Nous ne pouvons pas nous permettre de marquer un temps d’arrêt en politique
Un regard au-delà de nos frontières suffit pour constater que nous vivons une époque de turbulences. Même les puissants de ce monde semblent parfois ne plus savoir où ils vont. Et dans le doute, ils misent simplement sur des recettes que nous considérons depuis longtemps comme complètement dépassées. Le fait que, par exemple, le protectionnisme connaisse un regain d’intérêt à une époque marquée par la globalisation devrait nous interpeller. La force des plus puissants a retrouvé aujourd’hui une place plus importante qu’il y a quelques années encore.
Une pression internationale en hausse
La Suisse sent déjà souffler un vent menaçant. L’épée de Damoclès que représentent les listes noires est devenue un instrument apparemment accepté pour imposer ses intérêts et ses prétentions de pouvoir. Autre exemple: bien que nous remplissions toutes les conditions légales pour l’obtenir, l’équivalence boursière ne nous sera accordée que si la Suisse se montre conciliante en vue d’une reprise dynamique du droit européen.
La concurrence entre les places économiques est saine et promeut la croissance, pour autant bien sûr que tous les protagonistes luttent à armes égales. La Suisse avait de bonnes cartes à jouer jusqu’ici. Et nous avons bien su les utiliser, comme le montrent notre niveau de bien-être, notre économie et le bon fonctionnement de notre Etat social. Mais nous devons lutter davantage également là où il s’agit pourtant «simplement» de conserver notre compétitivité. Lorsque par exemple des places concurrentes comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou encore la Chine baissent leurs impôts sur les sociétés, nous ne pouvons pas rester sans rien faire si nous voulons conserver nos places de travail et nos revenus fiscaux.
La Suisse doit rester la Suisse
Le projet de réforme fiscale et de financement de l’AVS (RFFA) nous donne l’opportunité de regagner à nouveau du terrain dans ce domaine et de renforcer notre compétitivité par rapport aux pays étrangers. Si nous ne profitons pas de cette occasion, alors cela nous ramènera plusieurs années en arrière. Le couplage de la partie fiscale avec un préfinancement de l’AVS décidé par le Parlement en vue d’introduire une réforme radicale de cette assurance sociale n’a rien à voir avec un «deal», mais est né du besoin de faire profiter aux plus larges tranches de population possibles de cette réforme. Elle s’explique également par la volonté de trouver un compromis viable dans l’intérêt de la chose.
C’est cette capacité de faire des compromis qui nous a toujours aidés à avancer, voire même à éliminer les blocages. Il vaut dès lors la peine, en ces temps agités, de revenir aux racines qui nous rendent fiers. Parmi les valeurs typiquement suisses, je retiendrai, outre la disposition à faire des compromis, la démocratie directe, le fédéralisme ou encore un sain scepticisme à l’égard des puissants – qu’ils agissent depuis l’extérieur ou qu’ils tentent de se mêler de nos affaires internes. A cela s’ajoutent des vertus individuelles comme l’application, la ponctualité, la curiosité ou encore l’inventivité.
Continuons à rédiger des histoires de réussite
Je suis convaincu que si nous cultivons à nouveau de telles vertus, nous parviendrons également à maîtriser les défis que se présentent à nous aujourd’hui. La population attend de nous autres politiciens que nous soyons prêts à trouver, au-delà des intérêts partisans, des solutions pour les problèmes auxquels nous sommes confrontés. C’est la raison pour laquelle nous devons nous ressaisir et retrousser nos manches! Avec cette détermination doublée de la sérénité nécessaire et d’une ténacité à toute épreuve, nous parviendrons à écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la Suisse, et ce, malgré les changements radicaux qui nous touchent.