L’initiative populaire « Pour la protection face à la violence des armes » est une petite merveille de mélanges des genres. L’usage, sans modération, de sentimentalisme, faussement naïf attire…
L’initiative populaire « Pour la protection face à la violence des armes » est une petite merveille de mélanges des genres. L’usage, sans modération, de sentimentalisme, faussement naïf attire l’attention sur le taux élevé de suicides dans notre pays, sans trop s’apesantir sur ses caractéristiques et bien sûr ses causes. La violence, surtout celle dirigée contre les femmes, la seule digne d’intérêt et d’action pour motiver l’électorat féminin à combattre la violence machique (l’arme, le sexe masculin, c’est violent et incontrôlable…).La déconstruction programmée et indirecte ensuite d’un principe de base de notre culture civique, qui vise à retirer la confiance aux citoyennes et citoyens détenteurs légaux d’armes, militaires, tireurs sportifs, collectionneurs, chasseurs qui pourraient « pêter un plomb »( sans jeu de mot…) et faire usage de violence contre conjoints, autorités politiques, employeurs. Ou retourner cette violence contre eux-mêmes et se suicider. L’objectif de la lourde et coûteuse bureaucratie de contrôle sera finalement d’entraver la pratique du tir obligatoire, du tir en campagne et d’autres fêtes populaires. De modifier, en fonctions de nouveau impératifs, le déroulement des futurs cours de répétition et de hâter la professionnalisation de l’armée, ou pire encore, son remplacement par délégation de cette fonction à des forces de l’OTAN de pays voisins.
La culture politique de notre pays repose sur le citoyen soldat, méfiant des abus potentiels de l’Etat centralisateur et autoritaire. Celui-ci garde une part de la capacité de défense de la neutralité armée : son arme individuelle qu’il entretient, règle, sait en faire usage et qui servirait à assurer sa protection personnelle immédiate avant et pendant sa mobilisation ou en cas de catastrophe majeure qui désorganiserait l’Etat. Aujourd’hui, acheter une arme individuelle passe déjà par des mesures de vérification ( casier judiciaire, enquête de la police, motivations ) et des délais qui préservent d’une décision et action impulsive. L’usage et l’entraînement d’armes à feu a lieu presque exclusivement ( la délation est rapide en cas de tir sauvage en forêt) dans les quelques derniers stands de notre pays où s’exerce un contrôle efficace et attentif. Les profanes qui connaissent mal le monde et le maniement des armes se nourrit de mythes tenaces et bien sûr faux : il est facile de se servir d’une arme techniquement s’entend, l’usage impulsif est très fréquent, il est plus facile de peser sur une détente que de faire usage d’une arme blanche ou de ses poings, etc…
La question du suicide est particulièrement complexe. Les statistiques disent qu’entre 1999 et 2008, les suicides par arme d’ordonnance se sont réduits de près de la moitié (comme les meurtres d’ailleurs). Par contre, le nombre de suicides globaux reste stable et les moyens en hausse sont l’empoisonnement (méthodes Exit et Dignitas y compris ?). Ceci signifie qu’on n’agit pas sur le suicide et ses dégâts familiaux pendant des générations, mais qu’on utilise dorénavant des moyens moins spectaculaires et choquants. Le suicide ne saurait être réduit au choix du moyen et prévenu en agissant sur l’accès aux lignes de chemins de fer, aux ponts, à l’achat de cordes ou de tuyaux en plastic à placer sur le pot d’échappement. C’est un processus qui peut être latent pendant des années, atteindre un niveau d’alerte en cas de circonstances extérieures comme un divorce, un licenciement, la découverte d’une maladie douloureuse et incurable, la solitude de la vieillesse, la perte d’autonomie ou de dignité, l’emprisonnement. Et qui peut être déclenché par des abus de substances, une maladie psychiatrique comme la dépression ou la psychose. Le choix du moyen en dit plus sur le contexte social, le message transmis à la société, à la famille ( « avoir la corde au cou, se tirer des balles, se donner le tour ou se faire écraser par le train de la société » ) plus que l’opportunisme du moment. Une véritable prévention agit sur les causes et pas sur les moyens à disposition. L’attention bienveillante de proches, la capacité de demander de l’aide ou de détecter des signes avant-coureurs de risque sont plus efficaces que la bureaucratie déresponsabilisante, ou l’internement psychiatrique contraint.
Cette pratique émotionnelle du principe de précaution qui veut réduire la circulation finalement de toutes les armes (sport, chasse, ordonnance, collection) est disproportionnée, désobligeante pour la quasi-totalité des citoyens de ce pays qui font légitimement usage de leurs droits et devoirs. Elle n’agira pas sur les armes illégales utilisées par les délinquants ou les migrants qui ne sont guère gênés par la circulation de quelques gardes-frontières. L’initiative vise à désarmer un peu plus le citoyen, sans que l’Etat garantisse mieux sa sécurité, au nom des principes de la grande nurserie maternante de la gauche. Et à enterrer un peu plus l’idée d’armée de milice. On n’éprouvera donc aucun remord et aucune culpabilité à voter non le 13 février.