Le milliard de trop !
Depuis plusieurs années, le « milliard de cohésion » pendait telle une épée de Damoclès sur la politique suisse. Elle vient de tomber. Le 30 septembre dernier, le Parlement a donné son feu vert pour le versement de ce prétendu milliard de cohésion. A l’heure où la Confédération dit craindre des déficits records en raison de la crise sanitaire, le versement d’un milliard de francs suisses à des institutions qui n’ont cessé de traiter notre pays avec mépris et arrogance est une honte.
Dans les années 2000, la Suisse avait décidé sur une base totalement volontaire et dans un contexte de renforcement des relations bilatérales de verser un montant d’un milliard de francs au titre de la cohésion européenne. Dès 2008, la Commission européenne estimait que la Suisse devait se plier à de nouvelles règles en se soumettant à un accord institutionnel dont les litiges seraient soumis aux verdicts de la Cour de justice de l’Union européenne. Il s’agissait de se soumettre à une juridiction étrangère, ce qui revenait à adhérer à l’UE sans le dire ouvertement. Inacceptable !
Les complices de l’Union européenne
En 2021, après un ultime effort du président de la Confédération Guy Parmelin pour arracher un compris, le Conseil fédéral annonçait mettre un terme aux négociations en vue de ratifier l’accord cadre institutionnel avec l’UE, car Bruxelles avait oublié que la Suisse n’était petite que sur une carte et qu’on ne traite pas un partenaire qui rapporte 20 milliards par an au commerce européen à coups de menaces, de chicanes et de chantages.
Néanmoins, les complices de l’Union européenne sont nombreux en Suisse, bien organisés et puissants. Ils contribuent à faire le jeu des chicanes de l’UE en distillant la peur de mesures de rétorsion fortes. Ils rappellent dans une presse complaisante que l’UE se montre extrêmement bienveillante et amicale à l’endroit d’une Suisse. A les entendre, il y aurait quelque chose qui relèverait de la charité dans la manière dont l’UE traiterait la Suisse.
La maladresse du Conseil fédéral
Alors, espérant sans doute – mais maladroitement – calmer le jeu, le Conseil fédéral avait commencé à envisager de voir le versement du « milliard de cohésion » comme une sorte de compensation à la rupture des négociations sur l’accord cadre. Une telle idée laisse penser aux yeux des bureaucrates de l’UE que la riche Suisse a les moyens de se payer son affranchissement des institutions européennes. C’est tout sauf l’attitude d’un Etat souverain, car, par définition, celui qui doit s’affranchir d’une tutelle n’est donc pas souverain !
Pire, cela laisse supposer qu’à l’avenir, l’UE n’aura qu’à menacer la Suisse par des chicanes afin d’exercer sur elle un chantage financier. Une sorte de prise d’otages politique. Ce signal désastreux est pourtant la voie choisie par le Conseil fédéral et par le Parlement.
Le paiement de la rançon
Ainsi, on est passé d’un versement volontaire de la Suisse à la cohésion de l’UE au paiement d’une rançon en espérant avoir la paix, que nous n’obtiendrons pas. En effet, les bureaucrates européens ont désormais compris qu’il s’agissait d’imposer des mesures chicanières à la Suisse pour lui arracher à intervalles réguliers le prix de son affranchissement.
Ce milliard de cohésion est devenu le milliard de la honte ! Il l’est d’autant plus que la Confédération a annoncé un déficit record de près de 18 milliards de francs dû à la crise sanitaire et économique. Les entreprises et familles dans le besoin apprécieront !