Notre avenir en Europe
Christoph Blocher a résumé les enjeux de la politique européenne dans un texte paru récemment dans l’Aargauer Zeitung. Il y analyse également le OUI du peuple à l’initiative contre l’immigration massive du 9 février 2014.
Au 20e siècle, deux guerres mondiales atroces ont brisé, politiquement, économiquement et moralement, de grandes parties du continent européen. Quelques hommes politiques ont alors perçu dans le concept d’« intégration européenne », la prétendue « alliance toujours plus étroite des peuples européens », une possibilité de sortie de crise. Ce qui n’était à l’origine qu’un regroupement non contraignant d’États s’est finalement mué en une structure quasi-étatique, poursuivant des desseins d’uniformisation, de centralisation et d’hégémonie. Toute critique visant l’esprit et la raison d’être de cette intégration se heurtait à l’argument moral selon lequel l’UE serait une entité pacificatrice. Toute remise en question était donc exclue.
L’UE contre la diversité politique
Quiconque observe la chose sans préjugés devrait aboutir à la conclusion que l’Union européenne repose sur un concept intellectuellement erroné. Elle contredit diamétralement la diversité politique, économique et culturelle des pays et peuples très différents qui la composent. Pourtant, l’UE a passé outre, ce qui a trouvé son apogée dans une monnaie unique introduite précipitamment, l’euro. La libre circulation des personnes a elle aussi été introduite sans consulter les personnes concernées. Aujourd’hui, ses conséquences graves sont visibles de tous : des faillites étatiques, des pays qui ne peuvent se tirer du pétrin, faute de souveraineté monétaire. Un euro trop faible pour l’Allemagne, mais trop fort pour l’Italie, la Grèce, la France. Un chômage élevé et un taux de pauvreté important.
L’indépendance est la force de la Suisse
Jusqu’à présent et grâce à sa démocratie directe, la Suisse a résisté à l’adhésion à l’UE. On ne peut en dire autant de l’« élite » politique, économique, médiatique et culturelle. Ces personnes souffrent aujourd’hui encore de la soi-disant absence de destin de notre petit État neutre. Ils aspirent à une activité internationale, après la libération par l’intégration dans l’Union européenne. Mais il faut ouvrir les yeux ! Et je ne peux que le répéter : la force de la Suisse est son indépendance. Le fédéralisme, la démocratie directe et la neutralité. Elle ne doit pas les brader. Je parle ici en tant qu’entrepreneur aguerri sur le plan international. Le monde entier admire le système suisse, il n’y a que notre pseudo élite qui le méprise.
Pas d’adhésion rampante à l’UE
Le 9 février, le souverain a retrouvé une indépendance jusque-là restreinte. La Suisse veut réguler l’immigration elle-même ! Par cette décision, la majorité du peuple et des cantons a fait passer un message clair à la classe politique : la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne et ne veut pas adhérer à l’UE, que ce soit directement ou indirectement. Un rattachement institutionnel, avec reprise automatique du droit futur et reconnaissance des juges étrangers, est hors de question. La Suisse entend toutefois continuer à entretenir de bonnes relations de voisinage avec l’UE, particulièrement dans le but de faciliter, dans l’intérêt commun, l’accès réciproque au marché. Notre pays n’est cependant pas membre du marché intérieur européen et n’a pas non plus l’intention de le devenir. Nous sommes en tout temps disposés à rechercher ensemble des solutions aux problèmes qui pourraient se poser, en préservant à la fois la souveraineté de l’UE et celle de la Suisse.