Celui qui veut soutenir les paysans doit refuser la loi sur l’énergie
par Konrad Langhart, président de l’UDC Zurich et agriculteur
Je ne parle aujourd’hui pas en tant qu’homme politique, mais comme simple paysan, qui maniait ce matin encore la fourche à fumier dans l’étable, bottes de caoutchouc aux pieds, et qui s’engage contre la loi sur l’énergie. Cette stratégie énergétique nuira à l’agriculture, dont les coûts de production sont élevés.
Aujourd’hui j’ai traversé les belles prairies zurichoises, la belle Thurgovie et les bucoliques paysages appenzellois. J’ai le cœur serré quand je me représente ces régions en 2035, avec toutes ces éoliennes alignées les unes à côté des autres. Je consomme dans mon exploitation environ 4’000 litres de diesel par an. Mes sous-traitants, dont j’ai aussi besoin pour certains travaux, utilisent eux aussi du diesel pour leurs appareils. Tout cela coûtera cher. J’ai besoin d’essence pour livrer ma viande de bœuf directement aux clients. Le coût des transports vers et depuis l’exploitation augmentera. J’ai besoin d’électricité pour éclairer l’étable, chauffer les abreuvoirs l’hiver, ou pour l’ordinateur sur lequel je m’acquitte de toute la bureaucratie agricole. À Berne, on nous dit sans cesse: « Vous les paysans, vous pourriez produire de l’énergie solaire. »
Ceux qui ont déjà une installation photovoltaïque peuvent bien sûr la garder, personne n’a rien contre, et un NON à la loi sur l’énergie n’y changera rien. Concernant les installations de biogaz, je dois encore dire aux rêveurs verts-rouges : Avez-vous déjà calculé combien d’installations de biogaz sont nécessaires pour remplacer une seule centrale nu-cléaire ? Environ 40’000. Cela correspond environ au nombre d’agriculteurs à plein temps en Suisse. On peut dire : « Oui, c’est faisable, tous les paysans devraient en avoir une. » Mais alors cela signifie aussi qu’il faudrait décupler les cheptels porcins et bovins. Cela par contre, ils ne le veulent pas.
De gros dégât pour l’agriculture
Bref : cette stratégie énergétique nui-ra à l’agriculture, dont les coûts de production sont élevés. Je peine donc à comprendre comment notre association professionnelle, les représentants des agriculteurs, soutiennent un tel projet. Je réfléchis sérieusement à faire l’économie de mes cotisations à l’Union suisse des paysans et à utiliser l’argent pour compenser les dégâts que causera cette loi. Si vous souhaitez soutenir l’agriculture, alors vous n’avez pas besoin d’augmenter les payements directs ni les subventions. La meilleure façon de soutenir les paysans, c’est précisément de refuser des lois aussi insensées que celle-ci.