Droit de vote à 16 ans à Neuchâtel : ou quand la gauche se cherche désespérément des électeurs
En dehors du petit sursaut écologique et circonstanciel de cette année, la gauche « traditionnelle » est en perte de vitesse globale ; son électorat s’effrite, ses scores stagnes voire régressent… les enjeux ont changé, les buts ont changé. Dès lors, il lui faut de nouveaux soutiens. Après avoir ouvert le vote aux étrangers disposant d’un permis C au niveau communal et cantonal ainsi que l’éligibilité au niveau communal, voilà qu’elle souhaite étendre le droit de vote aux jeunes de 16 ans, avec la particularité que ce droit serait « sur demande ». Qu’est-ce que c’est ?
Votation Cantonale du 09.02.2019
En clair, les jeunes de 16 ans révolus (suisses et permis C) pourraient, dans le canton de Neuchâtel, disposer du droit de vote sur les objets qu’ils souhaitent, s’ils en font la demande. Cette proposition pose passablement de problèmes et voici pourquoi :
A 16 ans, certes, une certaine conscience politique peut commencer à se former. Toutefois, nous sommes loin d’être pleinement au fait des tenants et aboutissants de la réalité politique qui nous entoure ; à peine sortis de l’école obligatoire, encore en formation, en étude ou en apprentissage, pas encore de réel ancrage dans la vie active… comment peut-on espérer une objectivité optimale en de telles conditions ? A cela s’ajoute par ailleurs l’influence du cercle scolaire, au sein duquel les professeurs (à très grande majorité de gauche) peuvent aisément influencer la conscience politique de leurs élèves.
Trop tôt pour signer ?
A 16 ans, l’on n’est légalement pas en droit de signer un contrat, pas plus que nous ne sommes responsables devant la loi au même titre qu’un adulte (c’est encore le droit des mineurs qui s’applique). Avec cette proposition de droit de vote sur mesure, nous aurions donc des jeunes de 16 ans libres de signer une carte de vote et de se prononcer par eux-mêmes sur des objets tels que la sécurité cantonale, la fiscalité ou toute sorte de modification constitutionnelle mais qui devraient impérativement être accompagnés d’un adulte pour conclure un contrat d’abonnement téléphonique ou l’achat d’un scooter… cela est-il cohérent ? Non.
Que l’on se comprenne bien : encourager les jeunes à développer leur conscience politique et leur intérêt pour la fonction est une bonne chose. Les sections jeunes, en cela, accomplissent un excellent travail d’intégration et cela doit être absolument soutenu. Toutefois, il ne faut pas vouloir précipiter les choses. Le droit de vote s’acquiert traditionnellement à la majorité, c’est-à-dire à 18 ans, en même temps que le passage de l’enfance à l’adulte au regard du droit. S’acharner à toujours vouloir tout rendre possible plus tôt n’est pas forcément profitable ni pour la jeunesse, ni pour la société.
Une pression grandissante !
Ces étapes que l’on brûle toujours plus sont symptomatiques d’une gauche qui souhaite réduire l’enfance et l’adolescence, périodes cruciales pour le développement humain, à une sorte de « pré-collège politico-social » dénué de toute innocence, de toute patience et de tout pragmatisme, étouffé par une pression toujours plus forte et émotionnelle.
Ne soyons pas dupes, respectons l’enfance et l’adolescence et ne brûlons pas les étapes.
Refuser le droit de vote à 16 ans sur demande n’est pas un affront ni un désaveu pour notre jeunesse, seulement un acte pragmatique de respect et de prudence.