Il est incompréhensible aux yeux de l’UDC que Simonetta Sommaruga, présidente de la Confédération, ait signalé dans un geste d’obéissance anticipée que la Suisse participerait à un système de quotas mis en place par l’UE pour l’accueil des migrants. On peut prévoir dès à présent que ce système pénalisera une fois de plus les pays qui, aujourd’hui déjà, portent la plus lourde charge en termes de requérants d’asile. La Suisse en fait partie puisque elle a dû enregistrer cette année deux fois plus de demandes d’asile compte tenu de sa population que la moyenne des pays UE. La menace de la Commission UE d’exclure du dispositif Schengen/Dublin les pays qui ne participent pas au système des quotas confirme bien le chemin que prendrait la Suisse en concluant un accord-cadre institutionnel avec reprise obligatoire du droit dans tous les domaines concernant l’UE: l’abandon complet de son indépendance politique.
Il semble que le système des quotas actuellement débattu dans l’UE soit conçu comme un développement de l’acquis Schengen/Dublin. Bruxelles reconnaît ainsi de manière spectaculaire l’échec complet de ces accords. Il serait difficile de s’éloigner encore plus de l’idée originale de Schengen/Dublin et des termes actuels de ces accords. La décision d’imposer cette volte-face également aux Etats contractants – dont la Suisse fait partie – paraît d’autant plus absurde. Cela reviendrait pour la Suisse à abandonner totalement une politique d’asile indépendante.
Or, c’est exactement ce même mécanisme d’une reprise obligatoire de droit UE que le Conseil fédéral veut étendre à tous les autres accords Suisse-UE, des transports terrestres au commerce, en passant par la libre circulation des personnes, lorsqu’il propose un accord-cadre institutionnel avec Bruxelles. La Suisse serait alors contrainte d’imiter toutes les pirouettes de la bureaucratie UE, même si elles sont diamétralement opposées aux intérêts de notre pays. L’UDC se battra de toutes ces forces contre cette politique désastreuse.
La future politique d’asile est construite sur du sable
Il est également inquiétant de constater que la révision de la loi sur l’asile approuvée cette semaine par le Conseil national n’est aujourd’hui déjà plus qu’un papier sans valeur. Cette réforme se base en effet sur l’hypothèse selon laquelle 40% des demandes traitées selon la nouvelle procédure sont desdits cas Dublin qui peuvent être liquidés rapidement. Or, le système Dublin ne fonctionne plus en réalité. C’est dire que la base sur laquelle le Parlement a construit son accélération des procédures n’existe plus.
Il faut en outre s’attendre à ce que la répartition selon des quotas se concentre sur certaines catégories de réfugiés, soit actuellement avant tout sur les personnes chassées par la guerre en Syrie. C’est dire que la Suisse se verra imposer des charges supplémentaires qui s’ajouteront aux autres afflux de requérants (notamment d’Erythrée). Un tel système ne pourra de toute manière jamais fonctionner. Pourquoi un Syrien qui, aujourd’hui, n’accepte pas d’être accueilli en Hongrie ou au Danemark, mais qui veut absolument se rendre en Allemagne ou en Suède, resterait-il dans un des deux premiers pays juste parce que la bureaucratie UE l’a décidé? Il n’y a plus de contrôles aux frontières. Qui plus est, ce système est une invitation supplémentaire à recourir à l’aide de passeurs brutaux pour arriver en Europe.
Une fois de plus, on fait aux citoyennes et citoyens d’Europe et de Suisse des promesses qu’on ne pourra jamais tenir. Exactement comme cela a été le cas pour Schengen/Dublin. L’UDC refuse de participer à ce jeu.
Source: Eurostat