Les initiatives agricoles menacent notre sécurité d’approvisionnement
En juin, deux initiatives seront soumises au vote, qui entendent protéger l’environnement et l’eau potable, mais qui dépassent largement les bornes. Un amendement à la loi existante récemment adopté réduit déjà l’utilisation des pesticides et des engrais pour une protection efficace des humains, des animaux et de l’environnement.
Le 13 juin, le peuple suisse se prononcera sur deux propositions qui sont au cœur de la prospérité et de la sécurité d’approvisionnement de notre pays : « L’initiative pour l’eau potable » prévoit que les paiements directs ne soient versés qu’aux exploitations agricoles qui produisent sans pesticides, gèrent sans utilisation préventive d’antibiotiques dans l’élevage et peuvent nourrir leur bétail avec le fourrage qu’elles produisent sur leur exploitation. L’initiative « Pour une Suisse sans pesticides de synthèse » veut interdire totalement l’utilisation des pesticides de synthèse, ainsi que l’importation de denrées alimentaires ou de matières premières pour l’industrie alimentaire qui ont été produites à l’aide de pesticides de synthèse.
Plus d’importations, plus de tourisme d’achat
Permettez-moi d’être clair dès le départ : notre eau potable est déjà bien protégée et parfaitement consommable. J’en bois tous les jours sans aucun souci. Bien entendu, la protection de cette eau peut toujours être améliorée. Mais les initiatives vont trop loin !
L’abandon des pesticides et la réduction attendue de la production permettraient en effet de réduire la pollution des masses d’eau par les pesticides et les nutriments provenant de l’agriculture nationale et d’améliorer la biodiversité. Dans le même temps, cependant, la pollution de l’environnement serait déplacée vers l’étranger, puisque davantage d’aliments produits seraient importés. Ces initiatives auraient pour conséquence que de nombreuses exploitations agricoles suisses produiraient moins de denrées alimentaires. Ce qui limiterait l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires locales. La pandémie COVID 19 a montré que l’approvisionnement en denrées alimentaires produites en Suisse résiste aux crises. Nous ne devons pas mettre en péril cette sécurité !
En outre, l’approvisionnement en matières premières pour l’industrie alimentaire deviendrait plus difficile, voire impossible dans certains cas, ce qui mettrait en péril de nombreux emplois et entraînerait une hausse des prix de ces denrées. Cela encouragerait également le tourisme d’achat.
Pas de discrimination à l’encontre des agriculteurs
Le Parlement a reconnu le souci justifié de la population suisse de continuer à avoir accès à l’eau potable à l’avenir. Dans le cadre d’une initiative parlementaire, il a donc adopté des amendements à la loi existante visant à réduire davantage les risques pour les humains, les animaux et l’environnement liés à l’utilisation de pesticides et à améliorer encore la qualité des eaux souterraines et de l’eau potable ainsi que des ruisseaux, des rivières et des lacs. En outre, les pertes de nutriments nuisibles à l’environnement – c’est-à-dire surtout les excédents d’engrais – doivent être réduites. Les amendements qui ont été adoptés réglementent l’utilisation des pesticides et des engrais de manière générale et pas seulement pour l’agriculture. C’était la bonne chose à faire !