit à l’uniformisation des comptes rendus. Or, la démocratie a justement besoin d’une grande diversité journalistique et éditoriale pour enrichir le débat démocratique et permettre la libre formation des opinions. L’Etat doit donc se tenir à l’écart et laisser le marché médiatique aux producteurs privés et indépendants.
L’avant-projet mis en consultation comporte plusieurs points faibles. Une fois de plus, on nous propose une subvention selon le principe de l’arrosoir. De surcroît, le système proposé restreint la liberté de distribution des journaux, car il ne concerne que les produits de presse passant par la distribution quotidienne ordinaire de la poste. Par ailleurs, le fait que les abonnements des journaux ont constamment augmenté ces dix dernières années par rapport aux numéros vendus en kiosque (le prix de l’abonnement à la « NZZ » a augmenté de 33%) ne plaide pas non plus en faveur d’un encouragement étatique.
Un refus de cette initiative ne met nullement en péril la distribution des journaux et magazines sur l’ensemble du territoire. La desserte de base postale est en effet toujours garantie. Inversement, les coûts supplémentaires engendrés par cette initiative ne sont ni nécessaires, ni justifiés. Ils sont même en totale contradiction avec les décisions prises par le Parlement dans le cadre du programme d’allègement budgétaire 2003.
Nous nous opposons également à la variante 2 qui repose sur l’application du tarif unique de la Poste. Cette dernière se trouvant dans un processus de libéralisation et l’Etat exigeant d’elle une plus grande compétitivité sur le marché, il est déplacé de lui imposer des contraintes légales supplémentaires.
Pour toutes ces raisons de principe, l’UDC rejette donc cette initiative parlementaire.
Au lieu de viser une aide publique à la presse, il vaudrait mieux, à notre avis, favoriser et renforcer la concurrence sur le marché des médias. Dans le secteur des médias électroniques, en particulier, il faut engager à moyen terme une baisse substantielle des redevances de réception et renoncer au système de la redistribution du produit des redevances. En fin de compte, une démocratie libérale ne peut effectivement fonctionner que si les médias travaillent librement et de manière totalement indépendante par rapport aux influences de l’Etat.