Pas d’instrumentation idéologique de la péréquation intercommunale
La péréquation intercommunale est un système de redistribution des rentrées fiscales en fonction de certaines charges de service public, inégalement réparties sur les territoires cantonaux. Système dont profitent abusivement certaines villes bénéficiaires, perdant de vue l’intérêt général et se servant de cet argent pour masquer leurs dépenses idéologiques.
La péréquation s’explique par le fait que certaines communes ont d’importants frais de transports, de sécurité publique ou de formation, services dont les habitants d’autres communes profitent sans en assumer les charges. Les principales bénéficiaires de ce système sont souvent les « villes-centres », fournissant des services utiles à l’entier du canton (musées, transports, infrastructures publiques…). C’est uniquement dans ce sens que la péréquation se justifie, à condition de rester équilibrée et réellement au service de tous. Le gain de la ville de Genève grâce à la participation des autres communes s’est ainsi élevé à plus de 13 millions en 2015 et celui de Lausanne à plus de 77 millions en 2020.
Des voix s’élèvent toutefois pour dénoncer les nouvelles inégalités que ce système engendre, creusées encore par la gestion plus idéologique qu’efficace des municipalités de gauche de nos plus grandes agglomérations. Car si le principe d’une meilleure répartition des charges de service public se défend, les municipalités bénéficiaires doivent respecter cette optique et se considérer comme étant également au service de la population périurbaine.
De 2006 à 2017, Lausanne a touché de la péréquation 230 millions alloués aux transports. Or la ville fait tout pour empêcher l’accès à son centre aux habitants des régions périphériques. Elle a récemment supprimé 2,5% des places de parc, principalement au profit de pistes cyclables, ne servant qu’aux habitants même de la capitale. Les attaques contre la voiture se poursuivent : changements de zones et plan climat visant la suppression totale la voiture à essence d’ici 2030, volonté de diminuer de 50% l’usage des transports individuels, d’augmenter de 20% les kilomètres parcourus à pied et de multiplier par 7 ceux parcourus à vélo. La politique de la ville de Genève s’oriente elle aussi toujours plus dans ce même sens. Quid alors des habitants des périphéries qui ne peuvent pas se déplacer aisément en transports publics ? Il est insupportable que les habitants périurbains financent des dizaines de millions par an au titre de la péréquation en matière de transports alors qu’on leur réduit toujours plus les possibilités de venir en ville. Les villes-centres ne souhaitent plus être visitées par autrui, mais elles ne refusent pas les sommes généreuses qui leur sont versées à ce titre.
Le pitoyable jeu médiatique qui entoure ce sujet, dénonçant une prétendue volonté de diviser les habitants des différentes régions, ne doit pas empêcher de dénoncer les dysfonctionnements communaux qui créent davantage d’inégalités qu’ils n’en effacent. Ce ne sont pas les habitants des villes qui sont visés, mais bien les municipalités qui oublient que leur mission est de servir la population, et non pas de l’instrumentaliser au profit de leur idéologie.