L’arrogance et l’ignorance de Juncker
Le poker qui s’est joué il y a quelques jours à propos de l‘accord-cadre entre la Suisse et l‘UE montre une fois de plus que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ne sait pas ou ne veut pas savoir comment notre démocratie directe fonctionne.
C‘est grâce à l’engagement de l‘UDC que le Conseil fédéral n‘a pas encore signé l‘accord-cadre avec l‘UE. Le Conseil fédéral s‘est en effet laissé convaincre de demander à Bruxelles que l’UE clarifie trois domaines, à savoir les aides publiques, la directive relative au droit des citoyens de l‘Union et la protection salariale. Il s‘agit toutefois pour l’UDC de questions de détail, même si elles ont toutes leur importance en soi. L‘essentiel de l‘accord, à savoir la reprise automatique du droit communautaire ou l‘interprétation contraignante de la loi par la Cour de justice des Communautés européennes sont apparemment passées sous silence par le Conseil fédéral et n‘ont même pas été mentionnées dans la lettre adressée à M. Juncker. Bien que ces principes de l‘accord-cadre, qui sont essentiels aux yeux de l‘UDC et dont le non-respect détruirait notre démocratie directe, semblent avoir été approuvés par une majorité du Conseil fédéral, M. Juncker répond, sur un ton certes amical, mais avec une arrogance incroyable, trois jours plus tard. Et ce, en donnant sept jours à la Suisse pour régler les points en suspens tout en précisant qu’il était exclu d’apporter des modifications au texte du traité.
La Suisse dispose donc d‘un délai plus court que n‘importe quel contrevenant après qu‘un jugement a été rendu. M. Juncker écrit également à la première personne et au nom des 28 États membres de l‘UE, donnant ainsi sa propre interprétation. La lettre ne tient aucunement compte du fait que nos décisions doivent mûrir lentement dans l‘intérêt du pays et exiger l’approbation de la majorité de la population. M. Juncker ne comprend évidemment pas que notre président, à qui il s’adresse avec un «Cher Ueli» ne peut pas simplement décider par lui-même.
Cette arrogance et cette ignorance ne méritent qu’une réponse: tout amical qu’il soit, cet accord doit être rejeté avec fermeté.