Je vous le dis d’emblée : Nous ne voulons pas, Nous ne devons pas, Nous ne pouvons pas, Nous n’allons pas abandonner ou affaiblir notre neutralité sur l’autel d’une politique de bons sentiments d’apparat.
La neutralité est l’un des piliers de la politique extérieure de la Suisse ; elle signifie que notre pays ne participe pas à des conflits armés entre d’autres Etats.
La neutralité suisse est un choix.
La neutralité suisse est perpétuelle.
La neutralité suisse est armée.
Neutralité = non-ingérence
La neutralité perpétuelle de la Suisse a été garantie le 20 novembre 1815. C’est la première fois que la neutralité de notre pays a été reconnue par le droit international et c’est en cela qu’elle se distingue clairement de celle de nombreux autres pays qui se disent neutres.
En outre, la neutralité est explicitement inscrite dans la Constitution fédérale, en deux articles : le Conseil fédéral et l’Assemblée fédérale prennent des mesures pour préserver la sécurité extérieure, l’indépendance et la neutralité de la Suisse.
Le mandat constitutionnel est donc très clair : le Conseil fédéral et l’Assemblée fédérale doivent préserver la neutralité de notre pays !
C’est sur la Constitution, Mesdames et Messieurs, que les Conseillers fédéraux et les parlementaires ont prêté serment. Pourtant, que constatons-nous ? Que le Conseil fédéral et la majorité du Parlement prennent parti ! Ils reprennent une à une les sanctions de l’UE ! Ce sont clairement des mesures de guerre économique.
Cette violation de la neutralité, chères et chers délégués de l’UDC, est donc aussi une violation de la Constitution. Cela doit être dit sans détour.
On entend maintenant partout : « on ne peut pas rester neutre face à cette guerre ». Que les choses soient claires : la neutralité ne signifie pas que nous, citoyens, ne pouvons pas exprimer une opinion. Chacun d’entre nous condamne l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Toutefois, la Suisse (en tant que pays) a une autre mission : préserver la neutralité du pays.
Nous ne parlons pas ici d’un sujet de seconde importance ; la neutralité armée perpétuelle fait partie des 4 piliers de la Suisse, avec la démocratie directe, le fédéralisme et l’indépendance ! Quiconque touche à l’un de ces piliers détruit les fondations même de notre Etat !
La neutralité a permis à notre pays de se préserver de conflits sanglants depuis maintenant plus de 200 ans. Elle a permis à notre population de vivre en sécurité. La Suisse ne s’immisce pas dans les affaires d’autruit ; déjà Frère Nicolas (de Flüe / ndt) avait proclamé ce principe !
La neutralité est une autoprotection pour notre petit Etat. Elle aide la Suisse à offrir ses bons offices de façon crédible à l’ENSEMBLE des parties prenantes au conflit.
Ce qui s’est passé toutefois depuis le début de la guerre en Ukraine est une flagrante violation de la neutralité.
Le Conseil fédéral n’a de cesse de nous rabâcher que la neutralité n’a pas été violée par ses décisions de reprendre à son compte toutes les sanctions édictées par l’UE. Or, il y a une grande différence entre la perception qui en est faite ici et celle qui en est faite ailleurs. Il suffit par exemple de jeter un œil à la presse internationale pour s’en rendre compte ; je cite notamment le New-York Times qui écrivait le 8 février dernier : « La Suisse met de côté sa neutralité ! Elle gâche ses bons offices ! »
C’est pourtant maintenant que la Suisse, en tant que petit Etat neutre, pourrait jouer un rôle important et s’impliquer en tant que médiateur. Elle pourrait ainsi apporter une contribution significative à la paix en Europe !
Ces dernières semaines, j’ai eu de nombreux entretiens avec différents ambassadeurs de différents pays ; on m’a clairement fait comprendre, à plusieurs reprises, que la Suisse ne pouvait plus être un lieu de négociations de paix. La Russie refuse en outre que la Suisse soit un lieu de négociation de paix.
Prenons l’exemple d’Israël : ce pays n’a pris aucune sanction contre la Russie. Aujourd’hui, il discute aussi bien avec Vladimir Poutine qu’avec les Etats-Unis et l’Ukraine et soudainement, prend le rôle que la Suisse aurait dû endosser.
Comme si tout cela n’était pas encore suffisant : la Suisse veut maintenant adhérer au Conseil de sécurité de l’ONU ! Ce n’est toutefois pas « La Suisse » qui veut cela, ce n’est pas ce que nous voulons mais ce n’est que la volonté de la majorité du Conseil fédéral et du Parlement.
C’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui décide de qui va en guerre, de qui va en paix ainsi que des sanctions. Par sa participation, la Suisse affaiblira encore davantage sa neutralité.
Trop de politiciens aiment hélas s’écouter parler à la tribune de New-York ; ils considèrent l’adhésion de la Susse à ce Conseil comme un projet de prestige personnel et font ainsi passer les intérêts de notre pays au second plan. Ils parlent d’un « projet de paix », non sans une explicite hypocrisie. Une chose est pourtant claire : ce sont les grandes puissances que sont les USA, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et la France qui font la loi au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
Nous deviendrons donc l’instrument de ces grandes puissances et serons contraints de prendre parti ; de fait, nous ne violons pas seulement notre Constitution mais nous affaiblissons encore davantage la crédibilité de la Suisse.
Chères et chers délégués, être neutre n’est pas chose aisée ! Cela demande beaucoup d’énergie, car nous sommes constamment invités par les deux parties à prendre position. Il en a été de même dans ce conflit : êtes-vous avec nous ou contre nous ?
Hélas, le Conseil fédéral a cédé à cette pression. Les conséquences s’en font déjà sentir.
C’est pourquoi je le dis clairement : nous refusons tout affaiblissement de notre neutralité ! L’UDC est le seul parti qui s’engage sans compromis en faveur de la neutralité armée perpétuelle.
Même lorsque l’escalade s’intensifie et que la pression internationale sur la Suisse devient forte, en clair, chères et chers délégués de l’UDC : la neutralité de la Suisse n’est pas négociable !