Pour des aliments équitables, le pire est l’ennemi du bien
Le 23 septembre, nous voterons sur les initiatives trompeuses « Fair Food » et « For Food Sovereignty ». Ces deux initiatives populaires apportent plus de bureaucratie pour les producteurs et moins de diversité pour les consommateurs.
L’essentiel des buts poursuivis par l’initiative « Pour des aliments équitables » figure déjà dans le contre-projet à la sécurité alimentaire plébiscité il y a une année par près de 80% des votants. Au vu du résultat, on ne risque rien à déduire que ce texte répondait clairement aux préoccupations de la population qui souhaite disposer d’aliments sains, produits dans le respect des animaux et de la nature, ceci accompagné de mesures visant à favoriser des échanges internationaux orientés vers le développement durable.
Aujourd’hui, c’est une resucée toxique du contre-projet qui nous est proposée. Evidemment, ses buts sont nobles; qualité, proximité, équité, mots qui sonnent agréablement à l’oreille. A l’oreille, mais nettement moins au porte-monnaie. Les promoteurs du texte se proposent d’imposer les standards helvétiques à l’ensemble de la planète, les produits ne répondant que partiellement à nos normes parmi les plus élevées du monde étant frappés de droits de douane qui se répercuteront directement sur le consommateur. En pratique, c’est la population modeste qui assumera les surcoûts engendrés par l’éventuelle mise en œuvre du texte, celle pour qui la nourriture bon marché n’est pas un choix mais une contrainte. L’alimentation constituant une dépense incontournable, il faudra rogner ailleurs pour maintenir l’équilibre du budget familial, équilibre qui ne tient bien souvent qu’à un fil. Pénaliser les plus faibles, en voilà une brillante idée!
En conclusion, le texte propose de passer de la version incitative plébiscitée l’an dernier à un brouet coercitif utilisant la hausse des prix comme contrainte. Imaginer qu’une augmentation des taxes à l’importation puisse réellement changer la face du monde relève du doux rêve mais hélas aussi du cauchemar pour le consommateur chaque fois qu’il passera à la caisse. Ce n’est pas en nous tirant une balle dans le pied qu’on fera courir les autres plus vite.