Les biens agricoles ne sont pas réductibles aux autres biens et services. L’agriculture est très fortement liée à l’identité et au paysage d’un pays. Ce n’est pas par hasard qu’elle est classée…
Les biens agricoles ne sont pas réductibles aux autres biens et services. L’agriculture est très fortement liée à l’identité et au paysage d’un pays. Ce n’est pas par hasard qu’elle est classée dans le premier des trois secteurs de l’économie. Cette hiérarchie éternelle dérive de la pyramide des besoins des êtres humains. Se nourrir et boire relève de la première des nécessités. Pour cette raison, tout Etat doit absolument veiller à la sécurité alimentaire de sa population.
Certains milieux politiques s’imaginent qu’une gouvernance mondiale, un libre-échange presque absolu et les promesses de paix qui en dérivent devraient permettre de garantir la sécurité de l’approvisionnement en biens agricoles et alimentaires.
Ces milieux font erreur. Ils transposent à l’échelle des relations internationales la naïve croyance rousseauiste en l’homme fondamentalement bon.
Les relations entre les Etats sont toujours caractérisées par des rapports de forces. Il en résulte que des conflits politiques, économiques et même militaires sont perpétuellement possibles. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à voir les tentations protectionnistes qui se sont manifestées un peu partout lorsque la dernière crise économique a éclaté.
Un libre-échange de grande ampleur condamnerait l’agriculture suisse à un redimensionnement dommageable et irréversible. Il en est ainsi parce que ses coûts de production structurellement plus élevés qu’à l’étranger ainsi que le cadre constitutionnel et légal qui lui est assez opportunément imposé empêcheront toujours notre agriculture de soutenir une véritable concurrence avec les pays plus favorisés par la géographie et moins scrupuleux en matière de protection de l’environnement.
Dès lors, afin que nous soyons constamment en mesure d’accroître rapidement notre degré d’auto-approvisionnement à un niveau suffisant pour notre sécurité, nous devons soustraire substantiellement l’agriculture suisse au libre-échange. C’est le but de ma motion. Nous ne sommes pas opposé au libre-échange en général. Mais s’il est opportun pour les biens industriels et la plupart des services, il ne l’est pas pour l’agriculture qui, stricto sensu, ne représente que 2 % du PIB chez nous.
J’invite dès lors le Conseil fédéral à renoncer à un libre-échange agricole plus étendu et à refuser toute négociation qui mettrait en péril ce légitime objectif, particulièrement avec l’UE et dans le cadre du cycle de Doha.
Chères (chers) collègues, j’en appelle avec votre lucidité, à votre réalisme et à votre sens de l’histoire pour que vous acceptiez ma motion ainsi que le postulat 08.3263 d’Adèle Thorens Goumaz qui va dans le même sens.