Quand le droit d’avoir un enfant prime sur le droit des enfants
Sous le simple titre Mariage pour tous, c’est un sujet bien plus sérieux qui se propose à nous le 26 septembre. La question dépasse largement les notions d’égalité, de capacité d’aimer ou de jugement moral. Ce sont les droits de l’enfant et la prudence relative à l’adoption que l’on envisage de bafouer.
Aujourd’hui les enfants et leurs droits sont protégés par diverses mesures, dont :
l’obligation pour tout couple qui désire adopter de rester au plus près de ce qu’aurait été le contexte naturel de l’enfant. Il n’est ainsi pas possible aujourd’hui d’adopter un enfant avec lequel il y aurait plus de 45 ans de différence d’âge, et ce quelles que soient la capacité d’aimer et les capacités éducatives du couple (art. 264d CC) ;
la nécessité pour tout couple d’avoir de sérieuses raisons d’accéder à la PMA, soit la stérilité, soit le fait d’être porteur de maladies génétiquement transmissibles (art. 119 Cst) ;
la subordination des intérêts et souhaits des parents aux intérêts de l’enfant.
Le but de ces règlements est de protéger les enfants, de respecter leurs droits et leur dignité en empêchant tout génie génétique ou commerce d’enfant. Tout simplement parce que, quelle que soit notre capacité d’aimer, une extrême prudence est de rigueur lorsqu’il s’agit d’adopter ou de mettre au monde de manière extraordinaire un enfant. Et tous les couples, hétéros ou homosexuels, s’y sont astreints jusqu’ici afin de préserver l’intérêt supérieur de l’enfant. Parce qu’on ne fait pas d’expérience sociale sur des enfants ; encore moins sur des enfants qui ont souffert d’abandon.
Or aujourd’hui, le droit d’avoir un enfant doit primer sur les droits de l’enfant, nous dit-on.
Pour favoriser un pourcentage extrêmement faible de couples concernés (on compte 0,18% de partenariats enregistrés contre 99,82% de mariages, et parmi eux, tous ne sont pas homosexuels ; de plus, les mesures ci-dessous ne concernent que les couples de femmes en désir d’enfant et assez aisées pour pouvoir engager des procédures d’adoption ou de PMA) :
l’enfant doit perdre toute possibilité légale d’avoir un père, et même de connaître son ascendance jusqu’à sa majorité. Il ne s’agit rien de moins ici que d’une atteinte légale à la personnalité de l’enfant et d’une limitation du rôle du père à celui de matériel humain utilisable pour répondre au désir d’autres personnes ;
la nécessité en cas d’adoption de créer un contexte d’accueil de l’enfant qui reste au plus près de ce qu’il aurait pu connaître doit être supprimée, avec le simple argument du « ça ira très bien ! » ;
l’accès à la PMA doit être autorisé même sans raison de santé ;
la notion de père elle-même doit disparaître de notre code civil pour être remplacée par le terme d’« autre parent ». Ceci alors que la notion de paternité est compatible avec le vécu de plus de 99,8% de notre population, et que la notion de maternité reste intacte.
Si être homosexuel ne mérite pas d’être discriminé, cela ne mérite pas pour autant des avantages que le peuple suisse a toujours refusé même aux couples hétérosexuels. Ne bafouons pas les droits des enfants par volonté d’avantager la minorité en vogue du jour.