Une initiative qui rate ses objectifs
Le 9 juin, nous ne nous prononcerons pas seulement sur l’initiative socialiste pour un plafonnement des primes, mais aussi sur un autre texte issu du Centre : l’initiative pour un frein à la santé. Derrière ce texte aguicheur, faisons-nous face à une vraie solution ou à une nouvelle coquille vide ?
Pour s’en rendre compte, il faut poser un premier constat : l’initiative ne présente pas de solution précise. Au contraire, elle indique simplement que les coûts de la santé ne doivent pas progresser plus vite que les salaires et l’ensemble de l’économie. Pour éviter cela, les autorités seraient chargées d’établir un « frein aux coûts », dont les modalités ne sont pas même esquissées.
C’est bien là que le bât blesse : la création d’un instrument rigide n’est pas apte à régler les problèmes. Il faut bien plus trouver des solutions concrètes et précises. Faire voter le peuple sur des objectifs sans esquisser un quelconque moyen est la meilleure manière de créer de mauvaises incitations, des calendriers intenables et des lois établies dans la précipitation.
Non à une médecine à deux vitesses
Le risque majeur, c’est de devoir réagir dans l’urgence à une hausse relative des coûts. Relative, oui, car il suffirait que les salaires stagnent ou baissent pour mettre sous pression tout le système de la santé. Dans une telle éventualité, si aucun consensus ne peut être trouvé sur des instruments efficaces et appropriés – ce qui risque d’être le cas en raison de la rigidité du mécanisme imposé et de ses délais – alors les mesures à prendre pourraient se résumer à des baisses de financement, des retards dans les traitements ou une diminution du catalogue de prise en charge.
Dans une telle éventualité, c’est une véritable médecine à deux vitesses qui apparaîtrait : une baisse des prestations couvertes se traduirait par l’émergence d’une classe modeste ne pouvant se permettre d’accéder pleinement aux soins alors qu’une classe aisée pourrait, par des moyens privés, obtenir les prestations désirées.
Nous ne voulons pas d’un tel système. S’il est vrai que nos efforts doivent porter sur les coûts de la santé plutôt que de les mettre sous le tapis comme le demande l’initiative de la gauche, nous ne pouvons risquer de mettre à mal le sacro-saint principe de solidarité. Sans quoi notre système sanitaire sera voué, à court terme, à l’échec.