Ecopop : Bonne intention, mais …
Il est naïf de croire qu’on pourrait limiter la croissance de la population suisse par la distribution partout dans le monde de pilules contraceptives à travers notre aide au développement. Or c’est exactement cela que veut l’initiative Ecopop.
Il est naïf de croire qu’on pourrait limiter la croissance de la population suisse par la distribution partout dans le monde de pilules contraceptives à travers notre aide au développement. Or c’est exactement cela que veut l’initiative Ecopop.
L’initiative Ecopop aborde incontestablement un problème important. Elle reflète par ailleurs la grande inquiétude de la population face à l’immigration démesurée dans notre pays. L’initiative va cependant beaucoup trop loin. Elle lie une restriction figée et purement quantitative de l’immigration et l’affectation de 10 % des fonds de l’aide au développement en faveur de la planification familiale dans les pays en voie de développement. Pour moi, il n’appartient pas à la Suisse de faire de la planification familiale dans d’autres pays et d’y mettre en œuvre des mesures dans ce sens. Que paierait-on chaque année avec des centaines de millions de francs fournis par les contribuables suis-ses ? Des préservatifs au Cambodge ? Des pilules contraceptives en Ethiopie ? Des vasectomies en Mongolie ?
S’attaquer aux véritables causes
Les médias taisent généralement les vraies raisons des migrations internationales. Même dans nos délibérations sur les actes du droit des étrangers et du droit d’asile au Parlement et dans les commissions, les causes réelles de l’immigration sont souvent ignorées et on se contente de combattre les symptômes. Dans le cas des révisions de la loi sur l’asile en particulier, on fait souvent comme si les nombreux requérants d’asile étaient des persécutés politiques, qui chercheraient dans notre pays une protection contre leurs persécuteurs. Entendons-nous bien: je ne conteste aucunement que, parmi les nombreux requérants d’asile, il existe effectivement des personnes qui cherchent ici en Europe une protection contre la persécution. Néanmoins, si l’on pense aux de réfugiés, comprenant des femmes et des enfants, qui prennent la mer ces der-nières années en direction de l’Italie, de l’Espagne ou de Malte et tentent leur chance, on se rend vite compte que les causes de cette fuite sont généralement de nature économique. Quels que soient les motifs ayant poussé ces personnes à quitter leur pays d’origine et de provenance : l’absence de perspectives résultant d’une absence de ressources naturelles et de moyens d’existence, conséquence de la pauvreté et du sous-développement font partie des principales causes de migration à travers le monde.
L’initiative va trop loin
C’est toutefois une illusion de croire, comme le font les initiants Ecopop, que la petite Suisse soit en mesure de contenir la croissance démographique mondiale en encourageant un planning familial volontaire. Accepter l’initiative Ecopop signifierait concrètement réduire le solde migratoire actuel, soit environ 80’000 personnes par an, à 16’000 personnes, et ce, sans délai de transition. Il est évident qu’une réduction aussi rapide et radicale de l’immigration serait intenable pour la Suisse, à de nombreux égards. Je pense, d’une part, aux conséquences dévastatrices d’une restriction brutale de l’immigration sur nos entreprises et, d’autre part, aux difficultés pratiques dans la mise en œuvre de l’initiative. L’acceptation récente de l’initiative sur les résidences secondaires nous a montré ce qui arrive lorsqu’on poursuit des objectifs certes séduisants mais guère réalisables.
Mettre en œuvre l’initiative sur l’immigration massive dès aujourd’hui
Après l’acceptation de l’initiative sur l’immigration massive, il s’agit à présent de réguler l’immigration dans notre pays et de la limiter. Le peuple et les cantons s’y sont déclarés favorables le 9 février. Depuis l’acceptation de cette initiative populaire, plus rien ne justifie un système aussi rigide et une réduction aussi brutale de l’immigration, tels que les prévoit l’initiative Ecopop.
Initiative d’application prête au lancement
Il est primordial pour le groupe UDC d’assurer maintenant la mise en œuvre dans les plus brefs délais de la nouvelle disposition constitutionnelle. Nous n’accepterons pas que les perdants de la votation édulcorent la disposition constitutionnelle adoptée le 9 février. Le 20 juin, le Conseil fédéral a présenté un concept de mise en œuvre. Sur plusieurs points, il s’est très visiblement basé sur le concept de mise en œuvre élaboré par l’UDC. C’est réjouissant. Le projet soumis à consultation est cependant encore largement insatisfaisant, notamment en ce qui concerne la restriction impérativement nécessaire du regroupement familial et de l’accès aux prestations sociales, afin que le nouvel article constitutionnel puisse être appliqué correctement et efficacement. Pour l’UDC, cela ne fait aucun doute : il faut limiter et réduire efficacement l’immigration.
S’il apparaît que, comme dans le cas de l’initiative sur le renvoi, il est fait échec à la mise en œuvre, l’UDC lancera une initiative populaire contraignant le Conseil fédéral à résilier l’Accord sur la libre-circulation des personnes. La direction du parti a ordonné le 2 juin la préparation d’une initiative en ce sens.