Traité d’intégration institutionnelle : la mort des bilatérales
«Plus aucun accord sectoriel ne sera conclu avec la Suisse hors d’un accord institutionnel obligeant la Suisse de reprendre de façon automatique les évolutions du droit européen sous le contrôle juridictionnel de la Cour de justice de l’UE». En 2010, la Commission européenne avait déjà mis les points sur les i : pour elle, le futur des relations UE-Suisse sera multilatéral ou ne sera pas. Exit la voie bilatérale.
Ceux qui battent la campagne en prétendant aujourd’hui que le vote du 9 février 2014 aurait «mis les bilatérales dans l’impasse» nous mentent : l’Union européenne avait sifflé la fin de la voie bilatérale 4 ans avant que le peuple et les canons ne décident, avant d’autres pays européens, de poser des limites à la libre circulation.
Profitant d’une confusion qu’ils alimentent depuis lors quotidiennement dans les médias, ces menteurs affirment que pour la Suisse du 9 février qui aurait péché contre l’Europe, il n’y aurait de salut pour les bilatérales que dans une adhésion au traité d’intégration institutionnelle que l’UE veut imposer pour en finir, précisément, avec la voie bilatérale. Si le vote du 9 février polarise tant de haine, c’est qu’il est venu rappeler ce que les mêmes voudraient oublier : la libre circulation, règle de l’UE aujourd’hui contestée par les membres de l’UE eux-mêmes, n’a pas vocation obligatoire pour la Suisse qui non seulement n’entend pas devenir membre de l’UE mais n’accède de plus pas au marché unique qui constitue, pour les membres de l’UE, la contrepartie de la libre circulation. Qu’est-ce que la reprise automatique du droit européen et de ses évolutions sous le contrôle juridictionnel de la Cour de justice de l’UE sinon un trait essentiel de l’accord sur l’Espace économique européen dont le rejet par le peuple en 1992 avait imposé l’ouverture de l’approche bilatérale des relation Suisse-UE en lieu et place d’un rapport institutionnel et multilatéral.
NON à une adhésion insidieuse
Personne aujourd’hui n’oserait regretter à haute voix le choix de 1992 qui a permis à la Suisse de conserver un droit manifestement plus favorable aux entreprises et à l’emploi que celui de ses voisins. Personne demain n’osera regretter à haute voix que la Suisse ait su récupérer la compétence de contrôler l’immigration sur son sol juste avant l’arrivée des grandes invasions. Mais pour l’heure, il convient de parler vrai : ceux qui proclament le plus bruyamment leur prétendue vénération des accords bilatéraux ne rêvent en fait que d’y mettre fin par un traité multilatéral d’intégration institutionnelle, sorte d’adhésion à l’UE sans droit de vote, prélude qui n’ose pas dire son nom à l’adhésion pleine et entière dont ils rêvent en secret depuis 1992.