Après avoir plutôt bien résisté ces dernières semaines aux pressions de l’UE de se rallier aux sanctions de Bruxelles contre la Russie, le Conseil fédéral a tout de même fini par plier.
Après avoir plutôt bien résisté ces dernières semaines aux pressions de l’UE de se rallier aux sanctions de Bruxelles contre la Russie, le Conseil fédéral a tout de même fini par plier. Les mesures adoptées aujourd’hui sont prises prétendument pour "empêcher le contournement de sanctions", mais en réalité elles s’approchent très nettement des sanctions de l’UE. Le Conseil fédéral tente ainsi de cacher qu’il abandonne une politique indépendante qui siérait à un Etat neutre comme la Suisse.
La Suisse doit revenir à la conception d’une neutralité permanente, armée et globale. Une neutralité globale n’est pas seulement juridique et militaire (donc conforme au droit de la neutralité), mais elle est surtout une neutralité vécue qui oblige préventivement le gouvernement à respecter dans toutes ses actions de politique étrangère les principes d’impartialité et de non-immixtion dans les affaires d’autres Etats. Ce n’est que de cette manière que la Suisse peut jouer son rôle important de médiatrice crédible et continuer de proposer ses "bons offices" pour encourager la paix et offrir son aide humanitaire. L’UDC a présenté cette semaine sa conception de la neutralité dans un document de fond intitulé "Pourquoi la neutralité est-elle plus nécessaire et plus moderne que jamais?".
Partant de cette idée de la neutralité, la Suisse ne doit pas participer à une politique de sanction unilatérale (sanctions diplomatiques, financières et économiques), même si elle est le fait des Etats-Unis ou l’UE, car ce sont tous les deux des acteurs géopolitiques qui cherchent à accroître leur influence et leur puissance. Dans le cas de l’Ukraine, l’UE est clairement une partie au conflit, tout comme la Russie. Un Etat neutre ne doit donc pas prendre parti et se mettre à la remorque des intérêts politiques de l’UE en copiant la politique de sanction de celle-ci.
La politique symbolique menée ces dernières semaines comme l’annulation de la visite du président de la Douma russe ou de la participation d’une escadre russe au spectacle aérien AIR 14 PAYERNE était déjà fausse et mine le crédit d’une Suisse qui se prétend globalement neutre. Par sa décision totalement incompréhensible d’aujourd’hui, le Conseil fédéral abandonne une partie de plus de la neutralité et de l’indépendance de la Suisse.