Il est nécessaire de préserver les bonnes terres agricoles
Le 28 février dernier, le Conseil national a soutenu par 94 voix contre 89, la motion 22.3819, qui avait été déposée par notre ancien collègue Jean-Pierre Grin et que j’ai défendue. Cette motion demandait de supprimer la nouvelle mesure, décidée par le Conseil fédéral, de consacrer 3,5 % de surface en terres ouvertes pour de la biodiversité supplémentaire dès 2024.
Sachant que notre pays ne produit que 50 % du contenu de nos assiettes, cette nouvelle mesure visait à condamner 10’500 ha de bonnes terres agricoles, aujourd’hui cultivées en denrées alimentaires, en nouvelles surfaces de biodiversité. Si ces surfaces sont cultivées en blé, cette production permettrait de confectionner environ 80’000 tonnes de pain indigène, correspondant à la consommation annuelle de 2 millions d’habitants de notre pays (22 % de la population).
Alors qu’il est exigé des agriculteurs de mettre à disposition 7 % des surfaces en biodiversité, ce sont en réalité 19 % (200’000ha) qui sont consacrés à la promotion de la biodiversité. L’engagement de l’agriculture en faveur de la biodiversité est donc déjà énorme.
Ne pas mettre des bâtons dans les roues des agriculteurs
Le monde agricole européen et les agriculteurs suisses sont en révolte et crient leur ras-le-bol, notamment en raison de nombreuses nouvelles mesures et normes, générant toujours plus de charges administratives. Les paysans veulent gagner décemment leur vie du produit de leur travail et de la vente de leurs produits.
Retirer des surfaces de production de l’agriculture, c’est diminuer l’outil de travail des paysans et c’est augmenter les importations de denrées alimentaires, mais c’est aussi mettre à mal le secteur agroalimentaire de proximité qui transforme, conditionne et commercialise la production agricole. Le secteur de la boulangerie par exemple, souffre déjà énormément des importations actuelles qui représentent environ 140’000 tonnes de produits de boulangerie confectionnés à l’étranger.
L’acceptation de cette motion par le Parlement contribue modestement à maintenir des surfaces agricoles de qualité, permettant la production de denrées alimentaires indigènes, assurant des activités et préservant des emplois dans le secteur de la transformation alimentaire de proximité.