Pourquoi rafistoler ce qui fonctionne?
L’initiative dite «Monnaie pleine» sur laquelle nous sommes appelés à voter le 10 juin entend résoudre un problème qui n’en est tout simplement pas un. Et elle entend le faire via des mesures dont les effets sont hautement incertains et vraisemblablement hautement dommageables.
La sécurité de notre système financier s’est sensiblement renforcée depuis 2009, ce grâce à la mise en œuvre de mesures appropriées. La politique monétaire fonctionne de manière non bureaucratique et efficiente. Nous voulons expressément une concurrence entre les banques, car cette dernière permet d’avoir de bonnes conditions au niveau des intérêts et des prestations de bonne qualité. La Banque nationale suisse dispose d’ores et déjà – elle s’est d’ailleurs prononcée contre cette initiative – des possibilités nécessaires pour remplir son mandat concernant le volume monétaire, le niveau des taux et l’octroi de crédits.
Une expérience risquée
Parmi toutes nos institutions, la Banque nationale suisse, présidée par Thomas Jordan, figure parmi les plus fiables de notre pays. L’initiative Monnaie pleine ne veut rien d’autre que de changer à tout prix ce qui fonctionne on ne peut mieux. Et l’on ne devrait jamais changer quelque chose qui n’est pas hors service.
Monnaie pleine signifie des milliards en cadeau de la part de notre Banque nationale
Selon la volonté des initiants, la Banque nationale suisse doit augmenter son volume monétaire en offrant de l’argent à la Confédération, aux cantons ou aux ménages privés. De l’argent qu’elle ne peut donc plus réclamer. Ce qui est offert est offert. La Banque nationale ne peut plus diminuer si nécessaire la masse monétaire. Une politique des prix n’est donc pratiquement plus possible.
Monnaie pleine entraîne l’abandon du franc suisse
Etant donné que la BNS, en cas de distribution d’argent libre de dettes, ne peut plus acheter des immobilisations comme l’or, les devises ou les papiers valeurs, elle ne sera plus en mesure, à long terme, de réduire à nouveau la masse monétaire en vendant ces immobilisations. Notre monnaie serait entièrement soumise à une possible inflation, ce qui serait désastreux pour notre économie.
Monnaie pleine ou la politisation de la politique monétaire
La soi-disant création d’argent libre de dettes mettrait en danger la crédibilité de la politique monétaire. La Banque nationale suisse serait donc encore plus soumise aux convoitises politiques. Mais les initiants vont encore plus loin: ils veulent démolir la construction financière suisse parfaitement fonctionnelle, reconnue dans le monde entier et même enviée, ce afin de construire quelque chose d’entièrement nouveau selon leurs propres recettes. Et le nouveau système proposé n’a nullement été testé; nous ne disposons d’aucune expérience à son sujet et n’avons aucune possibilité de comparaison.
La torpille Monnaie pleine
L’initiative Monnaie pleine me fait penser à ce scénario où une poignée de passagers d’un Airbus de la compagnie Swiss suggèrent, en plein vol, au capitaine et aux co-pilotes de remplacer sans tarder les moteurs par des engins neufs non testés, afin d’arriver encore plus sûrement à bon port. Soyons honnêtes: aimeriez-vous être les passagers dans un tel avion? Le passage au système Monnaie pleine ne ferait qu’induire l’insécurité, comme toute expérience dont l’issue est ouverte. Et l’insécurité est un véritable poison pour notre économie nationale. Voulons-nous vraiment mettre en jeu notre bien-être avec une initiative kamikaze? Le groupe UDC, unanime, dit clairement NON!