Non merci, pas comme ça!
Oui je suis d’accord avec la Jeunesse socialiste suisse, le Parti socialiste et les Verts : la sous-alimentation d’une trop grande partie de la population mondiale est tragique. Face à pareille catastrophe, nous devons agir. Nous le faisons déjà. Mais alors non ! Pas avec une initiative peu judicieuse voire inefficace comme celle proposée au souverain le 28 février 2016.
L’initiative a été déposée le 24 mars 2014 avec 116 000 signatures. Son objectif : lutter contre la spéculation sur les matières premières agricoles et sur les denrées alimentaires. Noble intention, mais un parfait non-sens dans la réalité économique.
Causes diverses
Il y a, sur notre terre, des régions où l’on ne mange pas à sa faim et d’autres où l’on gaspille ce que l’on n’arrive pas à manger. Et les prix des matières premières agricoles grimpent. Mais pas à cause de la spéculation ! D’autres facteurs expliquent ces hausses : les variations du climat, l’insécurité qui ronge les zones de production, les terres cultivables de plus en plus rares… voilà qui fait fluctuer les prix agricoles, mais pas la spéculation. Plutôt un profond déséquilibre entre l’offre et la demande.
Plus de problèmes
Dès lors, lutter contre la spéculation n’apporte aucune solution à la malnutrition sur notre planète. Et si la Suisse se met à interdire, sur son territoire, la spéculation sur les denrées alimentaires, cela ne changera rien dans l’assiette vide d’une personne sur huit dans le monde. Au contraire, cette interdiction frappera de plein fouet les acteurs du commerce international établis en Suisse : 35% du commerce mondial des céréales, 50% du sucre ou 60% du café passent par des entreprises sises dans notre pays. Lesquelles seraient directement menacées de fermeture, de pertes d’emploi.
Que la Suisse poursuive son engagement pour améliorer les infrastructures dans les pays souffrant de sous-alimentation, pour les aider à stocker leurs produits agricoles dans de bonnes conditions, par exemple. Mais pas avec une pareille initiative, parfaitement utopique, non merci, pas comme ça!