La Suisse dans les mains de l’UDC
C’est historique: l’Union démocratique du centre fournira le président de la Confédération ainsi que les présidents du Conseil national et du Conseil des Etats en 2021. Guy Parmelin, Andreas Aebi et Alex Kuprecht expliquent leurs objectifs pour l’année présidentielle, et ce que le triumvirat de l’UDC signifie pour le parti.
«Je veux renforcer la cohésion dans le pays»
Nous devons nous concentrer sur les forces de la Suisse afin de redémarrer une fois la crise derrière nous, déclare le président de la Confédération et ministre de l’économie Guy Parmelin.
Monsieur le Président de la Confédération, quels sont vos buts pour cette année présidentielle?
Je voudrais utiliser cette fonction tout particulièrement pour renforcer la cohésion dans le pays, entre les jeunes et les personnes âgées, entre la ville et la campagne ainsi qu’entre les régions linguistiques. Il va également de soi que les prochains mois seront consacrés à la lutte contre la pandémie de coronavirus et ses conséquences. Il faut donc se mettre dès maintenant au travail.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous que d’assumer une présidence, surtout en cette période pour le moins difficile?
Il est particulièrement important dans une telle situation d’écouter les gens, d’être attentif à leurs besoins et à leurs inquiétudes. Il faut en outre clarifier les décisions et le faire en sorte qu’elles soient compréhensibles. Les gens et l’économie ont besoin de perspectives, a fortiori en ces temps difficiles.
Quels sont selon vous les plus grands défis dans le domaine de la politique intérieure?
Outre surmonter la crise, il faut faire en sorte de créer dès maintenant les conditions pour la reprise. Cela signifie que nous devons maintenir des conditions-cadres aussi bonnes que possible et les optimiser autant que faire se peut. Des efforts doivent être consentis pour que l’innovation et la formation soient maintenues à un niveau élevé. Ces qualités, caractéristiques de la Suisse, gagneront encore en importance après la crise. Nous sommes en outre confrontés à des défis majeurs, tels que le maintien de la prévoyance vieillesse. Nous avons également divers chantiers en cours dans le contexte international, notamment dans le cadre de nos relations avec l’UE. Enfin, l’accord de libre-échange avec l’Indonésie et les initiatives agricoles constitueront des votes importants cet été.
Voyez-vous dans le Brexit un événement libérateur pour le Conseil fédéral en matière de politique européenne?
Les conséquences de l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne sur la Suisse doivent certainement être analysées. Le Conseil fédéral veut des clarifications sur plusieurs points importants en lien avec l’accord-cadre avec l’UE (protection des salaires, directive sur la citoyenneté, aides de l’Etat). Puis il décidera de la suite à donner.
Quels sont vos principaux messages politiques à l’adresse des électeurs et de la population?
Je considère important que nous gardions la confiance en nous-mêmes et en nos forces. La crise finira un jour et nous devons déjà nous y préparer. J’ai bon espoir qu’après tous ces mois difficiles nous pourrons redémarrer.
Une politique pour les cantons
Le président du Conseil des Etats, Alex Kuprecht, veut réanimer le «caractère» de la chambre basse.
Le Conseil des États a été secoué ces derniers temps. Lors des élections fédérales de 2019, des forces jeunes, féministes et vertes ont en effet fait leur entrée à la chambre haute. De surcroît, l’année 2020 s’est déroulée dans des conditions difficiles en raison de la pandémie de coronavirus. Le président du Conseil des États, Alex Kuprecht, déclare donc comme objectif de «souder à nouveau un peu le Conseil des États» et de lui redonner «son caractère de chambre de réflexion».
«Le point d’orgue de ma carrière politique»
Les «vieux routiers de la politique» avaient également tendance à «réciter le programme de leur parti». Avec Christian Levrat et maintenant Marco Chiesa, les présidents de partis ont fait leur entrée au Conseil des États, et Paul Rechsteiner, patron de syndicat. Et avec Urs Schwaller, Filippo Lombardi et maintenant Andrea Gmür (tous du groupe parlementaire PDC/Centre), les chefs des groupes parlementaires ont également joué un rôle politique dans la chambre basse. La politique de parti a donc été privilégiée. Cela étant, a-t-il souligné, il convient de ne pas oublier que les membres du Conseil des États doivent avant tout représenter les intérêts de leurs cantons.
Pour Alex Kuprecht, la présidence du Conseil des États est le «point d’orgue de ma carrière politique». Il a l’intention de rester discret pour ce qui est du contenu. La musique, il la laisse aux autres: «Le chef de groupe et la direction sont ceux qui jouent des trompettes.»
Paysan, entrepreneur, premier Suisse
Le président du Conseil national, Andreas Aebi, veut fixer le cap pour l’avenir.
Andreas Aebi est une figure de l’intégration: il est agriculteur et entrepreneur de voyages, commissaire-priseur et expert en politique étrangère, homme de caractère et bâtisseur de ponts. Son principe directeur pour l’année en tant que président du Conseil national tient en trois mots: cohésion, confiance, satisfaction. Outre les questions centrales de l’UDC en matière d’immigration et d’UE, ses objectifs politiques les plus importants sont les «questions qui concernent l’avenir», à savoir la réforme de l’AVS et de la prévoyance professionnelle. L’UDC doit prendre une position claire à ce sujet, souligne M. Aebi.
«Nous faisons beaucoup pour un environnement sain»
Il veut en même temps affiner la stratégie de l’UDC en matière de politique environnementale. «En tant qu’agriculteur, je fais beaucoup pour un environnement sain – comme le font d’autres membres du parti des agriculteurs qu’est l’UDC».
Andreas Aebi ne pense pas que l’UDC risque de perdre son mordant avec ses trois présidents. «Nous avons après tout deux conseillers fédéraux.» La Suisse ne connaît pas de système de type gouvernement-opposition. Et malgré les postes honorifiques, l’UDC peut continuer à jouer pleinement ses atouts de politique partisane.