Sauver la prévoyance vieillesse: voilà notre objectif et voilà aussi le mandat qui a été donné à la politique. Il faut, à cet effet, commencer par résoudre les problèmes structurels de la prévoyance vieillesse, car le développement démographique a pour conséquence qu’un nombre diminuant d’actifs doit financer un nombre croissant de rentes. Cette évolution creuse un trou de plus en plus profond dans la caisse de l’AVS.
Mais au lieu de s’attaquer à ce problème, le Parlement a pris, sous le diktat du centre-gauche, la décision irresponsable d’augmenter les prestations de la prévoyance vieillesse. La menace qui pèse aujourd’hui déjà sur l’AVS en sera aggravée. L’objectif de ces milieux politiques n’est pas de réformer l’AVS, mais de réformer pour réformer. Le Conseil fédéral et les partisans de ce projet veulent enfin réussir à imposer une réforme, mais ne s’inquiètent pas des conséquences de celle-ci. Le Parlement veut s’offrir un succès sur le dos de la population. Quant aux conséquences de cette non-réforme, on s’en occupera plus tard. Voilà comment se définit la position des partisans de ladite "Prévoyance vieillesse 2020". Il s’agit à mon avis d’un acte de pur opportunisme politique et non pas d’une solution réaliste.
Le projet qui nous est présenté comporte, premièrement, une augmentation des rentes en faveur des nouveaux rentiers – mais uniquement pour ceux-ci. Il crée ainsi une AVS à deux classes. Deuxièmement, l’âge de la retraite flexible sera de 62 à 70 ans pour les deux sexes, soit en règle générale de 65 ans, le nouvel âge de référence. Troisièmement, cette opération sera financée par une augmentation de la TVA et des prélèvements sur les salaires, donc par une charge supplémentaire grevant tous les consommateurs, les salariés et les entreprises. Quatrièmement, le taux de conversion dans la prévoyance professionnelle obligatoire sera baissé, ce qui ne touchera cependant qu’une petite partie de la population. De nombreux salariés assurés en dehors du régime obligatoire ont déjà dû supporter des baisses nettement plus fortes et participer à des refinancements. Les vingt millésimes de ladite génération de transition seront exclus de la baisse du taux de conversion. Ainsi, les personnes âgées aujourd’hui de 45 à 65 ans ne subiront pas une réduction de leur rente, mais profiteront tout de même des 70 francs versés selon le principe de l’arrosoir. Le but de cette mesure est de les appâter et les faire voter pour le projet. La facture sera payée par les rentiers actuels et les générations futures auxquelles nous laisserons des caisses vides, voire des montagnes de dettes.
En conclusion nous constatons que cette réforme des rentes ne résout pas les problèmes actuels, mais les reporte à la génération suivante. Ce n’est certainement pas là un exemple de politique durable et c’est surtout une violation crasse du contrat entre les générations.
Voyons en détail cet objet de votation. Nous faisons les constats suivants:
Les partisans de cette réforme veulent nous faire croire qu’il s’agit d’un bon compromis à la mode suisse. La réalité est que ce projet n’a franchi le Conseil national que grâce à une seule voix de majorité. Au fil des débats parlementaires de nombreuses propositions ont été faites en faveur d’une garantie durable de l’AVS. Tout a été refusé et le centre-gauche politique ne s’est pas écarté d’un millimètre de son idée d’augmenter les prestations de l’AVS – alors qu’il savait parfaitement que son projet était financièrement insupportable. Peut-on sérieusement parler de compromis dans ces conditions?
La Prévoyance vieillesse 2020 est une attaque contre notre système des trois piliers qui a fait la preuve de son efficacité. En effet, il mélange le premier et le deuxième pilier et menace ainsi la stabilité de tout le système. De plus, ce projet est irréversible. La conséquence de ce semblant de réforme, qui n’assainit pas le système, mais en augmente les coûts, est que dans les années 2020 nous serons dans la même situation qu’aujourd’hui. Sous le titre fallacieux d’une réforme des rentes, le centre-gauche politique veut forcer le passage à un projet qui est en réalité une escroquerie des jeunes comme de leurs aînés. Le ministre de l’intérieur Alain Berset a même osé menacer qu’en cas de refus du projet il n’y aurait plus de rente. C’est évidemment faux. Les faits sont clairement établis. Les bonnes propositions existent. Après le refus de cette réforme injuste, il reste largement assez de temps pour lancer une authentique réforme qui résout les problèmes de la prévoyance de manière honnête et équitable pour tous. C’est juste une question de volonté politique.
Chère Génération de transition, ne te laisse pas appâter aux frais des jeunes. Chers Seniors, vous n’aurez pas droit à une augmentation de votre rente, mais vous deviendrez des rentiers de 2e classe. Chères Femmes, vous travaillerez une année de plus, aussi pour financer la hausse de 70 francs des rentes en faveur de managers prenant leur retraite après avoir touché un revenu démesuré. Chers Jeunes, allez aux urnes, faute de quoi le centre-gauche politique vous fera payer chaque année une facture de 1,4 milliard de francs. Chers Citoyennes et Chers Citoyens, une meilleure réforme est absolument nécessaire et il reste assez de temps pour la faire. La réforme qui vous est proposée ne tient pas les promesses que vous font ses auteurs. Elle ne résout aucun problème. Votez non à ce projet qui est pur toc et profondément injuste.