Voter OUI pour ramener la SSR à la raison
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la votation populaire sur l’initiative « No Billag » fait de si grosses vagues plusieurs mois avant la date du scrutin? La raison est très simple: il est grand temps d’agir dans ce domaine. Tout le monde le sait et les responsables de la SSR les premiers. Voilà pourquoi ils s’agitent autant. Les Suissesses et les Suisses sont en effet d’accord sur un point: la SSR est trop grande et trop chère. Mais cette institution est incapable de s’imposer elle-même des limites.
Depuis plusieurs années, la politique fédérale tente de répondre à des questions de fond dans le domaine médiatique: comment donner à la SSR des dimensions plus raisonnables pour l’empêcher d’étouffer les producteurs privés du marché média-tique? Et comment malgré cela garantir un service public efficace dans toutes les régions linguistiques?
La gauche et le centre protègent la SSR
Mes collègues dans les commissions concernées ont déposé de nombreuses interventions pour tenter de corriger la situation actuelle. Il a par exemple été question d’une réduction de 10% du budget de la SSR. En vain. La SSR ne peut procéder à une telle coupe, a répondu la majorité de la commission composée de la gauche et des partis du centre.
Autre idée lancée par mon collègue Gregor Rutz: opposer un contreprojet à l’initiative « No Billag » sous la forme d’une réduction de la redevance de réception radio/TV de 450 à 200 francs et libérer complètement les entreprises de cette charge. Là encore, c’était non.
La votation de mars 2018 ne porte que sur la question « Billag or no Billag »? Les citoyennes et citoyens qui veulent changer la situation actuelle n’ont donc pas d’autre choix que de voter oui ou non à la suppression de la redevance de réception radio/TV.
L’initiative « No-Billag » ne sonne pas le glas du service public
Personne ne veut détruire la SSR, l’UDC pas plus que les autres partis. Mais en votant oui à l’initiative « No Billag », on peut contraindre la SSR à revenir sur le sol de la réalité. Cela ne peut pas continuer comme jusqu’ici. Les ménages et les entreprises sont chargés chaque année de prélèvements obligatoires d’un montant de 1,35 milliard de francs. La SSR touche 91,5% de cette somme pour exploiter aujourd’hui 17 programmes de radio et 7 programmes de télévision ainsi que divers sites internet et plus de 200 canaux sur les médias sociaux. Nombre de ces médias produisent un journalisme politiquement teinté et offrent des émissions qui n’ont strictement plus aucun rapport avec le service public.
Un petit groupe de chaînes de télévision privées sélectionnées par le Conseil fédéral bénéficie actuellement d’une contribution de 68 millions de francs tirés des fonds encaissés par la société Billag. Ces producteurs prouvent que l’on peut offrir un service public assez bon avec relativement peu d’argent.
Réorienter à fond la SSR
17 stations de radio et 7 stations de télévision dans la petite Suisse – c’est de la folie des grandeurs. On est loin de l’idée du service public qui consiste à tenir compte des minorités linguistiques et de soutenir la cohésion natio-nale, pour reprendre les termes de la concession. Cette dernière exige par ailleurs que les programmes de la SSR se distinguent de ceux des producteurs privés. Le mandat de service public peut parfaitement être assumé avec une chaîne de télévision et une chaîne de radio par région linguistique – comme ce fut le cas autrefois.
Recettes publicitaires et vente d’émissions
La suppression des redevances obligatoires ne supprime pas la SSR, mais lui impose des dimensions plus raisonnables et la contraint de se financer davantage par la publicité et le produit de la vente d’émissions. Le téléjournal, la météo, certaines retransmissions sportives et d’autres émissions particulièrement appréciées par le public continueront d’être émis par la SSR. Ce sont des perles en termes de taux d’écoute dans le programme de la SSR. Si cette dernière ne les produisait pas, des médias privés sauteraient immédiatement dans la brèche. Et un émetteur comme la troisième chaîne radio de la SSR pourrait être facilement privatisé dès à présent. Le secteur privé se l’arracherait.
Il existe de nombreuses alternatives
Il ne faut pas se leurrer. A l’époque de Zatoo, Youtube, Netflix et Cie, à une époque donc où de moins en moins de gens acceptent de payer pour quelque chose dont ils ne se servent pas, des redevances de réception obligatoires sont un reliquat des temps anciens. Un oui à l’initiative « No-Billag » est un oui à un système médiatique plus libéral, plus progressiste et plus moderne en Suisse.