Une décision difficile
Grâce au groupement auteur de l’initiative sur l’or, nous savons aujourd’hui où nos réserves d’or sont déposées. Nous partageons tous le souci d’un franc suisse stable. Cet objectif doit toutefois être mis en balance avec le principe, essentiel pour l’UDC, selon lequel la Banque nationale suisse doit jouir d’une marge de manœuvre suffisante dans son important travail. La décision à prendre dans la votation sur l’initiative sur l’or n’est pas facile, comme le montre le débat animé dans les rangs du parti.
Les auteurs de l’initiative sur l’or méritent le respect. Dans le souci d’assurer la stabilité de notre franc suisse, ils ont, en comptant presque uniquement sur leurs propres ressources, récolté des signatures pour une initiative populaire, qui passera prochainement dans les urnes. L’initiative comporte trois éléments clés : interdire de nouvelles ventes d’or par la Banque nationale, conserver les réserves d’or en Suisse et, enfin, fixer la part d’or des actifs de la BNS à 20 pour cent au moins. Les initiants sont convaincus qu’une telle modification de la Constitution conférerait davantage de stabilité au franc suisse.
Controverse autour de l’or
Ce n’est pas la première fois que les citoyennes et citoyens ont à se prononcer sur un objet touchant à l’or de la BNS. Dans la deuxième moitié des années 1990, on a assisté à un grand débat politique concernant la vente des réserves d’or «excédentaires» par la Banque nationale. Suite à cela, les réserves ont été massivement réduites. Grâce à une initiative de l’UDC, les citoyens ont à l’époque au moins pu décider si le produit de la vente des réserves d’or devait être versé au fonds AVS. Le projet a été rejeté de justesse.
Un contexte différent
La parité-or des devises, autrefois la règle, a été abolie il y a déjà longtemps. C’est pourquoi le lien direct entre les réserves d’or et la force d’une monnaie n’existe plus dans la même mesure que par le passé. Depuis l’augmentation massive du bilan de la Banque nationale, la part d’or parmi les actifs a en outre nettement diminué ces dernières années. On peut donc se demander dans quelle mesure le but poursuivi par l’initiative est encore réaliste aujourd’hui. Ce qui est important et incontesté en revanche, c’est que la Banque nationale puisse exploiter toute la marge de manœuvre dont elle dispose pour accomplir sa mission, à savoir en premier lieu le maintien de la stabilité des prix.
Mise en balance des enjeux
Il se pose donc la question de savoir si l’initiative ne restreint pas trop fortement la BNS, et recèle de ce fait des risques impondérables. La proportion importante d’or – alors que son cours connaît de fortes fluctuations – et l’impossibilité de vendre les réserves pourraient en particulier restreindre dangereusement la marge de manœuvre de la BNS en cas de crise, lorsque son intervention est nécessaire. De même, il est difficile de prévoir les conséquences des activités permanentes sur le marché de l’or provoquées par l’initiative. En outre, la distribution des bénéfices de la Banque nationale à la Confédération et aux cantons diminuerait à long terme, car l’or ne produit pas de rendements récurrents.
Considérant tous ces arguments, le Comité central de l’UDC a peiné à adopter le mot d’ordre. Le non a fini par l’emporter de peu, par 35 voix contre 34.