Brexit : Fiat lux !
Que la lumière soit ! – Fiat lux ! – c’est ainsi que débute la Genèse et, grâce au Brexit, c’est ainsi que débute la renégociation des relations entre la Suisse et l’Union européenne.
Il a fallu du temps mais l’UDC n’est plus seule à refuser l’accord-cadre. Les partisans de ce traité colonial n’ont pourtant pas lésiné sur les moyens pour nous convaincre. Dans un premier temps, on nous a expliqué que le texte constituait un grand succès pour la Suisse qui, moyennant de minimes concessions, obtenait d’immenses avantages. Hélas, les promoteurs de l’adhésion à l’Union européenne ne sont pas les seuls à savoir lire. Beaucoup se sont rendu compte qu’au lieu de verts pâturages, c’est vers un champ de mines que l’accord nous conduisait. Reprise du droit européen sous peine de sanctions, recours à l’aide sociale dès trois mois de séjour, quasi-impossibilité d’expulser les criminels en provenance de l’Union, remise en cause de la protection du marché du travail, soumission à la Cour de Justice de l’Union européenne, cela faisait beaucoup.
Le Conseil fédéral a émis des doutes. Il demanda que Bruxelles apporte des clarifications. L’hypothèse d’un rejet du texte par la Suisse terrorisa ses partisans qui changèrent de ton. Il n’était plus question des avantages que notre pays avait à accepter mais des affres qu’il connaitrait en refusant. On entendit les milieux économiques toujours prêts à capituler lorsqu’il est possible de grapiller quelques deniers. On entendit la gauche dont le message ne consistait pas à dire du bien de l’accord mais du mal des sceptiques, presque tous UDC à l’époque. C’est un réflexe pavlovien chez nombre de camarades, ces trois lettres déclenchent une réaction hostile, quel que soit le propos.
Soudain, le coup de tonnerre
Etonnamment, le chantage habituel ne marcha pas aussi bien qu’à l’ordinaire. De nombreuses interrogations subsistaient, des interrogations persistantes que l’onguent bienfaisant proposé par la propagande pro-européenne ne parvenait pas à rassurer. Devions-nous réellement nous soumettre aux décisions de la Cour de Justice de l’Union Européenne s’agissant de nos choix démocratiques ? La protection de notre marché du travail était-elle vraiment assurée ? Le temps passait, les partisans de l’adhésion mettaient en garde quant à l’impatience grandissante de l’Union. Cette dernière, victime du Brexit, n’aurait sans doute plus guère d’égards et se montrerait de plus en plus inflexible. Ce faisant, les pro-européens démontraient eux-mêmes que l’Union exerce un chantage, l’accord ou le déluge. Soudain, un coup de tonnerre éclata. Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse fit savoir que son organisation refusait le texte dans la mesure où une baisse de la protection salariale restait hors de question. Stupeur ! Un homme de gauche reprenant à son compte le discours que l’UDC tenait dès le début. Pierre-Yves Maillard ne se serait pas distingué ainsi pour des broutilles. Il faut donc que le problème soit d’importance pour que notre homme se permette de prendre son parti à rebrousse-poil.
Même s’il s’agissait du seul vice que contient l’accord-cadre, la menace sur notre marché du travail suffirait à le rejeter.