La politique d’asile de la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf a été critiquée ce weekend dans plusieurs médias. Eveline Widmer-Schlumpf s’est défendue en proférant des demi-vérités…
La politique d’asile de la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf a été critiquée ce weekend dans plusieurs médias. Eveline Widmer-Schlumpf s’est défendue en proférant des demi-vérités. Le problème de fond reste entier. Il serait cependant grand temps d’agir.
« Il faut prendre conscience de la situation qui régnait avant mon entrée en fonction: en 2004 il y a eu plus de 20’000 demandes d’asile; puis ce nombre est tombé à 14’000 en 2005. Mon prédécesseur a alors pronostiqué 10’000 demandes par an et les structures d’accueil ont été adaptées dans ce sens. Le personnel a été réduit et des infrastructures ont été fermées. » Voilà ce que la responsable du DFJP a déclaré au quotidien « Südostschweiz » dimanche. La réalité est que le nombre de nouvelles demandes d’asile est tombé en 2005 déjà à 10’795 (contre environ 27’000 en 2002) et qu’il est resté à ce niveau jusqu’en 2007. Ce sont donc des objectifs atteints et non pas des pronostics qui sont servi de repères pour l’adaptation des structures et la mise en place d’une politique d’asile claire et nette.
Depuis la reprise du département de justice et police par Madame Widmer-Schlumpf, le nombre de demandes d’asile a massivement augmenté. Selon les derniers pronostics du DFJP, il atteindra sans doute 17’500 à la fin de cette année. Le nombre de cas pendants a même doublé (13’000 aujourd’hui) depuis l’entrée en fonction de la conseillère fédérale. Le coût du secteur de l’asile a également progressé en 2008 alors qu’il avait baissé de 180 millions de francs environ entre 2003 et 2007. La référence à des développements semblables à l’étranger n’est pas convaincante. Prenons l’exemple de l’Autriche: en 2007, ce pays a certes aussi enregistré une augmentation de 8%, mais en Suisse ce taux a été de + 53%. Dans le contexte européen, la Suisse a connu en 2008 le troisième plus grand taux de croissance du nombre de demandes d’asile par rapport à la population.
Des problèmes aigus qui pourraient être rapidement résolus
Depuis la décision fatale de la Commission de recours en matière d’asile de reconnaître comme réfugiés les déserteurs érythréens, le nombre de demandes d’asile en provenance de ce pays se place au troisième rang du classement selon le nombre et le pays d’origine et connaît un taux de croissance disproportionné. Ce phénomène est responsable pour une bonne part de la hausse du nombre de demandes. Au lieu de mettre en vigueur par la voie d’urgence les contremesures qui sont déjà définies, la conseillère fédérale a constamment reporté cette intervention depuis sont entrée en fonction. Il est également inacceptable que la Suisse continue d’être submergée de requérants d’asile de Serbie et du Kosovo alors que ces pays sont considérés comme sûrs (« safe countries »; cf. à ce propos le communiqué de presse du DFJP du 19.03.2009).
Le bilan de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf dans le domaine de l’asile est maigre. Au lieu d’enjoliver la situation et de renvoyer à des réformes non encore réalisées, la responsable du DFJP ferait mieux de s’attaquer enfin à la solution du problème et d’appliquer rigoureusement la révision de la loi sur l’asile que la grande majorité du peuple suisse a acceptée.
Berne, 12.10.2009